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Que signifie Seiz Breur ?
Seiz Breur c’est du brezhoneg, du breton. Ces deux mots Seiz Breur se traduisent par « sept frères » en langue française.
Particularité du brezhoneg : après un nombre, le mot qui suit reste au singulier. Le pluriel de Breur (« frère ») est Breudeur (frères »). Donc « des frères » c’est « breudeur » mais « sept frères » c’est « seiz breur« .
Les Seiz Breur c’est quoi ?
Ar Seiz Breur est un mouvement artistique breton né entre les deux guerres mondiales. Il s’agissait de regrouper des artistes bretons autour d’une inspiration que l’on pourrait qualifier de britto-celtique. Les Seiz Breur ont compté jusqu’à une soixantaine d’artistes bretons, dont des peintres, des céramistes, des brodeurs, des sculpteurs, des ébénistes, des graveurs, des décorateurs …
Quand a été créé le mouvement Seiz Breur ?
Le mouvement des Seiz Breur fut lancé précisément en 1923. A partir de 1927 les Seiz Breur deviendront Unvaniezh ar Seiz Breur (« Union des Sept Frères » en langue française). Le mouvement sera dissous en 1947. Le mouvement artistique des Seiz Breur aura duré vingt-quatre ans, un quart de siècle.
Et on fête cette année son premier centenaire, tout comme le Gwenn ha Du créé la même année.
Les Seiz Breur parmi les grands mouvements artistiques européens
Le mouvement artistique breton des Seiz Breur fait partie de cet engouement de l’entre deux guerres pour l’innovation artistique sous toutes ses formes. Vers la même période, se développent les mouvements Art Déco en France et le Bauhaus en Allemagne.
Qui a créé les Seiz Breur, grand mouvement artistique breton ?
C’est une femme, Jeanne Malivel (1896-1926), décoratrice et graveuse, qui est à l’origine des Seiz Breur. Cela se passe durant le pardon du Folgoët / Ar Folgoad en 1923. Là, elle est avec deux autres artistes, le graveur et peintre René Yves Creston et son épouse Suzanne Creston. Le projet est de créer un mouvement artistique s’inspirant de la tradition, très forte en Bretagne, dans les arts, pour aller vers un art breton contemporain. Un peu comme Alan Stivell dans les années 70 qui sur une base traditionnelle, invente de nouveaux sons et propulse la musique bretonne vers le monde entier.
- Jeanne Malivel : graveuse, peintre, illustratrice 1895-1926
- René Yves Creston : graveur, sculpteur, illustrateur, peintre 1898-1964
- Suzanne Creston : céramiste 1899-1979
Qui seront les autres artistes bretons des Seiz Breur ?
Entre 1923 et 1947, durant un quart de siècle, le mouvement artistique breton Seiz Breur comptera jusqu’à une soixantaine d’artistes.
