Égarée à Cristinacce pour une énième « table ronde du monde rural » ! Après avoir visité la « maison du miel » ouverte il y a dix ans à Murzu, et avant d’inaugurer une borne de recharge pour véhicules électriques en Balagne, Jacqueline Gourault a étalé durant son dernier voyage officiel la vacuité de sa mission corse.
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Le déni de dialogue de l’État a sa ministre attitrée !
La veille de l’arrivée de Jacqueline Gourault, Corse Matin avait informé la Corse que la région autonome d’Italie du Trentino/SudTirol venait d’adopter, grâce au pouvoir législatif qui lui est dévolu en raison de son autonomie à statut spécial, une loi instaurant un « statut de résident ». Tel que le réclame la majorité nationaliste pour la Corse.
Pour acquérir une résidence principale ou secondaire dans les zones à forte pression spéculative du territoire, il faudra désormais justifier de cinq années de résidence. La motivation de cette loi est expliquée par le Président tirolien de la Région : « L’augmentation du nombre de résidences secondaires rend très difficile l’accès à des logements abordables pour les résidents et écarte trop souvent de jeunes familles qui souhaitent acheter ou s’installer chez elles ».
On croirait entendre Gilles Simeoni !
Sauf que le Parlement présidé par Arno Kompascher a le pouvoir de faire des lois. Sans attendre le bon vouloir du gouvernement italien.
Mais du statut de résident que les Tiroliens mettent en place dans le cadre de l’État italien, au cœur de l’Union Européenne, il n’en sera pas question pour la Corse. Car ce n’est même pas un sujet de discussion possible selon Jacqueline Gourault. Qui ne veut parler que de « choses concrètes ». Donc comprendre par là de ce que l’appareil d’État français juge discutable. C’est à dire rien.
C’est donc pour parler de rien que Jacqueline Gourault est venue en Corse.
Et comme sur rien, il n’y a rien à dire, ses déclarations sonnent terriblement creux.
Ainsi la « rupture de confiance » que Gilles Simeoni a une nouvelle fois dénoncée à Cristinacce devant la Ministre fait écho à l’attitude d’Edouard Philippe lors du Congrès des Régions de France à Marseille. Devant mille élus des différentes collectivités locales, le Premier Ministre s’est bouché les oreilles quand le Président de l’Association des Régions de France, Hervé Morin, a demandé que soit « respecté le choix politique exprimé par le vote ».
Et que l’on bâtisse en Corse un « modèle en Méditerranée ». La réponse du Premier Ministre n’a abordé aucune réflexion sur la Corse et son avenir. Et elle a été ressentie comme un déni de dialogue par les représentants de la Collectivité de Corse, Président du Conseil Exécutif et Président de l’Assemblée, présents dans l’assistance.
Déni de dialogue.
Le déni de dialogue de l’État avec la majorité nationaliste, pourtant sortie des urnes corses en décembre dernier avec une large majorité absolue, avait été exprimé, à travers une multiplication de postures et déclarations symboliques, par le Président Macron lors de son voyage officiel en Corse à l’occasion de la commémoration Erignac en février dernier. Depuis l’État s’est refermé comme une huître. Et Jacqueline Gourault en est l’expression zélée.
Une nouvelle fois Gilles Simeoni a appelé à un « dialogue qui ait sa véritable portée et son véritable sens ». « Pour sortir définitivement d’un cycle qui a duré, pour la période contemporaine, un demi-siècle ».
En réponse, ministre attitrée du « non-dialogue » avec la Corse, Jacqueline Gourault a ânonné quelques phrases convenues et sans aucune portée. Il faudra la poussée d’un mouvement nationaliste cohérent et organisé pour forcer la porte d’un dialogue. Qui est aujourd’hui obstinément refusé par l’état.