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Diffuser la musique bretonne en Bretagne : une urgence culturelle, économique et identitaire
Diffuser la musique bretonne en Bretagne.
La musique bretonne traverse une période difficile. Pourtant, elle reste l’un des moteurs les plus puissants de l’identité culturelle de notre pays. Elle rassemble les gens. Elle crée du lien. Elle nourrit les langues. Elle inspire les jeunes. Cependant, elle peine encore à trouver une place normale dans la vie quotidienne. Et c’est bien là que le bât blesse. Car sans diffusion, même les plus grands artistes restent invisibles.
Alors que faire pour changer cette situation ?
Comment redonner à la musique bretonne la place qu’elle mérite en Bretagne ?
Cet article propose une réponse simple, ambitieuse et immédiatement applicable.
Pour que la création musicale vive, il faut la diffuser partout où cela est possible. Dans les magasins, dans les rues, dans les transports et dans les grands évènements. Car c’est en entendant les artistes bretons chaque jour qu’on leur redonne un public, des revenus et un avenir.
Une création musicale riche… mais trop peu visible
Depuis plusieurs années, les artistes en langues bretonne affrontent des difficultés croissantes. Les ventes baissent, les aides publiques diminuent. Pourtant, la créativité reste là. Elle rayonne dans tous les styles. Elle avance. Elle expérimente. Elle innove.
Par ailleurs, cette création porte bien plus que des chansons. Elle porte les langues. Elle porte l’histoire. Elle porte un imaginaire collectif partagé. Elle fait partie de ce qui nous identifie comme peuple breton. Cependant, elle manque d’un élément essentiel : la visibilité. Sans elle, les artistes peinent à vivre de leur art. Et, malheureusement, la Bretagne se prive de l’un de ses atouts culturels majeurs.
Quand la diffusion manque, tout l’écosystème s’affaiblit
Aujourd’hui, la musique bretonne souffre surtout d’un manque de diffusion.
Ce n’est pas un problème de qualité. Ce n’est pas un problème d’offre. C’est un problème de place dans l’espace public. Parce que les supermarchés diffusent des playlists standardisées. Parce que les transports utilisent des musiques génériques. Parce que les rues des villes restent silencieuses alors qu’elles pourraient devenir vibrantes.
Cela crée un cercle négatif. Les artistes sont moins entendus. Les salles se remplissent moins. Les revenus baissent. Et l’ensemble de la filière subit les conséquences. Pourtant, cette filière représente des centaines de professionnels : techniciens, ingénieurs du son, salles, studios, festivals, hébergement, restauration…
Elle constitue un écosystème économique complet qui mérite un soutien massif.
De plus, ce manque de diffusion prive les Bretons d’une présence sonore naturelle. Et cette absence fragilise aussi les langues. Car une langue qu’on n’entend plus est une langue qui s’affaiblit.
12 millions d’euros qui s’envolent hors de Bretagne
Les chiffres le montrent clairement. En 2024, la Sacem a délivré plus de 51 000 autorisations de diffusion en Bretagne. Cela représente 28,3 millions d’euros de droits. Sur cette somme, près de 12 millions d’euros quittent la Bretagne. Ils vont vers des artistes français très diffusés, déjà soutenus par les grandes radios nationales. Ils vont aussi vers des majors situées à Paris, Londres ou Los Angeles. Ils ne reviennent donc ni aux artistes, ni aux studios bretons.
Pourtant, les droits Sacem sont identiques.
Autrement dit, diffuser un artiste breton ou un artiste international coûte exactement la même chose. Le choix de diffuser local n’ajoute aucune dépense. Il oriente simplement la création de valeur vers la filière bretonne.
Ainsi, un simple changement de playlist peut transformer des milliers de vies professionnelles.
Une solution simple : diffuser massivement les artistes bretons
Il existe une réponse immédiate : rendre la musique bretonne omniprésente là où les gens vivent et circulent.
Les magasins peuvent diffuser des artistes bretons. Les transports publics aussi, et les évènements le peuvent également. Les mairies peuvent suivre. Les associations aussi. Les entreprises privées tout autant. Cette diffusion quotidienne créerait un cercle vertueux. Les artistes gagneraient en visibilité. Ensuite, ils rempliraient plus facilement leurs concerts. Puis ils vivraient mieux de leur travail. Enfin, la création musicale retrouverait une dynamique.
De plus, cette diffusion donnerait aux jeunes une fierté nouvelle. Elle rendrait audible la diversité musicale bretonne. Et elle montrerait que la Bretagne valorise ses expressions culturelles.

Une charte bretonne de diffusion musicale : le modèle Ya d’ar Brezhoneg
Pour aller plus loin, la Bretagne peut créer une charte de diffusion de la musique bretonne, calquée sur l’esprit de Ya d’ar Brezhoneg. Ce dispositif existe déjà pour la langue bretonne et il fonctionne bien. Un équivalent musical permettrait d’engager:
- les entreprises,
- les commerces,
- les collectivités,
- les organisateurs d’évènements,
- les transporteurs,
- les acteurs culturels.
Chacun s’engagerait à diffuser un pourcentage de musique bretonne dans ses espaces sonorisés. Cela peut être 20 %, 40 % ou plus. Ce pourcentage serait modulable selon les niveaux d’engagement.
Une association comme Produit en Bretagne pourrait porter la démarche. Car la musique n’est pas seulement culturelle. Elle est aussi économique. Elle fait partie d’un modèle local. Mais cette association Produit en Bretagne n’a t-elle pas déjà perdu son âme et renié quelques convictions bretonnes ?
Pourquoi c’est indispensable pour l’avenir de la Bretagne
Choisir de diffuser les artistes bretons, c’est faire un geste simple. Mais c’est aussi faire un geste puissant. Cela renforce les langues et donne une place normale à l’identité bretonne. Cela valorise la création contemporaine. Et cela crée de l’emploi.
Ensuite, cela envoie un message clair : la Bretagne investit dans sa culture. La Bretagne soutient ses artistes et fait vivre ses langues. La Bretagne se construit elle-même.
Et c’est exactement ce que nous défendons à NHU Bretagne. La musique bretonne ne demande pas la charité. Elle demande une diffusion normale dans le pays qui l’a fait naître.
Il est temps d’agir
La Bretagne regorge de talents musicaux. Elle a des artistes, des langues, des voix, des styles, des innovations. Cependant, tout cela manque encore de visibilité. Pourtant, changer cette situation ne coûte rien. Au contraire, cela rapportera beaucoup. Il suffit d’un choix collectif, simple et assumé : diffuser partout la musique bretonne en Bretagne.
Parce que la Bretagne mérite d’entendre sa propre musique. Parce que ses artistes méritent de vivre de leur art. Et parce que notre culture mérite d’être audible chaque jour.