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Covid-19 : pourquoi la Bretagne est-elle moins touchée en Europe ?

de Yann LUKAS
Publié le Dernière mise à jour le

Covid-19 : une Bretagne très différente.

Les épidémiologistes ne comprennent pas pourquoi l’épidémie de Covid-19 frappe beaucoup moins la Bretagne que tant d’autres régions. Ils avancent plusieurs hypothèses, censées se compléter, et sans doute en partie exactes. D’abord, le climat doux et humide, avec une permanence des vents océaniques. Ensuite, l’absence de grandes villes et la dispersion de l’habitat. Enfin, l’éloignement des grands flux de circulation et de transit.

Pourquoi pas ? Mais alors, pourquoi n’en va-t-il pas de même en Irlande ? Ce pays, à population égale à celle des cinq départements, jouit d’un climat comparable (et même plus exposé aux flux océaniques). Il est encore plus éloigné des grands flux de circulation et ne possède pas non plus de grandes métropoles (Dublin = Nantes, Belfast = Rennes).

La vérité bretonne ne serait donc pas transposable chez nos voisins irlandais. Au 3 février 2021, le nombre de décès liés à la Covid dans la Bretagne unifiée s’élève à 1467. L’Irlande déplore 3512 morts : deux fois et demie plus ! Bizarre…

J’en conclus que les explications avancées par les épidémiologistes sont insuffisantes.

Elles peuvent s’appliquer plus globalement aux départements du littoral atlantique et limitrophes : une France de l’ouest apparaît ainsi, moins soumise à la pression épidémique.
Mais alors, pourquoi les chiffres bretons restent-ils plus bas que ceux d’ailleurs, même à l’ouest ?

Un élément sociologique n’a pas été pris en compte, et il me paraît intéressant : le civisme global. Quand le Président ou le Premier ministre félicitent les Français pour les efforts accomplis chaque jour, ils ont raison. Mais le civisme a ses limites. Comme pour la vaccination, le civisme n’est efficace qu’au-delà d’un certain seuil. Si 80 % des Franciliens respectent les règles sanitaires, oui, c’est bien. Mais est-ce suffisant ? Si le taux de civisme dépasse 90, voire 95 %, l’ensemble de la population est protégé.

Beaucoup de Bretons ont été choqués de l’indiscipline des « touristes » l’été dernier …

Mais plus encore pour le second confinement et les fêtes de fin d’année. Dans le Morbihan, où je vis, j’ai demandé à vingt couples de mon entourage comment ils avaient fêté le Nouvel An. Ainsi, seize l’ont passé seuls ou avec leurs enfants vivant au domicile ! Il y a eu un tout petit plus de relâchement à Noël avec les petits-enfants, mais rien d’exceptionnel. Pourtant, le taux d’incidence de la Covid avait doublé à la mi-janvier dans le département. Oui : double.

Il ne s’agit pas de crier haro sur le « Parigot ».

Force est de constater que chaque arrivée massive de visiteurs venus du reste de la France se traduit par un nouveau palier de l’épidémie.

Plus de monde, plus de cas asympomatiques, plus de contaminations, c’est une évidence.
Moins de respect des règles sanitaires, c’est à la fois regrettable et compréhensible. Si vous habitez un petit logement parisien, que la pression sur votre vie quotidienne est beaucoup plus forte que sur la nôtre, oui, vous avez envie de marcher sur le chemin des douaniers sans ces foutus masques. Et, oui, vous oubliez parfois de les remettre dans les lieux plus fréquentés.

Où veux-je en venir ?

À deux remarques …
La première, ponctuelle : pas de confinement dans les prochaines semaines. D’accord, mais pas de déplacement inter-régionaux non plus, pour limiter la casse.
La seconde touche au malaise général de notre système politique.
La gestion de la crise devrait être confiée aux régions, l’État se chargeant des règles indispensables, des approvisionnements sanitaires et des relations internationales. L’économie bretonne pourrait s’accommoder de libertés bien plus grandes. Quitte à durcir les règles en cas de flambée épidémique. Mais pour cela, encore faudrait-il que les régions aient un réel pouvoir, comme l’Écosse ou l’État libre de Bavière (c’est son vrai nom).
On en est loin …

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