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Iberdrola vend ses parcs éoliens terrestres dans l’Hexagone : mais pas en Bretagne … pour combien de temps ?
Le coup de tonnerre est tombé en septembre 2025 : Iberdrola vend ses parcs éoliens terrestres dans l’Hexagone.
Selon notre confrère Green Univers, l’espagnol Iberdrola, l’un des géants mondiaux de l’énergie renouvelable, a annoncé la mise en vente de son portefeuille français d’éolien terrestre et de solaire. Seule exception à ce vaste désengagement : le parc offshore de Saint Brieuc / Sant Brieg, inauguré en 2024, reste dans les mains du groupe espagnol.
Cette décision interroge.
Elle ouvre un débat brûlant en Bretagne : quel avenir pour les parcs récemment installés dans notre pays ?
Et surtout, ce retrait partiel d’Iberdrola n’est-il pas le signe d’une fragilité plus profonde du secteur éolien ?
Iberdrola, un acteur mondial en repositionnement
Fondé à Bilbao / Bilbo au Pays Basque / Euskadi, Iberdrola est devenu un champion de « l’électricité verte » ou prétendue telle. Avec plus de 40 000 employés et des projets dans trente pays, il se veut un leader de la transition énergétique. Mais derrière l’image de colosse, la stratégie est claire : investir dans les marchés jugés prioritaires (c’est à dire les plus rentables), et se retirer des autres.
Ces derniers mois, Iberdrola a vendu des actifs en Hongrie et exploré des partenariats ailleurs en Europe. L’Hexagone, avec son environnement réglementaire complexe, n’apparaît plus comme un terrain stratégique.
La vente des parcs terrestres s’inscrit donc dans une logique financière et politique : concentrer les moyens sur l’éolien offshore, plus rentable, et sur les grands projets subventionnés.

Les parcs bretons concernés
La Bretagne a vu s’implanter plusieurs parcs éoliens terrestres au cours de la dernière décennie. Et plus récemment, des parcs éoliens offshore, dans notre ZEE. Iberdrola en possède une partie, sans d’ailleurs que la liste publique soit claire.
Ce qui est sûr : ces parcs et projets, parfois inaugurés à grand renfort de communication institutionnelle, pourraient changer de mains d’ici peu. Les acquéreurs potentiels sont nombreux : grands groupes français comme ENGIE, EDF ou TotalEnergies, producteurs indépendants comme Neoen ou Voltalia, ou encore des fonds d’investissement internationaux.
La conséquence ?
Des éoliennes bretonnes qui passent d’un propriétaire à un autre, sans que les habitants ni les élus locaux n’aient leur mot à dire.
Saint-Brieuc : l’exception stratégique
Pourquoi Iberdrola conserve-t-il Saint Brieuc ?
Parce qu’il s’agit d’un projet vitrine. Avec ses 496 MW installés en mer, capables d’alimenter près de 835 000 habitants, le parc de Saint Brieuc / Sant Brieg est un des piliers de la stratégie offshore du groupe.
Son coût colossal, sa visibilité politique et son importance symbolique pour la transition énergétique en Bretagne expliquent ce choix. Iberdrola ne peut pas se permettre d’abandonner ce projet-phare, inauguré en 2024 avec faste et soutenu par les autorités françaises et régionales.
Un modèle fragilisé ?
La décision de se retirer du terrestre soulève une question inquiétante : le modèle de l’éolien à terre est-il économiquement viable ?
Dans cet Hexagone hyper-centralisé, les projets souffrent de délais administratifs interminables, de recours juridiques à répétition et d’une acceptabilité sociale faible. Les coûts de maintenance sont lourds et les tarifs de rachat ne garantissent plus les marges d’hier.
Résultat : même un mastodonte comme Iberdrola choisit de céder des actifs pourtant récents. Cela ressemble fort à un signal d’alarme pour tout le secteur.
Un Crown Estate breton ?
