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Enseignement obligatoire ou mort programmée ?
Il en a toujours été ainsi, depuis que l’Homme a su inventer ce fabuleux mode de communication que sont les langues.
Il existe encore environ six mille langues à travers le monde. Et chaque année, des dizaines disparaissent. A jamais. Et le plus souvent, dans une indifférence généralisée.
Les langues les plus parlées.
Les cinq langues les plus parlées sur notre planète le sont par environ 2,5 milliards de personnes. Soit un tiers de la population mondiale. Ce sont le mandarin, l’anglais, l’espagnol, l’arabe et l’hindi. Puis les huit autres langues qui suivent sont parlées par environ deux autres milliards de personnes. Sur ces six mille langues, 0,2% des langues sont parlées par 60% de la population mondiale.
Il s’agit là d’une majorité écrasante.
Pour rappel, le breton, encore parlée au quotidien par plus d’un million de Bretonnes et de Bretons il y a tout juste un siècle, ne l’est plus aujourd’hui que par environ 200 000 locuteurs.
La diversité linguistique.
Huit pays concentrent à eux seuls quelques 50% des langues parlées. Dont l’Australie, le Mexique, le Brésil, l’Inde, le Nigéria, le Cameroun, l’Indonésie et le Bengla Desh. Récemment, des études de scientifiques ont démontré, sans pouvoir expliquer pourquoi, que les zones où était la plus grande diversité linguistique, étonnamment, était aussi celles de la plus importante biodiversité.
Une langue non obligatoire dans l’enseignement est condamnée à mort.
Depuis que les langues existent, il existe des constances, et des vérités absolues. Dont celle-ci : si une langue n’est pas enseignée de manière obligatoire dans les écoles, elle meurt. Dans toutes les écoles, de la maternelle aux universités.
Vous pourrez user et abuser de toutes les autres solutions envisageables de promotion, rien n’y fera. Vous pourrez éventuellement en retarder la mort, la disparition de la surface de la Terre.
Mais vous ne la sauverez pas.
C’est très précisément comme la biodiversité en ce moment. Prenons le cas des tigres du Bengale ou même celui des éléphants d’Afrique. Nous employons certains moyens pour en sauvegarder le plus possible. Mais force est de constater que leur nombre est toujours en diminution. Un espèce animale comme une langue, passe à un moment donné, en-dessous d’un certain niveau de vitalité. Nous sommes alors en stade de soins palliatifs. La disparition n’est plus bien loin.
C’est cruel mais c’est la vérité.
Rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt. Ni de faire semblant d’espérer.
Pour notre vieille langue bretonne, comme pour toutes les autres langues moins parlées du monde, il n’existe qu’une solution, une seule, pour être sauvée d’une mort certaine. C’est son enseignement obligatoire.
Vous aurez beau retourner la crêpe dans n’importe quel sens, et dans le fond, tout le monde le sait, c’est l’unique solution. L’unique solution, pour que sur cette Terre, dans cinquante ans, cette langue soit encore vivante.
L’État central le sait mieux que quiconque.
Apposer de petits pansements de fortune sur une plaie trop ouverte n’a jamais arrêté une hémorragie. Le pouvoir central du pays « des droits de l’Homme » dont le slogan commercial est « Liberté, Égalité, Fraternité » ne veut pas d’autres langues internes dans son Hexagone, que la langue française. Durant certaines périodes, il s’est beaucoup moins soucié des méthodes d’ethnocide. De nos jours, les méthodes sont plus douces. Elles n’en sont pas moins efficaces. La mort n’en sera que plus longue.
Et la période de soins palliatifs plus douloureuse.
Le pouvoir central le sait mieux que quiconque. Il lui suffit d’attendre encore un peu, en accordant quelques subsides. Comme on offre des sucreries à un enfant qui vient de se râper un genou en tombant. Pour l’occuper, détourner son attention de la douleur.
Inexorablement, la seule langue celtique encore parlée sur le continent suit le même sort que l’Éléphant d’Afrique.
Enseignement du breton obligatoire.
