La toponymie en langue bretonne ne cesse de reculer depuis des décennies.
La loi 3DS a accéléré le processus de francisation de nos campagnes par l’obligation de donner un nom à toutes les rues. Des toponymes hors sols prennent la place de nos vieux noms de hameau en langue bretonne qui disparaissent de l’adressage.
L’association Koun Breizh a reçu quantité de courriers de personnes attristées d’avoir perdu leur vieux nom de lieu-dit.
L’urbanisation croissante conduit à la création de lotissements sur des champs nommés en breton. Personne ou presque n’a l’idée de donner dans ces nouveaux lotissements des appellations en langue bretonne ou gallèse.
Sommaire
Nous connaissons les difficultés des maires.
Confrontés à l’obligation de modifier l’adressage, ils délèguent la mission, moyennant quelques milliers d’euros, à La Poste qui n’a que faire de nos considérations linguistiques.
Ce sont les Bretons qui paient aujourd’hui pour débretonniser leur territoire !
Et nous ne pourrions rien faire ?
Au nom de quoi faudrait-il se résigner ?
Parce que l’école de la république nous a appris que le français était la « langue supérieure » ?
Parce que ceux qui viennent d’ailleurs ne connaissent pas le breton ?
Parce que ce sont les communes qui sont compétentes et pas la région ?
La lutte pour la préservation de notre toponymie est un combat contre la bêtise.
Il n’y a rien de plus stupide que de remplacer un nom de lieu-dit millénaire, et chargé de sens en breton, par une « Rue des Lilas ».
Notre toponymie témoigne de nos racines et de ce qui nous relie en tant que breton.
C’est aussi pour cette raison que certains veulent la voir disparaître.
Mais les Bretons veulent la préserver. Ils l’ont démontré de multiples manières, en écrivant, en créant des comités locaux, en organisant des conférences ou en saisissant l’Unesco.
Pour sauver une langue, il faut une volonté.
C’est ce que des associations rassemblées dans le collectif du 1er Juin demandent à la région Bretagne administrative aujourd’hui.
Si le critère de l’extrême urgence n’apparaît pas suffisamment caractérisé, l’Unesco considère que notre toponymie bretonne participe du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et appelle les pouvoirs publics à la sauvegarder.
Il en résulte que la voie normale d’inscription de la toponymie bretonne – article 16 – sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité reste ouverte. Les associations réunies dans le collectif du 1er juin viennent de solliciter un rendez-vous auprès du Président de la région Bretagne, Mr Loïg Chesnais-Girard, pour que l’État central soit saisi et accepte de proposer à l’Unesco l’inscription de notre toponymie sur cette liste.
Cette reconnaissance symbolique contribuerait à renforcer la considération que l’on doit à notre langue et qui manque trop souvent cruellement.
Il faudra encore lister les dommages occasionnés à notre toponymie et initier un plan de remise en état.
Pour sauver notre langue, il faudra une volonté politique qui fait encore trop souvent défaut. Lorsque la Bretagne ne résiste pas, elle s’efface. Nous sommes à un tournant de notre histoire, alors que tant de structures bretonnes, comme Diwan, connaissent de graves difficultés financières.
C’est par une volonté forte et de tous les instants que nous sauverons nos langues.
Illustrations NHU Bretagne