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Nos toponymes en breton / brezhoneg sont rayés des cartes : à qui profite le crime ?
A travers le monde les langues disparaissent a une vitesse phénoménale. Elles sont remplacées avec la langue du dominant. Ou par une version déformée, hybride de la langue d’origine. Ce comportement n’a rien de nouveau. Les êtres humains l’ont fait depuis la nuit des temps.
Souvent c’est imposé comme un fait accompli. Mais n’oublions pas la participation parfois active de certains habitant a ces génocides culturels.
La première étape est d’interdire la langue dans les écoles et les endroits publics.
La deuxième et de monter une campagne de propagande pour convaincre les habitants qu’abandonner leur langue originelle sera un avantage et permettra une intégration certaine dans le domaine public.
La dernière étape est le remplacement partiel ou total des noms de lieux. De fait effaçant l’histoire locale.
La population peut être convaincue par ces remplacement de nom de rues, de chemins, de lieux dits au nom de la rentabilité, de la facilité ou du progrès. Mais le plus souvent elle l’ignore.
Un nom représente quoi ?
Les noms de lieux nous rappellent de ce qui fit part de notre passé. Des gens (rue Angela Duval), des activités (ar Goveliou, Kerangoff) et des évènements (ar Folgoad). Également ces noms nous renseignent sur la végétation, le sol, la topographie et l’hydrographie. Ainsi Moustangwern (Moustangern) nous dit qu’il y avait autrefois un ermitage près d’un bosquet d’aulnes. Les aulnes préfèrent les zones humides et se trouvent souvent sur le bord des étangs. Run-Fao signifie que sur la colline poussait des hêtres, donc un sol riche mais bien drainé. Maintenant remplacez Run-Fao par Bellevue et les informations utiles sont perdues. Si nous recherchons le nom des chemins et autres lieux dit nous apprenons des histoires, des faits, des vies qui nous enseignent la valeur du passé et peut nous servir dans le futur.
L’uniformité
La politique de consolidation des fermes a rendu difficile la conservation des noms d’origine de ce qui était autrefois des parcelles bien distinctes. Ainsi Liorzh indiquait le terrain le plus proche des bâtiments de la ferme, Maez était un champ ouvert, Palud un terrain marécageux, Enez une île ou un îlot de terre.
Dans les formulaires administratifs les numéros sont préférés aux noms, Îlot 3 Parcelle 426B a remplacé Prad Ledan. Le paysan a assez de travail et de soucis, et ne corrige pas les noms sur les formulaires. Doucement, un à un, les noms disparaissent et un repaire linguistique entre dans l’oubli.
Doucement mais sûrement le déclin de la langue arrive à un point de non-retour. Et la connaissance accumulée a travers les siècles s’éteint.
Nous avons tous notre part à jouer dans la rétention des noms de lieux.
Aussi modeste que cela paraisse, la volonté commune de sauvegarder les noms et leurs enseignements peut avoir des conséquences qui surpassent la mémoire individuelle.