Toute personne sensée refusant cette solution participe activement à mener le breton à l’échafaud.
Il n’est pas possible de prétendre à la sauvegarde d’une langue et d’en refuser son enseignement obligatoire.
La langue bretonne doit entrer obligatoirement dans toutes les écoles de Bretagne. Comme la langue française y est entrée il y a un certain temps déjà. Par la grande porte.
Une co-officialité, comme le réclame les Corses ne suffirait sans doute pas. Reconnaître à statut d’égalité le corse et le breton face au français, serait un pas de géant au pays « des droits de l’Homme ». Mais reconnaître est une chose, enseigner en est une autre.
L’exemple gallois.
De l’autre côté de notre Mer Celtique, le gallois, langue celtique sœur du breton, a un statut reconnu de langue officielle. Au même titre que l’anglais. Car l’enseignement du gallois est obligatoire dans toutes les écoles du Pays de Galles. Pour plus de 600 000 jeunes. Ce sont ces générations qui apprennent leur langue aujourd’hui qui préparent l’avenir du gallois.
Pourquoi le breton ne peut-il pas bénéficier d’un tel statut ?
Exception culturelle et repli sur soi.
L’Hexagone est le seul état européen moderne qui, encore au XXIe siècle, refuse de reconnaître les langues de son territoire au même titre que celle qu’il a imposé à tous. Ce repli sur soi et cette peur maladive de l’autre vont totalement à l’encontre de cet état qui prône le vivre ensemble et l’ouverture à l’autre. De cet état centralisateur qui aime tant se prévaloir de la belle fortune « exception culturelle ».
Nous ne disons pas qu’il ne faut enseigner que le breton.
En Bretagne comme ailleurs dans l’Hexagone, nous avons bien sûr besoin de la langue française. Ainsi bien sûr, au moins de l’anglais pour communiquer avec les reste du monde. Nous disons que le breton devra bientôt être obligatoire dans toutes les écoles de Bretagne pour avoir un avenir.
Hep brezhoneg, Breizh ebet
Sans breton, pas de Bretagne
10 commentaires
L’irlandais est obligatoire pourtant le résultat est calamiteux car perçu comme l’enseignement du latin . Une langue que l’on ne parle pas et n’utilise pas au quotidien . Donc ça ne suffit pas . il faut que le reste de la société utilise le breton il faut donc aussi autre condition impérative une co-officialité .Je dirai même que c’est l’élément premier l’enseignement obligatoire en découle , n’inversons pas les choses !
Donc ces deux points sont indispensables mais ….ça ne suffit pas forcément . (cas irlandais)
il faut que la langue soit appropriée par ses habitants , il est donc impératif selon moi d’appliquer cette obligation seulement en Basse Bretagne . sinon il y aura un caractère artificiel .
En Basse Bretagne certains enfants ont encore des grands parents ou arrière grands parents bretonnnants, la toponymie est bretonne, cela fait sens .
A partir de quand, et de quoi, cela fait sens comme vous dites. On enseigne des langues comme l’anglais ou l’espagnol en Bretagne : cela fait-il sens ? Quand la langue française a été imposé dans toute la Bretagne, occidentale comme haute, cela faisait-il sens ?
Enseigner le breton est certes nécessaire pourtant l’exemple irlandais montre amplement que ce n’est pas suffisant, même si cet enseignement est obligatoire et mis en place dans toutes les écoles. Seul l’enseignement immersif et l’enseignement bilingue permettent de former des locuteurs, c’est là-dessus qu’il faut insister. Ceci est une première chose. La seconde étant qu’en sus de la formation de locuteurs il importe de créer des espaces où la langue minorée est la langue normale de communication, langue de vie, langue de travail. Il faut aménager l’espace des langues dans la société, créer les conditions favorables à l’utilisation du breton car la connaissance et la pratique régulière d’une langue, sa pratique quotidienne, sont deux choses bien différentes. Une langue, même parlée ou connue par des centaines de milliers de personnes, si elle est marginalisée dans la société, restera toujours en danger. A quoi bon connaître une langue si on ne peut pas la pratiquer nulle part, si elle n’est pas visible, si les gens ne revendiquent pas, n’exigent pas son utilisation ? Une politique linguistique doit être globale, elle ne peut pas être axée sur un seul domaine aussi important soit-il, comme l’est celui de l’éducation, bien évidemment. Mais la formation des adultes l’est tout autant, car ce sont les adultes qui forment les enfants : sans adultes formés pas de professeurs pour enseigner aux enfants. Ce sont également les adultes qui servent de référents linguistiques pour les générations futures, en commençant d’abord par transmettre leur langue à la maison et en la parlant tous les jours autour d’eux bien sûr.
