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Vu de Bretagne : les Gilets Jaunes et les PIGS, quel rapport ?

de Jacques Henri LESCOUËT
Publié le Dernière mise à jour le

Les nouveaux PIGS arrivent …

PIGS vous avez dit ?
Et si la crise des gilets jaunes, n’était en fait que la queue de comète de la « crise grecque » qui n’en finit pas de finir (dix ans). Et pour laquelle on ne peut entrevoir un dénouement heureux suite aux multiples remèdes toxiques administrés par les guérisseurs de la BCE, du FMI et autres sorciers de la finance. Remèdes qui se sont avérés aussi toxiques que les emprunts Dexia pour les collectivités et communes françaises.

Concoctés par des politiciens thaumaturges dont le but proclamé était d’éviter « un risque imminent de contagion de cette crise grecque » à l’ensemble de l’Europe, et qui n’auront eu de cesse,- au nom de l’intérêt général- de nous vendre « les excès des pays du Club Med » et de leurs habitants. En prenant soin que ceux-ci ne puissent être mis en regard avec les errements récurrents des banques allemandes et françaises. Qu’il NOUS fallait encore une fois sauver à tout prix.

Fut-ce en tuant le cochon de payant !

De la métonymie à la métaphore.

Souvenons-nous de l’acronyme PIGS : Portugal, Italy , Greece, Spain. Avec parfois une variante en PIIGS . Ce qui permettait d’inclure un petit pays du Nord (Ireland) à ce club très ensoleillé des cochons du Sud. Il fut employé dès 2009 par les centres d’affaires anglo-saxons qui voulaient détourner l’attention d’une situation économique plus que préoccupante au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Si les tentatives héroïques du peuple grec pour résister au pillage par emprunts forcés – plans de sauvetage- de leur pays par le Nord, et plus précisément par l’Allemagne avec la France, les Pays-Bas et le Luxembourg en assistantes dociles mais intéressées, n’ont pas été couronnées de succès à ce jour; les sachants docteurs européens ne peuvent toujours pas crier victoire en 2018. Depuis leur arrivée au chevet « du malade de l’Europe » qu’ils avaient eux-mêmes empoisonné :

  • 9 plans d’austérité, 3 mémorandums et 450 réformes.
  • Une baisse des salaires et retraites entre 30 et 35%.
  • Une hausse des impôts de 53%.
  • Un taux de chômage scotché à près de 20%.
  • Un PIB qui aura chuté de 25%.
  • Un Grec sur deux vivant en dessous du seuil de pauvreté fixé depuis 2015 à 376 €.
  • Et pour finir 288 milliards de prêts. Dont à peine 10% ont servi à l’état grec et aux citoyens, les 90% servant à rembourser les créanciers créateurs de dettes.

Car on oublie trop souvent que la dette est une création de monnaie. Un investissement sur l’avenir que les banques peuvent, titriser, assurer, vendre, acheter. Et même effacer si vous les y contraignez.

Ce qui n’est pas le cas avec notre dette écologique qui n’épargnera personne.

Et cela nous ramène aux gilets jaunes. A la hausse des taxes sur les carburants et à l’opposition entre le centre et la périphérie. Le Nord de l’Europe et les pays du Sud, les métropoles françaises et les territoires ruraux. Ainsi qu’à l’interprétation des moyens à mettre en œuvre pour diminuer les effets de cette dette écologique qui nous concerne tous.

Si l’expression « Pays du Club Med » est partie d’Allemagne dans les années 1990 pour désigner ceux qui deviendront les PIGS dans les années 2009 pour les anglo-saxons ( migrants germaniques du Vème siècle rappelons-le), ces expressions relèvent toutes du même mépris souverain du centre pour la périphérie. Qu’un porte-parole du gouvernement français vient d’illustrer tout récemment avec ses propos sur « les gens qui fument des clopes et roulent au diesel ».

Ce mépris social ou ethnique a toujours servi à masquer les vrais problèmes : crise bancaire en 2008 et transition écologique aujourd’hui, vendue, comme un intérêt général, ce qu’elle doit être. Mais qui se retrouve en réalité instrumentalisée pour des intérêts politiques particuliers.

Make our planet great again …

Les « Make our planet great again » et autres fanfioles présidentielles ne doivent pas occulter le fait que :

► Environ 20 % seulement de la TICPE (taxe sur les carburants) est destinée à la transition écologique.

►L’augmentation de la TTF (taxe sur les transactions financières) pour financer cette transition écologique était une promesse de campagne qui fut abandonnée. Perte de 2 à 4 milliards pour la France chaque année. Et de 22 milliards pour l’Europe.

► Tout comme le mot solidaire du ministère de la transition écologique fut renvoyé aux calendes grecques- bien utiles cette fois-ci – par un Jupiter qui abandonna toute la charge de l’effort à ceux qui ne payaient pas l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune). Encore 5 milliards.

► « L’inacceptable manque de courtoisie » dénoncé par le même porte-parole du gouvernement à propos de la démission de Nicolas Hulot, est à mettre en parallèle avec la colère sourde des gilets jaunes qui n’en peuvent plus de faire des efforts et deviennent des malpropres hors du champ politique policé. Et qui, non seulement puent la sueur aromatisée au diesel et au mauvais tabac, mais ont de plus l’outrecuidance de s’organiser en dehors des règles établies par le pouvoir central. « La France ce n’est pas l’anarchie » déclare le premier ministre. Encore un mot grec.

Paradoxalement, ce n’est pas dans les PIGS, où, les gens vivent et pensent comme des porcs, pour reprendre la prophétie du mathématicien et philosophe Gilles Châtelet qui avait théorisé en 1990 l’alliance du politique, de l’économique et du communicationnel, mais bien au cœur de ce nouveau monde où « les gloutonneries de l’Élite consensuelle dévore du Différent pour chier du Même ».

La gloutonnerie de l’élite.

Le traitement qui fut infligé aux PIGS par les autorités centrales et les états du Nord pour défendre les gloutonneries des banques doit être étudié de très près. Par tous les porteurs de gilets. Qu’ils soient jaunes, verts, rouges, bleus ou noirs. Car la gloutonnerie de l’Elite consensuelle peut aussi les inciter à se diriger vers le pire, et ce que dénonçait le sociologue allemand Norbert Elias en 1939 est toujours d’actualité :

« la crise économique produit un processus de dé-civilisation. Conduisant les classes moyennes allemandes à tourner leur haine non vers les classes dominantes, mais vers les ennemis intérieurs et « inférieurs », politiques et ethniques, désignés depuis longtemps par le nationalisme ».

Si aujourd’hui le parti de gouvernement en France semble se résigner à l’essor de l’extrême droite, et même escompter sur un pouvoir rassembleur contre elle, il risque là encore malheureusement de nous apporter la preuve de son incompétence politique en n’agitant que des yo-yo communicationnels ou de coruscants hochets (armée européenne, Make our planet great again). Que plus personne n’écoute ni ne regarde. Car les auges sont vides. Et c’est pour cela que les nouveaux PIGS : gilets jaunes , blouses blanches, robes noires et autres élus de proximité se mettent à grogner…

Un fumeur de havanes, ex-addict (déplacements professionnels) au kérosène.

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