Rejoindront Jeanne Malivel, Suzanne et René Yves Creston, des artistes bretons comme
- Jorj Robin : sculpteur nantais 1904-1928
- Pierre Péron : graphiste, peintre, décorateur, cinéaste, sculpteur, illustrateur 1905-1988
- Joseph Savina : sculpteur et ébéniste 1901-1983
- Xavier Langlais : graveur, peintre et écrivain 1906-1975
- André Batillat : architecte 1901-1965
- Pierre Abadie-Landel : graveur sur bois, céramiste et peintre 1896-1972
- Robert Micheau-Vernez : affichiste, illustrateur et céramiste 1907-1989
- Rafig Tulou : décorateur et sculpteur 1909-1980
- Yann Goulet : sculpteur 1914-1999
- Dorig Le Voyer : facteur d’instruments
- Val Riou : styliste de haute couture
- Jean Fréour : sculpteur 1919-2010
- Jean Charles Le Bozec : céramiste et sculpteur 1898-1973
- Francis Renaud : sculpteur 1887-1973
- Paul Ladmirault : compositeur musical 1877-1944
- Paul Le Flem : compositeur misical 1881-1984
- Jef Le Penven : compositeur musical 1919-1967
- Gaston Sébilleau : artiste sur bois 1894-1957
- James Bouillé : architecte 1894-1945
- Morvan Marchal: architecte et créateur du Gwenn ha Du 1900-1963
- Herry Caouissin : illustrateur et éditeur 1913-2003
- Ronan Caouissin : écrivain 1914-1986
- Gwilherm Berthou Kerverziou : poète 1908-1951
- Youenn Drezen : écrivain 1899-1972
- Jeanne Coroller-Danio : femme de lettres 1892-1944
- Xavier Hass : graveur et peintre 1907-1950
- Yann Sohier : éditeur d’Ar Falz 1901-1935, il est le père de Mona Ozouf
- Marc’harid Gourlaouen : femme de lettres, traductrice, fondatrice de Skol Ober 1902-1987
- Octave Louis Aubert : écrivain et éditeur 1870-1950
- Édouard Mahé : graveur et peintre 1905-1992
- Florian Le Roy : écrivain 1901-1959
et d’autres encore …
Madeleine Lizer, Charles Penther, Georges Arnoux, Robert Audic, Jean Mazuet, Yves Berthou, Yvette Brelet, S. Derrien, Edmond Derrouch, Fañch Elies, Goinard, Jean Guinard, Marguerite Houel, Job Jaffré, Germaine Jouan-Creston, René Salaün, Robert Yan, Roger Kervran, Lauvergeat-Brelet, Régis de l’Estourbeillon, Marc Le Berre, Anne de Tourville, Marcel Le Louet, Christian Le Part, Jean Merrien, Jacques Motheau, Michael O’Farrel, Francis Pellerin, François Planeix, Yann Robert, Georges Rual, René Salmon de la Godelinais.
Quelle était la devise des Seiz Breur ?
La devise des Seiz Breur était : Netra na den ne vir ouzimp kerzout war-du ar pal. Avel a-dreñv, avel a-benn, Seiz Breur, war-eeun !
Ce qu’on peut traduire en langue française par : »« Rien ni personne ne nous empêcheront de marcher vers le but Vent arrière, vent debout, Seiz Breur, tout droit ! »
Quelle était l’ambition des Seiz Breur ?
La volonté des Seiz Breur est de sortir les arts bretons du « folklorisme » et de la « biniouserie » dans lesquelles les tenants du pouvoir central voulaient les confiner. Notons que c’est toujours le cas : hors de Paris, point de « culture » !
Il fallait inventer un style contemporain, déclinable dans tous les arts : céramique, illustration, sculpture, peinture, stylisme, typographie, architecture …
Ainsi en quelques années, est né un style artistique tout à fait remarquable et très reconnaissable.
Quelle fut la présence internationale des Seiz Breur ?
D’abord, il y eut l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs en 1925. Dès Octobre 1923, un dossier d’inscription des Seiz Breur est déposé auprès de l’organisation de l’évènement. Un Comité des Arts Bretons est constitué. Ainsi, pour la première fois, les visiteurs de cet évènement artistique majeur pourront admirer des faïences, des statuettes, du mobilier, des vitraux … signés Seiz Breur.
C’est immédiatement le succès et le groupe des Seiz Breur reçoit une médaille d’or attribuée par le jury de l’exposition.
Puis il y aura l’Exposition Universelle en 1937.
Un Pavillon de la Bretagne permettra aux visiteurs de découvrir et d’admirer de nombreuses pièces d’art de style moderne de type celto-breton avec certains motifs d’inspiration irlandaise.
Quelles furent les sources d’inspiration des Seiz Breur ?