Merci beaucoup de ces riches et pertinents commentaires.
Connaissez-vous l’initiative citoyenne européenne « Minority-Safepack ?
D’abord qu’est ce qu’une Initiative citoyenne européenne ? c’est un dispositif peu connu mis en place au niveau de l’Europe pour que les citoyens puissent demander aux institutions européennes de légiférer sur une revendication. C’est un peu comme le système Suisse de pétitions qui peut conduire à un référendum d’initiative populaire (système visiblement honnit par les hommes politiques en France). Dans l’initiative citoyenne européenne il n’y a pas de référendum mais une obligation d’engager des actes (si j’ai bien compris). En résumé, au lieu que la législation soit le fruit des élus ou les partis, là ce sont les citoyens qui sont à l’origine de la législation.
Minority-Safepack a été lancé par un mouvement fédéraliste européen et souhaite que les états mettent en place une véritable politique de protection et de développement des minorités culturelles et linguistiques en Europe, notamment pour les langues qui ne sont pas reconnus par nombres d’états. Leur slogan est « nous sommes un million pour la diversité en Europe ».
Pour aboutir l’initiative doit recueillir par internet ou sous forme papier 1 000 000 de soutiens, à l’heure actuelle elle a déjà obtenu plus de 600 000 soutiens et elle est bien partie pour atteindre l’objectif total. Il faut aussi qu’elle obtienne un minimum de soutiens (seuils définis par pays) dans 7 états au moins. Deux pays ont déjà largement dépassé leur seuil rien que par les soutiens par internet (que l’on peut suivre en direct en réactualisant la page web) : la Roumanie et la Hongrie. 4 autres pays (l’Espagne, la Slovaquie, la Lettonie et le Danemark) sont bien partis pour atteindre leur seuil (les soutiens sur papier ne sont pas visible par pays). Il risque de manquer un pays, si vous voulez défendre les langues minoritaires en France, soutenez Minority-Safepack, diffusez l’information et collectez le soutiens d’autres personnes. Je précise qu’il faut donner un numéro de pièce d’identité, c’est normal pour éviter que des personnes ne voté plusieurs fois.
Toutes les informations sont disponibles sur http://www.minority-safepack.eu/, en cliquant sur « Sign it » vous êtes orienté vers le site sécurisée de la Commission Européenne https://ec.europa.eu/citizens-initiative/32/public/#/.
Je peux constater une tendance à l’accélération des votes. Il faut que les Bretons, les Corses, les Basques, les Occitans, … se mobilisent pour atteindre le seuil pour la France.
je Suis Alsacienne et le revendique Haut et Fort. Mes parents nous ont , ainsi que tout le monde de notre village parlé en Alsacien. Pourquoi les bretons n’en ont ils pas fait autant???
Pourquoi les Français que nous appelons nous Alsaciens, » les Français de l’intérieur » n’ont ils eut de cesse et de nos jours Encore de Nous critiquer en nous disant » différents , froids et méprisants « » envers les Français de l’intérieur et les touristes????
Comme le dit Si bien Fulup Jakez, ,,,, l’enseignement vient avant tout des parents qui seront garants et référents dans la transmission des Us et Coutumes et Langues Régionales.
