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Une production d’électricité en Bretagne insuffisante pour couvrir les besoins du pays.
La Bretagne fait face à un défi énergétique de taille.
Malgré une consommation en constante augmentation, la Bretagne produit moins de la moitié de l’électricité dont elle a besoin. Cette dépendance aux importations pose des questions stratégiques sur son avenir énergétique et la nécessité d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables. Cet article propose un état des lieux détaillé de la production d’électricité en Bretagne, en mesurant l’apport des différentes filières en TWh.
Production électrique thermique
L’énergie thermique, principalement issue des centrales fonctionnant au gaz ou au charbon, a longtemps été la principale source de production d’électricité en Bretagne. Aujourd’hui, cette production est en recul en raison des impératifs environnementaux et de la volonté de réduire les émissions de CO₂.
La centrale à charbon de Cordemais / Kordevez dans le sud du pays
La centrale de Cordemais / Kordevez, située en Loire-Atlantique, est la dernière grande installation thermique du pays. Historiquement fonctionnant au charbon, elle est en cours de conversion pour utiliser de la biomasse dans le cadre du projet Écowatt.
La production théorique potentielle de la centrale à charbon de Cordemais est estimée vers 10 TWh. Depuis la loi Énergie-Climat de 2019 visant à fermer les centrales à charbon d’ici 2022 (échéance repoussée à 2024 puis 2027), elle est utilisée principalement pour les pics de consommation hivernaux
En 2022, la centrale de Cordemais / Kordevez ne fonctionnait qu’à 17% de la charge optimale, pour une production de 1,7 TWh
La centrale à gaz de Landivisiau en Bretagne occidentale
Mise en service en 2022, la centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau / Landivisio (Finistère) a été conçue pour sécuriser l’approvisionnement électrique de la Bretagne, région fortement dépendante des importations. Sa puissance de 446 MW lui permet de produire environ 2 TWh/an en fonction des besoins du réseau. Bien qu’elle soit critiquée pour son impact environnemental, elle joue un rôle clé dans l’équilibre du réseau breton, notamment lors des pics de consommation hivernaux.
D’autres infrastructures thermiques, notamment en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan, produisent une quantité marginale d’électricité. Également en Finistère avec les petites centrales à fioul de Dirinon et Brenniliz.
La question du devenir du thermique en Bretagne reste posée. Si la fermeture des centrales à charbon est une priorité environnementale, la reconversion vers la biomasse pourrait permettre de maintenir une capacité de production locale.
Le nucléaire
La Bretagne ne possède aucune centrale nucléaire sur son territoire.
Son alimentation électrique d’origine nucléaire provient principalement des centrales situées dans les régions voisines de l’Hexagone, notamment Flamanville en Normandie et Chinon sur les bords de la Loire.
Le site de Brenniliz, dans le Finistère, abritait un réacteur expérimental à eau lourde. Mis à l’arrêt dans les années 1980, il est aujourd’hui en cours de démantèlement. Ce projet complexe illustre les défis liés à la gestion des infrastructures nucléaires en fin de vie.
L’absence de nucléaire en Bretagne a un impact direct sur la stabilité du réseau régional, qui doit s’appuyer sur des infrastructures de transport d’électricité pour acheminer l’énergie produite ailleurs. Cette situation rend le pays plus vulnérable aux coupures en cas de forte demande.
Production d’électricité en Bretagne : l’éolien
L’énergie éolienne est en plein essor en Bretagne, aussi bien sur terre que sur mer. Le pays bénéficie de vents réguliers, ce qui en fait une zone propice à l’implantation d’éoliennes.
L’éolien terrestre en croissance continue
L’éolien terrestre produit aujourd’hui environ 2,5 TWh/an. De nombreux parcs sont en activité, notamment en Loire-Atlantique et dans le Finistère. Cependant, le développement de nouvelles installations se heurte parfois à des oppositions locales liées à l’impact visuel et sonore des éoliennes.
L’éolien offshore très contesté
Les quatre-vingt éoliennes du parc offshore de Saint-Nazaire / Sant Nazer, mis en service récemment, produit environ 2 TWh/an. D’autres projets sont en cours, notamment au large de Saint-Brieuc / Sant Brieg sur la côte nord, et de Belle-Île / Ar Gerveur sur la côte sud, qui devraient considérablement augmenter la capacité de production éolienne dans les prochaines années.
