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Une centralisation pathologique autour de Paris : tare unique en Europe
Centralisation pathologique autour de Paris.
Il suffit parfois d’un simple visuel pour faire basculer une opinion. Ces cartes de densité de population, toutes issues de la base de données Kontur Population 2022, en sont une démonstration éclatante. Elles révèlent, avec force, une réalité géopolitique que l’on devine sans toujours l’objectiver : la France est le seul grand pays d’Europe où une seule ville concentre à ce point la population et le pouvoir.
Alors que les grands pays européens affichent des structures urbaines équilibrées, la carte de l’Hexagone, elle, présente un déséquilibre vertigineux. Paris forme un pic démesuré. Autour, un territoire presque vide, où des villes pourtant importantes paraissent anecdotiques. Ce contraste n’est pas une illusion graphique. C’est le reflet d’une organisation du territoire profondément inégalitaire.
Royaume-Uni : entre domination londonienne et vitalité régionale
Certes, Londres domine le Royaume-Uni. Toutefois, la comparaison cartographique avec la France reste éclairante. Sur la carte britannique, de nombreux autres pôles urbains apparaissent nettement : Manchester, Liverpool, Birmingham, Newcastle en Angleterre; Glasgow / Glaschu et Édimbourg / Dùn Èideann en Écosse; Cardiff / Caerdydd au Pays de Galles / Cymru; Belfast / Béal Feirste dans le nord de l’Irlande, etc …
Ces villes concentrent une forte densité de population et bénéficient, dans une certaine mesure, de compétences politiques indépendantes du pouvoir central londonien.
Bien sûr, Londres reste hégémonique dans la finance et les institutions. Cependant, le Royaume-Uni a su maintenir une forme d’équilibre territorial. L’existence de nations constitutives (Écosse, Pays de Galles, nord de l’Irlande) avec des gouvernements locaux donne à ces régions une capacité de décision partielle mais réelle. Cela se ressent aussi dans l’aménagement du territoire.
🗺 Carte 1 – Royaume-Uni : Londres domine, mais les grandes villes d’Écosse, du nord de l’Angleterre et du Pays de Galles maintiennent une présence forte.

Espagne : des régions fortes, des villes puissantes
L’Espagne, de son côté, offre une véritable alternative au modèle français. Certes, Madrid est une capitale importante. Mais elle n’écrase pas le reste du pays. Barcelone en Catalogne, Valence, Séville, Bilbao en Euskadi, La Corogne, Palma, entre autres, forment un maillage de villes puissantes, politiquement et économiquement.
Ce n’est pas un hasard. Depuis la fin du franquisme, l’Espagne a adopté un modèle d’autonomies régionales. La Catalogne, le Pays basque, la Galice ou l’Andalousie disposent de compétences larges, notamment en matière d’éducation, de santé, ou de développement économique. Les régions peuvent ainsi construire des politiques adaptées, et leurs capitales régionales en bénéficient directement.
🗺 Carte 2 – Espagne : un réseau urbain diversifié qui repose sur une structure d’État autonome, unique en Europe du Sud.
Allemagne : le modèle du fédéralisme assumé
En Allemagne, le paysage est encore plus équilibré. Sur la carte, aucune ville ne surplombe démesurément les autres. Berlin est capitale, mais elle ne domine pas Francfort, Munich, Hambourg, Cologne ou Stuttgart. Chaque région (Land) possède un poids politique, économique et culturel réel.
Ce modèle fédéral fonctionne. Il permet aux grandes villes de se développer indépendamment de Berlin, en répondant aux besoins spécifiques de leurs habitants. Les décisions ne viennent pas « d’en haut », mais se construisent sur place, avec une vraie autonomie budgétaire et législative. Cela permet également une meilleure répartition des investissements publics et privés.
🗺 Carte 3 – Allemagne : un équilibre territorial remarquable grâce au fédéralisme. Chaque Land porte sa dynamique propre.