Mon regret, est de ne pas avoir transmis tout cela à mes enfants,,,, moitiés Brezohneg et Aelsasser
Peut-être que pour évoluer il faut savoir un peu lâcher prise sur certains points. Aujourd’hui on a effectivement une grande quantité de personnes Bretonnes dans l’âme mais dont le vocabulaire Breton ne dépasse pas quelques mots et expressions. Mais la langue n’est pas ce qui définit la Bretagne. Si on veut une Bretagne forte il faut surtout solliciter plus de découvertes que d’ignorances 😉
On sait tous que désormais que pour communiquer entre Bretons, il vaut mieux utiliser le Français voir l’Anglais pour certains expatriés lointains. Il faudra s’y faire, un jour le Breton aura un statut de langue morte que quelques linguistes apprendrons (ou comme le latin ou le grec ancien). Mais ce n’est pas grave, c’est une forme d’évolution pour mieux s’adapter au monde.
Prenons exemple sur une marque informatique bien connue qu’est Apple et son produit le Macintosh. A une époque on aurait pu les définir par Steve Jobs et par le processeur Motorola, puis quelques moments d’incertitudes, au passage le socle technique est passé sur PowerPC (proche) avec le maintient de son OS spécifique… Puis à un moment ils ont tout lâché, pour repartir sur du neuf avec un socle technique 99% concurrent direct : processeur Intel, Os Unix. Et pourtant, ils ont conservé leurs afficionados et même relancé leur croissance. Et même après le départ de Steve Jobs, ça tourne encore pas trop mal 😉
Donc même si tout ce qui constituait la définition d’Apple et du Macintosh ont totalement disparu, ils sont encore là ! ils ont simplement su évoluer.
Notre monde évolue, que ce soit avec ou sans nous… Il vaut mieux évoluer avec que de se faire oublier dans un coin. C’est triste pour cette belle langue mais c’est nécessaire pour conforter notre réseau désormais international de Bretons, toujours plus forts. Concentrons nos énergies dans notre équilibre économique, notre rapport national et international, la préservation de notre territoire, le soutien entre entrepreneurs Bretons, l’image de la Bretagne et des Bretons, etc…
RonanKer, Votre commentaire valide cette uniformisation de la France, du monde occidental, où les Bretons n’ayant plus aucune connaissance de leur langue d’origine se noieront dans la masse. Ils penseront comme un grand nombre d’Américains, qu’ils ont par leurs parents des origines européennes , mais cela ne voudra pas dire grand chose pour eux puis qu’ils ne parleront pas la langue de leurs parents, ne liront plus les noms de lieux, ne seront plus au contact avec la culture d’origine de leur parents. Il faut continuer a nous battre pour que nos langues d’origine survivent, car ces langues anciennes ont bien des messages a nous transmettre sur les lieux que nous habitons, sur leur histoire, sur nos liens et notre enracinement dans les pays ou nous vivons. Sans nos langues d’origine nous finirons tous par parler globish et ne plus rien comprendre à la diversité culturelle et biologique.
L’auteur de cet article ne doit pas souvent passer les portes des écoles Diwan ou dites « bilingues ». Pour l’immense majorité des élèves, le breton reste une langue étrangère. Très peu utilisent le breton en dehors de l’école, même entre eux. Et encore moins le parlent après les études. J’ai connu des anciens élèves, passés par les écoles Diwan dix ou quinze ans plus tôt, incapables aujourd’hui de tenir une conversation voire de faire une phrase correct en breton.
Cet article ne parle pas de Diwan et des écoles bilingues. Votre remarque, partiellement fondée, est hors sujet par rapport à cet article. Cet article dit que si une langue n’est pas enseignée obligatoirement dans TOUT le système scolaire, de la maternelle à l’université, elle est condamnée à disparaître. Le basque et le gallois sont ainsi obligatoires dans leurs pays respectifs, et sont depuis en bien meilleure santé.
Tant que ce ne sera pas le cas en Bretagne pour le brezhoneg, celui-ci sera condamné à mort. Tout autre artifice n’est que pansement dérisoire pou stopper l’hémorragie et vouée à l’échec. Les politiques le savent, c’est pourquoi nous parlons de soins palliatifs. Et toute personne refusant ce caractère obligatoire est, consciemment ou pas, complice de cette mise à mort.