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La pollution majeure de l’Aulne à Châteaulin (29) par 500 mètres cube de digestat a privé 180 000 personnes d’eau potable.
Nous avons exactement le même problème à Trémorel (22) et à Néant-sur-Yvel ( 56). Dans les deux cas des unités de méthanisation situées en bord de rivière sont en cours de réalisation.
A Trémorel, le Tribunal administratif vient de suspendre le permis de construire pour entre autres motifs risque de pollution de la rivière Le Meu.
Au Bois de la Roche (Mauron-Néant sur Yvel) l’unité de méthanisation projetée est bloquée pour le moment au Tribunal Administratif. Elle se situerait à moins de cinquante mètres en surplomb de l’Yvel. L’Yvel est cette rivière qui alimente le Lac au Duc de Ploërmel qui alimente toute la région en eau potable. Qui plus est, le site est dans le périmètre des bâtiments historiques avec un château classé à moins de cinq cent mètres.
Au prix de quelques aménagements cosmétiques les Monuments Historiques ont laissé faire …
Je fais partie d’Eaux et Rivières et pense que l’affaire de Châteaulin doit servir d’exemple pour prendre conscience des dangers de pollution.
Selon moi interdire l’implantation des unités de méthanisation près des rivières, points d’eau et loin des habitations devrait être un minimum. Enfin, l’interdiction de l’épandage de digestats sur les zones inondables devrait être une évidence.
Sur le fond la méthanisation est tout sauf écologique.
Au début, j’avais un à priori positif. Notamment au vu des travaux de Jean Pain qui avait développé cette technique artisanalement. L’utilisation énergétique de déchets agricoles semble à priori une bonne idée. Mais en y regardant de plus près c’est le type même de la mauvaise idée.
Pourquoi ?
L’utilisation de plus en plus courante de surfaces agricoles en cultures énergétiques diminue d’autant les surfaces alimentaires et le bilan énergétique global supposé bénéficiaire n’est pas démontré. Le bilan carbone présenté comme neutre est une contre-vérité. En effet, le carbone capturé dans l’atmosphère retourne in fine dans celle-ci par combustion. Donc ne participe plus par les déchets de récolte à la compensation de la destruction naturelle de l’humus.
Émissions de gaz …
En ce qui concerne l’unité de méthanisation, les gaz émis dans l’atmosphère sont pour partie polluants et toxiques (SO2 des pluies acides, hydrocarbures cancérigènes …).
Les risques ne sont pas réellement maîtrisés, (explosifs, olfactifs, pollution des eaux….) au vu de la multitude des incidents et accidents relevés. L’épandage des digestats est destructeur des sols (libération d’aluminium toxique, incorporation de bactéries anaérobies dans un horizon aérobie) et porteur potentiel de bactéries pathogènes sporulées (gangrène gazeuse …).
Pour toutes ces raisons, la méthanisation agricole telle que promue est une fausse bonne idée. Après, il existe une voie de méthanisation industrielle raisonnée. Mais celle-ci exige d’autres moyens et compétences, d’autres qualifications et habilitations.
Donc dans le cadre d’une exploitation agricole, la base serait que:
1 – L’unité soit loin des habitations et des cours d’eau et soit soumise à un référendum local.
2 – Le gaz produit soit purifié et envoyé dans le réseau.
3 – L’alimentation du méthaniseur ne soit fait que par des sous-produits de cultures alimentaires.
4 – Le digestat soit composté en aérobie avant tout épandage.
5 – L’habilitation (qualification et autorisation) soit délivrée par un organisme indépendant type APAVE après une formation digne de ce nom.
6 – Un bilan énergétique soit effectué.
Pour information, il y a un reflux de la méthanisation en Allemagne, car certains constats sont alarmants : appauvrissement des sols et rentabilité hasardeuse surtout.
La méthanisation non maîtrisée sous couvert de transition énergétique se révèle destructrice.
En concurrence directe avec les cultures alimentaires, elle participe à l’appauvrissement et l’intoxication des sols . Les risques sanitaires pour la population sont sans commune mesure avec les bénéfices énergétiques dont la rentabilité à moyen terme n’est pas assurée. L’absence de concertation avec les populations riveraines ne fait qu’envenimer les relations .
Références.
l’Aisne (02) – Commune d’Athies-sous-Laon – Lieu-dit « Les Minimes ») IV accidentologie et retours d’expérience
p 29-30 – www.aisne.gouv.fr/content/download/13938/99020/file/5_-
naturel :(document Afsset, ISBN 978-2-11-097836-3)Annexe 17 : Tableau de composition des résidus de
combustion des biogaz p 156 – www.anses.fr/fr/system/files/AIR2006et0010Ra.pdf
Territoires 2013/3 (Numéro 12), p. 72-77 – www.cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2013-3-page-72.htm
constitutifs du délit de pollution des eaux » – www.eau-et-rivieres.asso.fr/index.php?71/908
de porc », Sciences Eaux & Territoires 2013/3 (Numéro 12), p. 66-71.(14) – cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2013-3-page-66.htm