féminisme en Bretagne benevelouriezh e Breizh feminism in Brittany

Féminisme en Bretagne : voix de femmes libres et luttes engagées

de NHU Bretagne
Publié le Dernière mise à jour le

Une Bretagne féministe, debout et déterminée

En Bretagne, les vents de lutte n’ont jamais cessé de souffler. Terre d’insoumission, de révoltes et de dignité, notre pays s’est toujours dressé face à l’injustice. Alors oui, ici aussi, les luttes féministes s’enracinent et s’inventent. Elles prennent la parole dans les rues de Rennes / Roazhon, sur les murs de Brest ou dans les chants d’un fest-noz.
Elles sont jeunes, Bretonnes, engagées, fières, ancrées dans un héritage qui leur ressemble.
Car en Bretagne, être féministe, c’est aussi défendre une autre idée de la Liberté.

Un héritage historique : des femmes fortes, souvent oubliées

L’Histoire de Bretagne est traversée par des figures féminines puissantes. Certaines ont marqué les livres, d’autres ont été effacées, comme tant de femmes dans les récits officiels.


Anne de Bretagne / Anna Vreizh

On pense bien sûr à Anne de Bretagne, Duchesse de Bretagne et deux fois reine de France, diplomate fine et stratège politique. Elle n’était pas féministe au sens moderne, mais elle incarne une autorité féminine forte dans un monde masculin.

Anne de Bretagne, Duchesse des Bretons
Anne de Bretagne, Duchesse des Bretons

Plus proche de nous, Louise Bodin, militante socialiste et féministe née à Paris mais installée à Rennes / Roazhon, dirigea La Voix des Femmes dès 1917. Elle dénonçait la guerre, le patriarcat et la misère des ouvrières.

Joséphine Pencalet

Et puis, il y a les oubliées populaires, comme Joséphine Pencalet, ouvrière à Douarnenez dans les conserveries de sardines. En 1925, elle devient l’une des premières femmes élues de l’Hexagone– mais son élection est invalidée car les femmes n’ont pas encore le droit de vote. Un symbole puissant d’engagement ouvrier et féministe breton.

Jeanne Malivel

Jeanne Malivel (1895–1926) fut une figure emblématique du mouvement artistique breton Ar Seiz Breur. Née à Loudéac /Loudieg, elle se distingue par sa fusion de l’art traditionnel breton et des influences modernes, notamment le synthétisme de Gauguin et Bernard. Ses illustrations pour L’Histoire de notre Bretagne (1922) marquent un renouveau de la gravure sur bois en Bretagne. En 1923, elle cofonde le groupe Ar Seiz Breur avec René-Yves Creston, James Bouillé et Suzanne Creston, visant à revitaliser les arts décoratifs bretons.
Son œuvre, bien que brève, reste une référence majeure de l’art breton et européen du XXᵉ siècle.

Marion du Faouët

Plus loin dans le temps, Marion du Faouët, figure légendaire du XVIIIe siècle, commande une troupe de brigands en Cornouaille. Rebelle, insaisissable, elle tient tête aux autorités pendant des années. Criminalisée par l’histoire officielle, elle est devenue une icône féminine de la résistance populaire bretonne.


Renée Laennec

Une figure emblématique de la Résistance bretonne pendant la Seconde Guerre mondiale est Renée Laennec. Née à Plouganoù (Finistère), elle est devenue l’une des résistantes les plus actives de Bretagne.

Renée Laennec a contribué de manière significative à l’organisation de réseaux de résistance, en particulier en fournissant des informations aux Alliés et en cachant des résistants. Elle faisait également circuler des tracts anti-nazis et a facilité des actions de sabotage contre les infrastructures de l’occupant.

Renée Laennec a été arrêtée en 1944 par la Gestapo et déportée en Allemagne, où elle a survécu à la guerre. Son engagement courageux fait d’elle une figure importante dans l’histoire de la Résistance bretonne.

Ces femmes ne sont pas que des noms dans un manuel.
Elles sont des racines. Des phares dans la brume.
Leur héritage inspire celles et ceux qui, aujourd’hui, luttent pour l’égalité et la justice.

Ar gwregelouriezh e Breizh (le féminisme en Bretagne)

Culture et représentations : un féminisme enraciné et créatif

En Bretagne, la culture est un terrain de lutte et d’expression. Et les voix féminines y prennent de plus en plus de place.

En musique, les chanteuses bretonnes s’affirment. Des artistes comme Aziliz Manrow, Clarisse Lavanant ou Rozenn Talec chantent en breton et en français, racontent des récits de femmes, d’exil, de mémoire. Certaines renouvellent les chants traditionnels en y insufflant une force nouvelle, intime et politique.

Dans la littérature, les autrices bretonnes publient de plus en plus. Nathalie de Broc; Julia Kerninon ou encore Nelly Alard explorent l’intime, la maternité, les rapports de pouvoir, toujours avec une langue puissante et directe.

