langue régionale

Le français aurait-il pu devenir une langue régionale ?

de Michel FELTIN-PALAS
Publié le Dernière mise à jour le

La réponse est oui, bien sûr, et il aurait suffi de peu de choses pour cela.

C’est sous la forme du conte que j’ai choisi d’écrire cette infolettre cette semaine, un conte dont vous seriez le héros.
Imaginez…
Vous venez de réussir le redoutable concours de l’agrégation et vous voilà nommé dans votre premier établissement. Très vite, vous comprenez qu’aux yeux de vos collègues, vous n’êtes pas considéré comme un « véritable » agrégé. Votre « faute » ? La matière que vous avez étudiée avec acharnement pendant plusieurs années est une « langue régionale« , une discipline bien moins noble que les maths, l’histoire ou l’anglais…

Telle est visiblement l’opinion de votre proviseur, M. Ducassou, qui ne fait d’ailleurs rien pour la dissimuler.

Un signe, il a tout bonnement oublié un détail : informer les élèves de la possibilité de choisir votre enseignement en option. Car, évidemment, les langues régionales ne font pas partie des savoirs obligatoires, y compris dans les territoires où elles ont été pratiquées pendant des siècles. Résultat : pas un seul inscrit ! Cela ne semble pas perturber votre chef d’établissement plus que cela. M. Ducassou n’a jamais vraiment compris pourquoi le ministère de l’Education nationale avait fini par créer ce qu’il appelle une « agrégation de patois ». « Je n’ai rien contre les traditions, croit-il bon d’ajouter. Mais enfin, on ferait mieux de se concentrer sur l’essentiel. »

Homme de bon sens et de décisions rapides, il a néanmoins trouvé une astuce pour régler votre problème. Alors que la récréation se termine, il s’approche d’un groupe de lycéens qui s’apprêtent à se rendre en salle de permanence. Ceux-là, il le sait, ont toutes leurs options, sauf une. Aussi leur délivre-t-il son verdict : « Maintenant, vous avez trouvé celle qui vous manquait. Suivez votre enseignant. » Votre classe est donc composée d’élèves n’ayant aucune envie d’être là…

disparaître, mois, langue régionale

Une langue est toujours la minoritaire d’une autre

Heureusement que vibre encore en vous la flamme du débutant.

Ils sont ici par hasard ? Qu’à cela ne tienne ! Vous allez leur montrer la grandeur et la beauté de votre langue. Et pour cela, quoi de mieux que la littérature ? Vous demandez donc à Guilhem de lire le premier paragraphe du texte que vous avez sélectionné avec soin. Malheur ! Le pauvre l’ânonne à grand-peine, sans vraiment chercher à masquer son ennui. Son voisin en fait autant, et ce n’est guère mieux avec la plupart de leurs camarades. Seuls deux élèves paraissent d’un niveau convenable. Il faudra faire avec…

Vous êtes déçu, bien sûr, mais pas vraiment surpris. Derrière de beaux discours, et contrairement aux balivernes rapportées par le proviseur, le ministère de l’Education n’a jamais apprécié votre matière.
Quand on a une si belle langue nationale, à quoi bon s’encombrer avec les langues régionales ?
D’abord, cela ne sert à rien. Et puis, tout cela ne fleure-t-il pas le séparatisme ?

Lisez la suite sur l’article original de Michel FELTIN-PALAS

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