Italie : un pays aux équilibres nord-sud
Même l’Italie, pourtant historiquement marquée par une forte centralisation depuis l’unification, offre aujourd’hui une répartition urbaine plus équilibrée que celle de la France. Rome, certes capitale, n’éclipse ni Milan, ni Turin, ni Naples, ni Bologne. Le nord industriel, avec Milan et Turin, coexiste avec le sud incarné par Naples ou Palerme.
Depuis plusieurs décennies, l’Italie tente de corriger ses déséquilibres territoriaux. Des politiques fiscales spécifiques ont été mises en œuvre pour soutenir certaines zones, notamment dans le sud. La diversité géographique de la péninsule, combinée à des identités locales fortes, empêche une centralisation aussi extrême que celle de la France.
🗺 Carte 4 – Italie : une répartition nord-sud cohérente, avec plusieurs pôles dynamiques, y compris sur les îles.
L’Hexagone : le désert au pied de Paris
Et maintenant, comparons avec la carte de l’Hexagone. Le verdict est sans appel.
Un immense pic surgit au nord : Paris.
La capitale écrase tout.
Autour, de petits reliefs urbains symbolisent Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux en France … Nantes en Bretagne… Mais l’écart est si grand qu’il en devient ridicule.
La carte met en évidence ce que les chiffres confirment : près d’un quart du PIB national est produit en Île-de-France.
Tous les centres de décision y sont concentrés : ministères, sièges sociaux, grandes écoles, médias, institutions européennes, etc. Même les lignes de TGV sont construites en étoile autour de Paris.
C’est un monopole invisible et total.
🗺 Carte 5 – France : Paris capte tout. Le reste du pays est sous-représenté, marginalisé, dépendant.
On dirait la Tour Eiffel se dressant sur Paris
Un modèle hérité… mais dépassé
Cette hypercentralisation n’est pas nouvelle. Elle est l’héritage direct de la monarchie absolue et de la Révolution française, qui a consolidé l’État autour de la capitale. Napoléon a renforcé cette tendance avec la création des préfets. Et aujourd’hui encore, la Ve République perpétue ce système vertical et autoritaire.
Mais ce modèle est à bout de souffle. À l’ère de la transition écologique, de l’intelligence territoriale, de la démocratie participative et du télétravail, la centralisation est devenue un frein. Elle étouffe les initiatives locales, retarde les projets, bride les énergies.
Elle produit un pays inégal, injuste, inefficace.
Pourquoi ça concerne la Bretagne ?
La Bretagne est un exemple concret.
Pays dynamique, créatif, riche en savoir-faire et en talents, elle reste pourtant étouffée par la dépendance à Paris.
Les décisions stratégiques se prennent ailleurs. L’université, la santé, les infrastructures, les ports, la culture, les langues : tout est filtré par un État central, souvent indifférent à la réalité locale.
Et pourtant, si elle avait plus de marges de manœuvre, la Bretagne pourrait devenir en Europe un modèle de développement durable, maritime, innovant et humain.
Mais cela suppose un changement de paradigme.
Une République des régions : une nécessité vitale
Ces cinq cartes disent la même chose : la France est seule contre l’évidence.
Tous les autres pays ont su, à des degrés divers, déconcentrer, décentraliser, équilibrer. La France, elle, reste figée.
Ce n’est plus une question technique. C’est une question politique.
Faut-il maintenir cette verticalité délétère ?
Ou faut-il construire une république des nations et des peuples, plus horizontale, plus juste ?
Cinq cartes et une urgence démocratique
Ces cartes ne sont pas de simples illustrations. Elles montrent un modèle français à bout de souffle. Dévoilent un Hexagone, assemblage fracturé, déséquilibré, sous tension. Elles posent une question simple et radicale : jusqu’à quand Paris décidera-t-elle pour tout le monde ?
Pour la Bretagne, l’Alsace, pour la Corse, l’Occitanie, l’Euskadi … Et pour tous les autres peuples et nations oubliés.
La réponse doit être : assez.
Re ‘zo Re
#BretagneAutonomie
#DeciderNousMemes
2 commentaires
très explicite les cartes = un dessin vaut mille discours !
Cela n’empêche pas Nantes et Rennes d’avoir la grosse tête.