Julia Kerninon

Julia Kerninon, née à Nantes / Naoned, est une romancière et nouvelliste dont l’œuvre explore les thèmes de l’identité, de la mémoire et des relations humaines. Son style fluide et sa capacité à capturer l’intimité des personnages ont fait d’elle une figure montante de la littérature contemporaine.

Nathalie de Broc

Nathalie de Broc, originaire de Bretagne, est une écrivaine et traductrice qui s’inspire de ses racines bretonnes pour aborder des sujets comme l’histoire, la famille et les destinées personnelles. Elle a publié plusieurs romans qui questionnent la condition humaine et les liens familiaux avec une plume élégante et sensible.

Nelly Alard

Nelly Alard, née à Brest, est une romancière dont les écrits mêlent introspection et exploration sociale. Ses ouvrages, souvent portés par une réflexion sur les relations familiales et l’autonomie féminine, se distinguent par leur profondeur psychologique et leur analyse des complexités humaines.

Dans l’art visuel, des artistes comme Mika Husser à Nantes, ou War! à Brest, illustrent parfois des figures féminines puissantes. Le street art devient un espace de visibilité pour des messages féministes et des portraits de femmes.

Enfin, les festoù-noz évoluent. Le rôle des femmes s’y renforce. Elles chantent, dansent, animent, composent. Et revendiquent leur place dans ce patrimoine vivant.

La Bretagne n’est pas figée dans une tradition. Elle réinvente sa culture avec les femmes au centre.

Témoignages et portraits : paroles de femmes debout

Maëlle, 23 ans, Rennes / Roazhon
Étudiante en sociologie, elle milite dans un collectif féministe local. “Ici, les luttes féministes croisent celles pour la langue bretonne et l’écologie. C’est tout un bloc. On ne peut pas séparer les oppressions. On colle la nuit, on manifeste le jour, et parfois on chante aussi.

Rozenn, 45 ans, Douarnenez
Ouvrière dans une conserverie, elle se bat pour de meilleures conditions de travail. “C’est pas toujours facile de se dire féministe ici. Mais les injustices, je les vois tous les jours. Et je veux que mes filles vivent autre chose.”

Aïssata, 31 ans, Nantes / Naoned
Née en Bretagne, issue d’une famille sénégalaise, elle est prof d’histoire-géo et engagée dans l’antiracisme et le féminisme intersectionnel. “Être une femme noire en Bretagne, c’est double peine parfois. Mais ça m’oblige à parler, à m’impliquer, à construire des ponts entre les luttes.”

Yuna, 60 ans, Carhaix / Karaez
Animatrice d’ateliers de chant traditionnel. “Je chante en breton depuis l’enfance. Dans les gwerzioù, il y a beaucoup de récits de femmes. On les oublie trop. Moi je les transmets.”

Anna, 27 ans, Fougères / Felger
Militante indépendantiste bretonne, elle s’inspire du Cumman na mBan irlandais. “Ce n’est pas qu’une question d’indépendance. C’est aussi une libération féminine. En Irlande, les femmes se sont battues avec fierté. Je veux faire vivre cet héritage ici, en Bretagne.”

Juliette, 38 ans, Saint-Herblain / Sant Ervlan
Comptable dans un hypermarché, elle regarde les chiffres… et ne comprend pas. “Mon collègue gagne 14 % de plus que moi. On a le même poste, la même ancienneté. Rien ne justifie cet écart, à part le sexisme. J’en ai ras-le-bol qu’on me dise de ne pas faire de vagues.

Un souffle féministe breton

Le féminisme en Bretagne n’est pas un écho lointain. Il est bien là, ancré, vivant, multiforme. De Rennes / Roazhon à Carhaix, / Karaez et de Nantes / Naoned à Fougères / Felger, des femmes, des Bretonnes, agissent, créent, dénoncent, transmettent.

Elles ne demandent plus leur place : elles la prennent.
À leur manière.
Avec leur histoire.
Et leur voix.

Car oui, une Bretagne libre ne peut l’être que si ses femmes sont libres.
Libres de leurs choix, de leurs corps, de leurs mots.
Et de leur avenir.

Féminisme en Bretagne

Féminisme en Bretagne : illustration header @bûred

Soutenez votre média breton !

Nous sommes indépendants, également grâce à vos dons.

A lire également

Une question ? Un commentaire ?

Recevez chaque mois toute l’actu bretonne !

Toute l’actu indépendante et citoyenne de la Bretagne directement dans votre boîte e-mail.

… et suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Notre mission

NHU veut faire savoir à toutes et tous – en Bretagne, en Europe, et dans le reste du monde – que la Bretagne est forte, belle, puissante, active, inventive, positive, sportive, musicienne…  différente mais tellement ouverte sur le monde et aux autres.

Participez

Comment ? en devenant rédacteur ou rédactrice pour le site.
 
NHU Bretagne est une plateforme participative. Elle est donc la vôtre.