L’inspiration des dizaines d’artistes constituant les Seiz Breur est évidemment et naturellement bretonne et celtique. On ne peut pas vivre en Bretagne sans être en permanence baignée par notre Histoire, par les éléments naturels, par le patrimoine qui nous entoure. Et tout cela nous ramène à la pensée traditionnelle bretonne et celtique, au légendaire, à la mer et à la lande, à Brocéliande et aux chapelles, à l’Ankou et aux pardons, aux îles de Bretagne et à celle d’Irlande …
Seiz Breur ha Kornog
Après la mort prématurée en 1926 de l’initiatrice Jeanne Malivel, à seulement trente et un ans, René Yves et Suzanne Creston lancent la revue trimestrielle Kornog fin 1927.
Kornog, dastumadenn trimiziek skeudennet Arzou Breiz (Traduction en langue française : « Occident : revue trimestrielle illustrée des arts de Bretagne« ).
Autour du chiffre Seiz, Kornog réunissait sept arts bretons : la décoration, la musique, la sculpture, l’artisanat, l’architecture, la littérature et la peinture.
A partir de 1931, c’est la revue Keltia qui remplacera Kornog.
La fin des Seiz Breur
Durant le seconde guerre mondiale, de 1940 à 1944, certains artistes appartenant aux Seiz Breur auront une attitude trop conciliante avec les Allemands. Dans le même temps, des membres des Seiz Breur, comme André Batillat, Gaston Sebilleau ou René Yves Creston seront actifs dans les mouvements de résistance en Bretagne face aux Allemands.
L’épuration d’après guerre discréditera le mouvement et l’état central en profitera pour « jeter le bébé avec l’eau du bain », en discréditant le mouvement breton dans sa totalité. Tout ce qui se revendiquait plus ou moins breton était immédiatement mis an ban, une véritable épuration.
Les Seiz Breur au XXIe siècle
Le premier centenaire anniversaire des Seiz Breur est l’occasion de redécouvrir, ou de découvrir, tout simplement, ce que fut cet incroyable foisonnement artistique breton, et de nombreux évènements vont nous le rappeler tout au long de l’année. Nous n’en citerons ici que trois :
- Une exposition à la Bibliothèque Forney à Paris,
- Une association, Pevarzek
- Une conférence qui fera date consacrée aux Seiz Breur à Breizh Odyssée Landevenneg.
Une exposition est consacrée à Jeanne Malivel du 8 mars au 1er juillet 2023 à la Bibliothèque Forney à Paris
Pevarzek Arzoù Breizh
Un groupe d’artistes et d’associations ont créé récemment Pevarzek (en langue française « quatorze« ) c’est à dire deux fois Seiz.
Les membres actuels sont :
Nolwenn Faligot, designer textile
Pascal Jaouen, maître brodeur
Mathieu Le Guern, photographe
André Lavanant
Owen Poho, designer
Padrig Gueho, ciseleur de pierre
Fañch Le Henaff, graphiste
Anna Le Moine Gray
Anaïs Nicolas, architecte
Nanou Valy, brodeuse
Bertrand Nicolas, Breizh 5/5
René Claude Migaud, peintre
Skol Uhel ar Vro / Institut Culturel de Bretagne.
Créé à l’automne 2021 sur une initiative de l’Institut Culturel de Bretagne / Skol Uhel ar Vro, la première rencontre se déroula à Kemper dans les locaux du réputé styliste Pascal Jaouen.
L’idée était de proposer à des artistes bretons de se retrouver à l’occasion du centième anniversaire des Seiz Breur. On n’est plus dans les années de l’entre deux-guerres, mais la création en Bretagne est toujours extrêmement dynamique. Pevarzek veut fédérer des artistes bretons de tous les arts en imaginant bientôt une grande exposition de leurs oeuvres, dans un esprit contemporain et tenant compte des tendances actuelles, et démontrer ainsi que la Bretagne est toujours un pays artistique parmi les plus productifs en Europe.
www.pevarzek.bzh
Le réveil artistique breton et le mouvement des Seiz Breur / Dihun arzel Breizh ha prantad Ar Seiz Breur
L’association Histoire et Culture de Bretagne / Istor ha Sevenadurel Breizh propose, en partenariat avec le centre Breizh Odyssée, ses « Rendez-vous de Landevenneg ».
