Sommaire
Kabyles et Bretons
« Leur part d’honneur leur est dérobée et le sera toujours tant qu’ils n’écriront pas les bulletins eux-mêmes »
Pierre-Jakez Hélias, Le Cheval d’Orgueil. Citation tirée de « Les sept piliers de la sagesse », de T.E. Lawrence, plus connu sous l’appellation Lawrence d’Arabie.
Quand on lit Le Cheval d’Orgueil, on a du mal à ne pas remplacer, dans certains passages du livre, le terme « breton » par « kabyle », tant la passion de l’auteur envers sa langue maternelle vous est communiquée tout au long de l’ouvrage pour réveiller la vôtre.
Le Cheval d’Orgueil est un flot d’émotions qui vous tient en haleine et vous prend de sympathie envers ce peuple tant déprécié par une république française qui en a enterré la langue, les us et les coutumes ancestrales. Pour preuve, ces règles qui remontent à la moitié du XXème siècle et qui se pratiquaient encore, selon certains témoignages, dans les années 1960. Des règles qui interdisaient en pays Bigouden de « cracher par terre et de parler breton » dans les cours de récréation.
Interdit aux indigènes et aux chiens.
Cela n’est pas sans rappeler un certain « interdit aux indigènes et aux chiens », placardé à l’entrée de certaine plages d’Alger et ses environs pendant la période coloniale.
Le Cheval d’Orgueil est un livre que devraient lire tous les berbérophones qui ont appris le berbère « sur les genoux de leur mère », pour reprendre une expression de Pierre-Jakez Hélias concernant le breton. Pour éviter que demain toutes ces composantes d’un patrimoine séculaire d’une richesse insoupçonnée (par les non-berbérophones) ne tombent dans l’oubli et ne se transforment en évènements folkloriques.
Le folklore n’a-t-il, d’ailleurs, pas déjà commencé avec le populaire « azul fellawen » que tout le monde énonce à tout va, non sans condescendance, pour essayer de s’attirer la sympathie du terroir à l’approche de rendez-vous électoraux, comme celui qui a ponctué les élections présidentielles avortées de 2019 ?
Quelques morceaux choisis du livre :
– « L’écart des deux civilisations est tel que le lexique et la grammaire de l’une et de l’autre ne se recouvrent que très imparfaitement » (1).
– « Je ne m’interroge pas sur le destin du breton. Ce n’est pas mon affaire mais bien celle des générations qui viennent. Je ne me résous pas au déluge pour autant. Je refuse aussi de m’en laver les mains. »
– « …l’analyse et la persécution linguistique et l’aliénation culturelle qui vont de pair, toutes deux étant de type colonisateur » (2).
– « Il faudra sérieusement écumer le pot-au-feu si l’on veut qu’il nourrisse fortement les générations à venir« .
– « Une langue est en bien mauvaise posture quand elle a besoin d’être protégée » (3).
– « Il n’y aura pas de jacquerie pour exiger l’enseignement du breton ! » (4)
Il suffit de remplacer le terme breton par kabyle, chaoui, mozabite, etc.,.
… et la boucle est bouclée, en termes de comparaisons et de destin modelé par des « civilisations » venues d’ailleurs !
Le rapprochement folklorique avec les Bretons n’a-t-il d’ailleurs pas déjà commencé à Paris par l’organisation de rencontres pendant lesquelles les Kabyles font danser Bigoudens et Bigoudènes sous des airs entrainants débités par nos « Ideballen » du terroir ?
C’est beau, très beau même, ce rapprochement mais n’est-il pas temps de dépasser tout cela par l’organisation de journées culturelles pendant lesquelles les langues bretonne et kabyle rayonneraient de toutes leurs splendeurs ?
Ce n’est certainement pas feu Pierre-Jakez Hélias qui n’aurait pas souscrit à telle illusion !
Et comme le rêve nourrit l’espoir et que l’espoir fait vivre, il n’est pas interdit de rêver !
Kabyles et Bretons : notes
(1) L’on peut, sans se tromper, énoncer les mêmes postulats concernant les langues berbères et la langue arabe ou les langues latines, comme le français. Dans la plupart des cas, elles ne se recouvrent pas du tout !
