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L’incroyable épopée des écoles Diwan.
En 1977, cinq familles décidaient de créer une école où tous les cours étaient donnés en breton. Aujourd’hui, 4000 élèves suivent un tel enseignement.
On dira qu’avec de tels prénoms, leur destin était écrit. En 1977, Alan, Glen, Gwenaelle, Onenn et Yann sont les cinq premiers élèves de l’école maternelle de Lampaul-Ploudalmezeau, dans le Finistère. Les tout premiers à suivre une scolarité non pas en français, mais en breton. Malgré les sourires narquois, les hostilités larvées, les craintes sincères, les propos définitifs assénés à leurs parents : « Vous êtes fous ! Vos enfants ne sauront jamais parler français ! »
Il en faudrait davantage pour les décourager.
Non seulement cet établissement atypique voit le jour, mais il fait des petits. Dès 1978, on compte douze maternelles du même type. La première école primaire ouvre en 1980, le premier collège en 1988, le premier lycée en 1994. Aujourd’hui, le réseau Diwan (« germe« , en breton) compte quelque 4000 élèves tandis que 15 000 autres apprennent la langue historique de la région dans les sections bilingues de l’enseignement public et de l’enseignement privé.
Une incroyable épopée que retrace Pierre-Marie Malégol dans un ouvrage qui vient de paraître (1). Il était bien placé pour l’écrire : non seulement il est le père d’Alan, l’un des cinq pionniers, mais il a lui-même enseigné le breton dans le privé.
Les inquiétudes initiales ont été rapidement balayées.
Non seulement tous les enfants qui suivent cette scolarité sont évidemment francophones, mais les avantages du bilinguisme précoce sont désormais reconnus. Un enfant qui parle deux langues en apprend plus facilement une troisième et il est aussi plus à l’aise dans les autres matières. « Le fait de passer en permanence d’une langue à l’autre accélère le développement des fonctions cérébrales permettant la flexibilité cognitive« , souligne la psycholinguiste Ranka Bijeljac-Babic (2). Vous êtes sceptiques ? Eh bien sachez que le lycée Diwan de Carhaix se classe régulièrement parmi les meilleurs établissements du pays pour ses taux de réussite au bac, y compris… en français.
Comme les ikastolak du Pays basque (où tout l’enseignement a lieu en euskara), dont elles se sont directement inspirées, les écoles Diwan ont également permis de modifier les représentations collectives. « Dans les années 1970, la « génération Formica » voulait se débarrasser de tout ce qui faisait l’identité bretonne : le costume, les meubles, le bocage, les maisons en pierres… et surtout la langue. Il semblait aussi logique de passer du breton au français que du cheval au tracteur« , résume dans une postface enlevée l’éditeur Yoran Delacour.
Avec cette initiative, ces précurseurs ont donc aussi réussi à renverser des idées profondément ancrées dans les esprits.
Oui, toute langue régionale peut devenir langue d’enseignement, langue de culture, langue d’élévation sociale.
Non, parler breton n’est pas … lisez la suite de mon article original dans L’Express.
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