Vendredi 19 mai 15:00, à la salle polyvalente de Landevenneg, le premier Emgavioù* Landevenneg sera consacré au réveil artistique breton et le mouvement des Seiz Breur.
Contrairement à ce que l’on croit souvent, le réveil politique, économique, social et culturel de la Bretagne ne date pas des années 1950, bien des innovations ont été ébauchées avant. Sur le plan artistique, un réveil se manifeste, d’abord initié par des artistes venus de Paris et des grandes villes découvrir la Bretagne « authentique ». Puis le mouvement s’implante et s’intègre à la dynamique bretonne.
Lorsque la guerre 1914-1918 éclate, des talents novateurs se manifestent déjà dans la sculpture et la peinture. Dans les années 1920, le mouvement des Seiz Breur, fondé il y a juste un siècle, tente de fédérer des créateurs dans de nombreux domaines, notamment les arts décoratifs. À côté de lui et avec des influences réciproques, de nombreux autres créateurs émergent, avec une force qui rappelle le courant Arts Déco, le Bauhaus allemand et surtout l’Arts and crafts britannique (1880-1910). Les innovations en matière d’architecture, touristique, religieuse et même d’édifices publics sont nombreuses et marquent encore notre environnement.”
Conférence multimédia, avec images et vidéos, consacrée à un siècle d’art en Bretagne.
Co-animée par Olivier CAILLEBOT, réalisateur et journaliste, et Jean-Jacques MONNIER, historien, auteur de nombreux ouvrages et vidéos sur l’Histoire de la Bretagne.
Avec la participation comme Témoin de Nolwenn FALIGOT, styliste bretonne au parcours international, créatrice d’une marque de vêtements féminins fabriqués en Bretagne.
Pratique
Vendredi 19 Mai 15:00 / d’ar Gwener 19 a Viz Mae 3e G.M
Salle polyvalente Landevenneg / Sal liesimplij Landevenneg
Attention : l’ouverture de la billetterie sera annoncée dans les prochains jours sur www.breizh-odyssee.bzh ou sur place au centre Breizh Odyssée Landevenneg. Nous vous en tiendrons informés.
* »Rendez-vous » en langue française
5 commentaires
Très intéressant ! Mais je regrette néammoins que l’on ne signale pas que Jeanne Malivel était une gallézze de Loudéac, et que le nom de seiz brezih, vient d’un conte gallo « les sept frères » qu’elle avait appris de sa grand mère. Que l’on ne signale pas non plus que Morvan Marchal était un gallo de Vitré. Un peu long de développer ici le pourquoi des gallos de cette époque dédaignaient leur propre langue.
Bonsoir et merci de votre commentaire. Ce sont eux qui ont donné le nom de Seiz Breur à leur mouvement, et l’essentiel est qu’ils étaient Bretons, qu’ils soient brittophones, francophones et/ou gallèsants.
Bonjour,
Existe-t-il un site où trouver des bijoux créés dans le style Seiz Breur ? Merci,
J CC T
Bonjour. Rapprochez vous des Artistes de Pevarzek site internet et réseaux sociaux – https://www.pevarzek.bzh/
Trugarez ha devezh mat / Merci et bonne journée
Le gallo est un parler délicieux et riche, bien plus régulier que le français courant (forme interrogative,passé simple en « i », etc…) . Mais il s’agit d’un parler roman de la France de l’Ouest, un niveau de langage peu différent de celui qui est parlé en Mayenne et dans la Sarthe. Si l’on met le Gallo dans les langues de France, il faut aussi y mettre chacun des parlers bretons que sont le Vannetais, le Cprnouaillais, le léonais, et celui du Goëlo.