(2) Cela nous parle bien cette affaire de colonisation n’est-ce pas ?
(3) Que fait le pouvoir d’Alger sinon faire semblant de protéger le Tamazight sur papier et sur papier seulement ?
(4) Il ne devrait pas non plus y avoir de jacquerie, ni de jacasseries, pour exiger l’enseignement de Tamazight !
6 commentaires
bonjour, merci pour cet article car vous avez raison. De toute évidence, tous les peuples premiers ayant subis la domination d’une puissance et notamment française ont finalement connu le même sort. Vous comparez ici les bretons avec les kabyles, nous pourrions ajouter sur la liste: les kanaks, les peuples amérindiens, et bien d’autres dont je n’ai pas eu l’occasion d’étudier l’histoire, leur histoire étant étouffée. Tous ces peuples ont une importance et ont joué un rôle dans l’histoire de l’humanité. La démocratie américaine et française, si je m’appuie sur mes exemples, auraient si elles veulent réellement se prévaloir, comme elles savent si souvent le faire de ce titre de démocratie avec lequel elles se pavanent avec tant d’orgueils, à se montrer capable des crimes d’ethnocide qu’elles ont réalisés à s’appuyant sur leur pseudo-suprématie et leur désir de colonisateur. Tous ces crimes attendent encore d’être reconnus. Par votre article, vous le rappelez à votre tour. Trugarez.
En breton, Janvier se dit Guenveur.
Et si vous demandez à un breton ce que cela veut dire, il vous repondra « Guenveur, ça veut dire Guenveur « … Sous entendu, pourquoi allez chercher midi à quatorze heures ?
Pourtant ce mot a bien une signification, mais il a été transformé : Guenveur nous vient de Yen-veur, et signifie donc le « grand froid ».
Mais là aussi si vous en parlez à un bretonnant, surtout un prof de breton, il va vous regarder avec un air suspicieux : Tu as lu ça ou ? . Il ne croira que ce qui est écrit, même si la chose est évidente.
Et savez-vous comment l’on dit Janvier en Russe ? En russe, Janvier se dit Yan-var…
Les Bretons ne veulent pas croire en leur vraie histoire, ils ne croient que ce qu’ils ont appris à l’école de la République.
En Kabyle, que ce soit au Maroc, en Algérie ou en Tunisie , Janvier se dit Yennayer, avec de petites variations dans l’écriture et la prononciation. Depuis quelques années, la Nation Kabyle algérienne à obtenu l’accord du gouvernement algérien pour avoir une fête nationale. Celle-ci à lieu le 12 janvier et sa dénomination est Yennayer, comme le nom du mois. Les Kabyles pensent que Yennayer signifie « le premier mois « . C’est une erreur.
Comme d’autres mots de la langue Kabyle, Yennayer vient en fait de la langue Celte.
« Yennayer », c’est en fait « Yenn a yar », ce qui en breton signifie « Froide de poule », ou « Froid de volaille ». Une expression tres proche existe d’ailleurs en français, il s’agit de « Froid de canard « . Elle désigne cette période de l’année, en Janvier, qui est la plus Froide.
Yennayer en Kabyle, Yenn-a-yar en Breton, nous ont donné Januar en Allemand, January en anglais, Janeiro en Portugais.. et bizarrement Janvier en français.
Et le Dieu romain Janus, qui aurait donné son nom au mois de janvier, il est où dans tout ça ?
Et bien vous n’êtes pas obligé de croire tout ce qui est écrit dans les livres, ni tout ce qui est enseigné dans les écoles, par des enseignants qui ne font jamais que répéter ce qui est écrit dans les livres…
En Kabyle, Fevrier ,c’est Febrayer, et ce mot qui est aussi répandu dans tout le monde Arabe, est même devenu une grande fête nationale au Koweït , le nom de chaînes de radio, de télévision , etc…
Mais Febrayer, ça vient d’ou et cela signifie quoi ?
Et bien c’est simple, c’est comme Yennayer, ça vient de la langue celtique
Et ça veut dire quoi ?
Dans Febr-a-yer, on retrouve la même terminaison que dans Yennayer, a-yer, a-yar, ce qui donc signifie poules/volailles.
