C’est souvent ce que l’on lit : en signant cette célèbre ordonnance en 1539, François Ier aurait fait du français la langue officielle du royaume.
Est-ce si sûr ?
Si tout se passe bien, le château de Villers-Cotterêts, dans l’Aisne, sera à Emmanuel Macron ce que le Grand Louvre est à François Mitterrand ou le musée du quai Branly à Jacques Chirac : un bâtiment qui survivra à sa présidence et transmettra aux générations futures une facette de sa personnalité.
L’actuel chef de l’État espère y inaugurer au printemps de 2022 le « laboratoire de la francophonie« . Un lieu dédié à la langue française, donc, sans la notion de « repli sur soi » qui lui est parfois attachée. « Une grande place y sera réservée aux échanges que le français a eus tout au long de son histoire avec les autres langues« , souligne ainsi Valérie Senghor, directrice générale adjointe du Centre des monuments nationaux, responsable de ce grand projet.
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Le choix du lieu, évidemment, ne doit rien au hasard, puisque c’est là, en 1539, que François Ier a signé l’une de ses plus célèbres ordonnances.
Un texte qui, selon l’interprétation la plus courante, aurait fait du français la langue officielle du royaume. A un « détail » près : ladite interprétation ne va pas de soi. Il suffit pour le comprendre d’examiner le document originel qui, dans son article 111, indique exactement ceci : « Nous voulons que dorénavant tous les arrêts ainsi que toutes autres procédures (…), soient prononcés, publiés et notifiés aux parties en langage maternel françois, et non autrement. »
Que signifie cette phrase ?
Un seul élément fait consensus : par cet acte, le roi entend mettre fin au statut de langue officielle du latin dans la justice et dans l’administration. Une bonne nouvelle pour le peuple, qui ne comprend plus les sentences rendues dans un idiome désormais réservé aux savants. Mais aussi un moyen indirect de réduire l’influence de l’Église. Dont le latin est resté la langue officielle.
Le consensus prend fin lorsqu’il s’agit de comprendre ce qu’a voulu dire François Ier en utilisant l’expression « langage maternel françois » : le français et seulement le français ou toutes les langues en usage dans le royaume ?
Les uns penchent pour la première hypothèse, en relevant à juste titre que le monarque a beaucoup fait pour l’affirmation de la langue nationale. C’est lui, par exemple, qui a privé le latin du monopole dont il disposait à l’Université.
Les autres – les plus nombreux – voient les choses différemment …
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