le nucléaire

Le nucléaire de nouveau en Bretagne ?

de Douar ha Frankiz
Publié le Dernière mise à jour le

Le nucléaire a le vent en poupe.

Depuis que le GIEC publie à intervalles réguliers ses rapports sur le dérèglement climatique, les partisans du nucléaire ont le vent en poupe pour soutenir la production d’électricité nucléaire tout en pourfendant, au passage, les énergies renouvelables comme l’éolienne.

Les commentateurs (politiques, journalistes, intellectuels, économistes) arriveraient presque à nous convaincre que le nucléaire aurait toutes les caractéristiques d’une énergie verte aux multiples vertus, dont l’approvisionnement nécessaire à tous les types de transport électrique; leurs arguments ressassés feraient presque oublier qu’il existe d’autre exploitation du nucléaire dans l’armement et la propulsion.

Ceux et celles qui se penchent sur le sujet depuis fort longtemps, comprennent que ces commentateurs commencent à s’inquiéter et être certainement désarmés face à la diffusion de plus en plus accepté du discours écologique sur l’essor de nouvelles technologies comme dans le secteur de l’éolien.

Ils n’ont pas saisi qu’il devenait nécessaire de sortir du nucléaire.

Le principal argument des pronucléaires tient au fait que la production nucléaire est « zéro carbone » et serait à leurs yeux une solution écologique face au rejet de CO2 dans l’atmosphère. Étonnant que ce constat ne soit mis en avant que depuis quelques années alors que le dérèglement climatique a accompagné le XXème siècle et s’est accéléré au début de celui-ci. Leur prise de conscience récente sur les efforts énergétiques à accomplir a trouvé un écho purement nationaliste dans leur soutien à une filière dont ils vantent les performances.
Elle assurerait également une indépendance énergétique durant les périodes où les tarifs des énergies fossiles explosent.

Le nucléaire serait donc une énergie propre, sans conséquences sur l’environnement et sur notre santé.

Se contenter de présenter le nucléaire uniquement sous le prisme de la production d’une énergie électrique reste évidemment fallacieux.
Les esprits éclairés sur le sujet savent que :

Il y a d’abord l’extraction de l’uranium

Car sans uranium pas de nucléaire. En France, on dénombre près de 250 sites miniers abandonnés avec de grande quantité de résidus radioactifs et une contamination de l’environnement constatée par la Criirad (voir leur site sur cette question). Aujourd’hui l’uranium est importé à 100 % soit un besoin en uranium naturel entre 8000 et 9000 tonnes par an utiles à la fabrication du combustible,

Le minerai est alors acheminé par cargos (barils de yellow cake) provenant par exemple du Canada ou du Niger

Ce mode de transport maritime est fortement décrié.
En effet il rejette tout autant du CO2 que des particules fines du fait d’un pétrole sale : peut-on alors parler de « zéro carbone » ?

Durant l’exploitation du combustible enrichi, les centrales ont besoin de quantité phénoménale d’eau fluviale pour refroidir les réacteurs.

Les épisodes de sécheresse récurrents concernent également les territoires traversés par les fleuves et notamment la Loire. J’ai pu constater de mes propres yeux en 2019 que le niveau de la Loire était extrêmement faible sur le secteur de Dampierre (Loiret) où sont implantées quatre réacteurs. Aucun ne peut prétendre que les calamités climatiques n’auront pas un impact sur l’insécurité industrielle que provoquerait un déficit des ressources en eau, surtout s’il est couplé à la sécheresse,

Le combustible est usé au bout de trois ans d’exploitation.

Il est alors de nouveau acheminé, le plus fréquemment par transport ferroviaire, pour être soit traité ou stocké, comme dans les usines de la Hague. Les rejets et les fuites d’éléments radioactifs dans la Manche ont souvent été pointés du doigt.

Concernant le stockage, le recyclage des matériaux radioactifs et tout aussi certainement que le démantèlement des centrales nucléaires, les autorités de sureté nucléaire ainsi que les exploitants industriels, sont aux balbutiements des procédés de protocoles à suivre (site de stockage de La Bure). L’agenda du démantèlement, toujours repoussé, de la centrale de Brennilis frappe par les tâtonnements de ceux que l’on qualifie d’experts.

Mensonge d’état et hypocrisie

Le mensonge d’État, sur les retombées radioactives, dans le cas d’une exposition au tritium comme à Brennilis, est insupportable car il dissimule les décès prématurés d’employés de la filière civile mais également d’anciens militaires et de population locale encore affectée par les essais nucléaires militaires d’autrefois (dernier en date en 1996 dans l’attol de Muroroa, voulu et exécuté par Jacques Chirac).
Faut-il en rire ? Les principales victimes de la radioactivité, implicitement bombardée par l’État, sont des Français… mais ça ne les dissuade pas de persister !

Le summum de l’hypocrisie est atteint quand les commentateurs se ruent sur le cas de l’Allemagne.

« Regardez ! Ils ont voulu sortir du nucléaire et maintenant ils sont obligés d’exploiter leurs usines à charbon ». C’est exact. Sauf que la France a un double discours sur ce sujet quand il s’agit de faire face à des besoins en consommation et une moindre ressource nucléaire disponible, en important de l’électricité d’Allemagne, produite à partir de l’éolien…

Reste le volet de l’acheminement de l’électricité confié à RTE.

RTE (Réseau de Transport Electrique) est responsable du réseau public de transport électrique haute tension en France. Le transfert de cette électricité est réalisé à l’aide de pylônes à haute tension et des liaisons aériennes qui les relient entre-elles, telle une toile d’araignée, secondées par une multitude de poteaux électriques.

Est-ce que ces pylônes qui traversent les campagnes défigurent les paysages ruraux ?

Bien évidemment (dès le départ leur enfouissement s’imposait).

Est-ce qu’ils provoquent une contestation d’élus locaux ou de riverains potentiellement affectés ?

A priori cela ne semble pas le cas, alors même que la présence de câbles à haute tension agit comme des perturbateurs notamment sur le bétail.

Par contre, les réfractaires à de nouvelles technologiques plus vertueuses ont trouvé dans l’éolien un bouc-émissaire responsable de bien des désagréments, à commencer par la dégradation du paysage. Notamment en Bretagne.
Est-ce que le remembrement dévastateur commencé dans les années cinquante à soulever une vague de contestation massive de la part de la population bretonne ?*

Il faut croire que non à voir comment le bocage breton a disparu, et donc un paysage nettement plus détérioré que l’implantation de parcs éoliens disséminés dans la campagne bretonne.

Pour la filière de l’éolien, il faudra faire confiance aux projets portés par des citoyens engagés et au pire accepter des parcs industriels maritimes éloignés des côtes bretonnes et non pas, au contraire, se plier à la religion d’Etat sur le nucléaire qui pourrait nous promettre la création de mini-centrales notamment en Bretagne.

Les Bretons se souviendront-ils alors du combat de Plogoff ?

En tout cas, ils ne doivent pas oublier que l’énergie la plus propre est celle que l’on ne consomme pas.
* A Plougastel-Daoulas l’extension de serres de productions industrielles n’a trouvé que très peu d’opposants.

David DERRIEN, militant Douar ha Frankiz
Illustration de NHU Bretagne

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