Le préfixe Febr nous a donné Fébrile en français, ou Fevr (Février),nous a donné Fever en anglais, et Fébrile en français, Fever en anglais, c’est la même signification.
« La volaille febrile », » les oiseaux fébriles », ça ne veut rien dire cette expression, c’est un truc de neuneu cette histoire !!!
Et bien non pas du tout. Cela correspond aussi à une période particulière dans la vie des oiseaux.
Après le plus froid de l’hiver, certains oiseaux sont morts, de froid, de faim, des prédateurs.
Mais, c’est le réveil, la « sève monte ». Les oiseaux vont reformer des couples, ce sont donc les parades nuptiales. Et puis , vont commencer les migrations, les tourterelles, les canards, et bien d’autres espèces, vont se préparer à quitter leurs zones d’hivernage en Afrique pour remonter vers le nord, l’Espagne, ou l’Italie,,la France et les pays du Nord.
Avant d’y chercher un endroit pour nicher, y poudre des œufs, avoir des petits qui perpétuelles ce cycle.
En France, il y aussi une fête qui célèbre cette période de l’année, et elle est aussi au milieu du mois. C’est le 14 février, la fête de la Saint Valentin, la fête des amoureux..
Aujourd’hui, le symbole de cette fête est surtout devenu le cœur, symbole de l’amour. Mais le vrai symbole de cette fête que l’on retrouve encore assez souvent, c’est un couple d’oiseaux qui volètent, deux petits oiseaux qui paradent.
« febr-a-yar » / Febrayer nous ont donc donné aussi Februar en allemand, February en anglais, Febreiro en Portugais et ce bizarre Février en français.
Ce n’est pas écrit dans les livres : et pour cause, c’est moi qui l’ait découvert, et le livre reste encore à écrire.
Nous avons ainsi beaucoup de mots dans la langue française dont nous ne connaissons pas du tout l’origine, ou qui nous sont donnés comme venant d’une autre langue mais dont l’origine et la signification (car ils ont en plus une signification) sont bel et bien celtiques et bretonnes !
Per Jakez Helias, n’a jamais donné l’impression d’être un véritable défenseur de la Bretagne. Sa prose sur le pays bigouden versait surtout dans la nostalgie.
Il se revendicait surtout comme étant radical de gauche, défenseur de la République et de la laïcité ( ce serait un peu comme un kabyle qui revendiquerait haut et fort son appartenance au FLN… )
J’ai lu ses romans, mes enfants sont passés par Diwan, ou j’étais alors impliqué, et Jakez Helias n’était pour nous qu’un dinosaure ( en mal d’autographes avec les mamies…)
Débat entre Jakez Helias, Le Cheval d’orgueil , et Xavier Grall, Le Cheval Couché.
https://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00350/pierre-jakez-helias-et-xavier-grall.html
Pcosquer
Per-Jakez Helias n’est pas un défenseur de la langue Bretonne…Je confirme ce que dit Pierre. Il suffit d’écouter le sketch « match fotbal » pour s’en rendre compte. En Pays Bigouden on disait de lui simplement Per Hélias et non pas Per Jakez helias. Mon père ne l’appréciait pas beaucoup.
Par ailleurs voici une anecdote diwar-benn mizioù fin ar bloavezh ( à propos des mois de fin d’année): Lors d’un recensement, des hommes déclarent leurs noms, dates et lieux de naissances. Seulement voilà l’exprimer en français n’est pas chose facile pour des bretons qui connaissent mal, voir pas du tout le français. Pour sa date, l’un explique: » né au mois noir »… s’en suit immédiatement un chahut et des rires moqueurs dans la file d’attente! le mois en question est dit miz Du en breton , c’est-à-dire « le mois noir » qui correspond aux journées courtes de novembre , de son ciel bas et gris souvent sombre. Quelques minutes plus tard et après plusieurs noms déclarés, un autre dit ! « né au mois tout aussi noir » … nouveau chahut , rires etc… Cet fois-ci il s’agit de décembre qui se dit » miz Kerzu » en breton ou miz Ker z/du c’est -à-dire « le mois très noir »; on a effectivement les journées les plus courtes de l’années et donc les nuits les plus longues.
Merci à Pierre pour ses explications