Ces parcs éoliens offshore sont installés dans la ZEE Zone Économique Exclusive de la Bretagne mais appartiennent très majoritairement à des consortiums étrangers : belges, espagnols, canadiens, allemands …
Nos différentes sources affirment toutes qu’un seul TWh produit permet d’alimenter l’équivalent de quelques 450 000 Bretonnes et Bretons en électricité.
Les productions effectives et prévues de ces trois parcs éoliens offshore bretons apportent 4,5 TWh soit l’équivalent de la consommation de deux millions d’habitants. Quand la Bretagne compte 4,9 millions d’habitants.
Les perspectives pour l’éolien sont ambitieuses, avec un objectif de 10 TWh/an d’ici 2035 grâce à la mise en service de nouveaux parcs.
Le solaire
Le solaire reste une source d’énergie encore peu exploitée en Bretagne.
Avec une production annuelle d’environ 1,2 TWh, elle représente une faible part du mix énergétique bretonl. La Bretagne est moins ensoleillée que d’autres régions du sud de l’Europe, ce qui limite le rendement des installations photovoltaïques.
Toutefois, des efforts sont en cours pour développer cette filière.
La Loire-Atlantique et le Morbihan accueillent plusieurs projets de fermes solaires, et l’agrivoltaïsme – qui combine production agricole et énergie solaire – se développe progressivement. L’autoconsommation solaire est également encouragée, notamment dans le secteur résidentiel.
À moyen terme, l’objectif est de porter la production solaire bretonne à 3 à 5 TWh/an d’ici 2035.

L’hydraulique, la biomasse et l’énergie marémotrice
L’énergie hydraulique
L’hydroélectricité reste marginale en Bretagne en raison du faible relief.
La production annuelle est estimée à 0,5 TWh, issue de quelques barrages de petite envergure.
L’énergie marémotrice
L’usine marémotrice de la Rance, située en Ille-et-Vilaine, est une infrastructure pionnière dans le domaine. Mise en service en 1966, elle produit environ 0,5 TWh/an. Si cette technologie est prometteuse, son déploiement reste limité en raison des coûts élevés et des contraintes environnementales.
La biomasse et le biogaz
La biomasse et le biogaz représentent aujourd’hui 1 TWh/an, principalement grâce aux déchets agricoles et industriels. Cette filière a un fort potentiel, et la méthanisation est de plus en plus encouragée pour valoriser les déchets organiques.
L’objectif est de porter la production issue de la biomasse à 2 TWh/an d’ici 2030.
La Bretagne dépend des importations d’électricité pour son quotidien.
Globalement, la consommation électrique en Bretagne a représenté 29,1 TWh en 2023 quand la production d’électricité en Bretagne n’est qu’environ d’une douzaine de TWh TerraKilowattHeures, soit quelques 60% de la demande annuelle moyenne.
Des questions fondamentales se posent au peuple breton ;
– Faut-il accepter de fermer en 2027, comme l’exige le pouvoir central, la principale source actuelle de production électrique en Bretagne, en l’occurrence la centrale à charbon de Cordemais / Kordevez ?
– Et faut-il accepter une centrale nucléaire, alors que la lutte anti-nucléaire de Plogoff / Plougoñ est encore dans les esprits ?
– Faut-il accepter toujours plus d’éolien, sur terre comme en mer, quitte à défigurer pour toujours notre environnement si précieux ?
Certains nous disent que la Bretagne doit impérativement réduire sa dépendance énergétique.
Combien de pays dans le monde vivent bien en ayant une balance commerciale déficitaire en termes d’énergies, ou de production électrique ? Certains disent-ils que la région parisienne et ses douze millions d’habitants doivent impérativement réduire leur dépendance alimentaire ? Aujourd’hui cette région produit environ 2% de ce qu’elle consomme de denrées alimentaires.
D’ici 2040, la Bretagne pourrait être en mesure de produire vers 50% de son électricité. Nous ne parviendront jamais à 100% et rien ni personne ne nous y contraignent.
Depuis la nuit des temps, les Hommes s’échangent des produits. C’est ce que l’on appelle le commerce, dont le commerce international. La Bretagne peut très bien rester déficitaire en termes de production électrique. Elle est excédentaire en bien d’autres produits.
Sources : EDF, Insee, RTE