Comme pour le Crown Estate britannique, véritable machine à détourner les richesses maritimes de l’Écosse et du Pays de Galles au profit de Londres, la Bretagne se retrouve aujourd’hui face au même mécanisme de prédation. Ici, c’est l’État central français, avec la complicité active de la Région Bretagne administrative, qui ouvre notre zone économique exclusive (ZEE) et nos terres aux multinationales étrangères. Iberdrola n’est qu’un exemple : installée grâce à des aides publiques et à un lobbying politique bien rodé, la multinationale revend aujourd’hui ses parcs comme de simples lignes dans un portefeuille d’actifs.
La Bretagne est-elle à vendre à la découpe ?
Nos ressources, notre vent, nos paysages, sont marchandés au plus offrant, loin de tout contrôle démocratique. En Écosse, la bataille pour récupérer le contrôle du Crown Estate est devenue un symbole de souveraineté énergétique. En Bretagne, il est temps de poser la même exigence : que nos richesses naturelles servent d’abord aux Bretons, et non aux actionnaires de Bilbao / Bilbo, Paris ou Londres.
Les Bretons mis de côté
On se souvient des déclarations triomphales du président de Région administrative , Loïg Chesnais-Girard, vantant la présence d’Iberdrola comme une victoire pour la Bretagne. Mais aujourd’hui, la réalité est brutale : les parcs éoliens sont traités comme de simples produits financiers.
Un jour, ils sont inaugurés avec des rubans coupés sous les flashs. Le lendemain, ils passent dans un portefeuille de vente, au gré des décisions d’un siège social situé à Bilbao.
Les Bretons, eux, n’ont pas leur mot à dire.
Ni sur l’implantation, ni sur la gestion, ni sur le devenir de ces installations.

À qui le tour ?
La vente n’est pas encore conclue. Mais la logique de consolidation est en marche. Ørsted a déjà vendu son onshore français à ENGIE en 2024. Iberdrola suit la même voie.
Le scénario le plus probable : un rachat par un grand groupe français ou par un fonds international. Dans les deux cas, l’ancrage local sera secondaire. Les investisseurs chercheront avant tout la rentabilité financière.
Pour la Bretagne et les Bretons, cela signifie moins de contrôle, moins de visibilité et plus d’incertitudes sur l’entretien, l’emploi et les retombées locales.
Un enjeu de souveraineté énergétique
Cette affaire révèle un problème de fond : la Bretagne, pourtant terre de vent et de mer, n’a pas de maîtrise sur ses ressources énergétiques.
Les décisions se prennent à Madrid, Paris ou Londres, rarement à Rennes / Roazhon, Brest ou Nantes / Naoned.
L’indépendance énergétique de la Bretagne, souvent brandie comme une priorité, reste une illusion tant que les parcs appartiennent à des multinationales ou à des fonds étrangers.
Vigilance nécessaire
La vente des parcs terrestres d’Iberdrola de l’Hexagone est un signal fort.
Elle illustre la fragilité du modèle éolien, mais aussi la dépendance des territoires bretons à des décisions lointaines.
Pour l’instant, Saint Brieuc / Sant Brieg reste une exception stratégique.
Mais pour combien de temps ? Si le groupe change de cap ou si la rentabilité n’est pas au rendez-vous, qui peut garantir que ce parc ne sera pas, lui aussi, mis en vente demain ?
👉 Alerte NHU Bretagne : la Bretagne n’est pas à vendre. Nos paysages et nos énergies ne doivent pas être réduits à des lignes dans un portefeuille d’actifs financiers.
Source : Green Univers
Plus inquiétant encore, l’opacité entretenue par l’administration. Depuis mars 2022, la Dreal ne publie plus ses données et renvoie vers la plateforme nationale Géorisques. Or cet outil, géré par le BRGM via le site Oréol, se révèle très incomplet : les porteurs de projets sont censés le renseigner, mais personne ne veille à cette obligation. Résultat, de nombreux parcs éoliens en Bretagne apparaissent sans mention de leur propriétaire. Impossible donc de recenser précisément qui possède quoi, et de mesurer l’ampleur du contrôle étranger sur nos ressources. Cette invisibilité organisée empêche les citoyens comme les élus de savoir réellement à qui appartiennent les machines implantées dans nos paysages.