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La Grande Guerre à mille kilomètres dans l’est de la Bretagne.
Novembre : ayons une pensée en ce moment pour nos Grands Pères et Arrières Grands Pères. Pour tous ceux qui ont dû, un jour, quitter leur village ou leur ferme de Bretagne. Pour être déplacés de mille kilomètres à l’est et survivre avec d’autres qui ne parlaient pas leur langue. Dans des tranchées de boue et d’horreur.
Ainsi, de tous ceux qui furent contraints de s’enterrer comme des rats durant des mois sur cette frontière franco-allemande, les Bretons étaient parmi les plus éloignés. Mais ils en ont été aussi parmi les plus victimes.
Comme le disait le Général français Nivelle (commandant en chef des Forces Françaises en 16 et 17) : « Ha ! J’en ai envoyé des Bretons et des Bretons aux premières lignes ».
Il ne faisait qu’obéir aux ordres.
Selon les sources, la Bretagne a perdu entre 100000 et 240000 hommes. Soit de 4% à 9% de sa population de l’époque. Autant d’hommes en moins, force de travail et brittophones pour la grande majorité.
Car ceux qui ont le plus subi de pertes avec les Bretons durant cette Grande Guerre (le terme « Grande » est-il bien approprié ?) furent d’autres « indigènes ». Comme on appelait les Africains à l’époque : 5,75% de leur effectif.
Quant aux pertes les plus faibles, et tant mieux pour eux, ce fut parmi les soldats du sud de l’Hexagone et de la région parisienne.
Novembre et mémoire
Car cette abominable guerre et les pertes excessives parmi les soldats de Bretagne furent pour la Bretagne une des pires calamités de son Histoire.
En effet, nos villes et nos campagnes furent vidées de leurs forces les plus vives. Puis la vie quotidienne et l’économie bretonne seront considérablement et durablement perturbées. Autre conséquence, sans doute utile pour le pouvoir central de l’époque, ce fut une rupture historique pour la langue bretonne.
Parce qu’à cette époque tous les hommes de Bretagne occidentale étaient naturellement brittophones. Chaque soldat bretonnant mort sous une balle ou une mine allemande, et ceux qui furent exécutés par une balle française d’un peloton, ont amené avec eux un peu de l’avenir de notre langue.
Pourquoi tant de Bretons ne sont pas revenus de cette boucherie ? Comme ce sera encore plus tard le cas dans d’autres guerres lointaines.
Car cette guerre inhumaine a tué près de dix millions de soldats. Également tué près de neuf millions de civils, et blessé environ vingt millions de personnes.
Mais la nature humaine, jurant dès 1918 qu’on ne l’y reprendrait pas … remettait cela seulement vingt ans plus tard.
En Novembre surtout, je pense à mon Grand Père cornouaillais qui fut déplacé contre son gré, pendant plus d’un an. Loin des siens et de sa terre, dans une guerre inutile …
Sources :
www.grande-guerre-1418.com/index.php?option=com_content&task=view&id=62&Itemid=27
87dit.canalblog.com/archives/2012/09/19/25330874.html
sites.univ-rennes2.fr/cerhio/IMG/pdf/Appel_a_communication_La_Grande_Guerre_des_Bretons_mai_2014-3.pdf
Carte par www.EnEnvor.fr
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11 NOVEMBRE : RECHERCHE MAIRES BRETONS ICONOCLASTES
Depuis quelques années, en Alsace-Moselle, certains maires – ils sont très peu nombreux –
organisent, le 11 novembre, les traditionnelles commémorations de l’armistice mettant fin à la guerre de 14-18. Ce jour-là, ces maires rendent hommage aux 50 000 soldats
alsaciens et mosellans tombés en défendant leur patrie d’alors, l’Allemagne. Soucieuse d’amplifier
ce très timide mouvement, une association vient d’envoyer une lettre aux maires des trois départements
concernés, leur demandant « d’organiser dans leurs communes respectives une commémoration du
11 novembre digne, honnête et respectueuse de l’histoire. » Demande courageuse, qui irait complètement
à l’encontre de la doxa rabâchée depuis un siècle par l’histoire officielle à la française, à savoir que les
Alsaciens-Mosellans auraient été rétifs à servir dans l’armée allemande. Des études historiques sérieuses
seraient peut-être mener de ce côté-là. En Bretagne, bien sûr, la question ne s’est même pas posée en
août 1914. La Bretagne étant territoire français, les Bretons étaient priés d’aller se faire hacher menu au nom de
la défense de la patrie. Et pourtant… Combien se sont fait tuer stupidement parce qu’is ne comprenaient
pas les ordres qu’on leur donnait, puisqu’ils ne parlaient que le breton? Et quel mépris à leur encontre,
à l’image du général Robert Georges Nivelle, commandant en chef des armées françaises en 1916-1917,
lequel déclarait, aux soirs des assauts au Chemin des Dames, « mais qu’est que j’en ai consommé (sic), des Bretons
aujourd’hui! » Alors, messieurs les maires de Bretagne, peut-être, en lieu et place des « Madelon, viens nous servir à boire!’
chanté en ce jour du 11 novembre, peut-être un mot, un petit mot, pour remettre certaines choses en place,
en vous éloignant un peu des discours officiels et bien cadrés que vous êtes priés de prononcer ce jour-là.
Michel LE TALLEC
Mon grand-père a fait TOUTE la guerre dans l’artillerie lourde du côté de Verdun. 4 ans, comment peut-on? Il est revenu alcoolique et violent. Au retour, il a eu 11 enfants…il s’est pendu en 1949. Je ne l’ai pas connu, mais je pense à lui qui n’avait rien demandé et était déjà enfant naturel, ne parlant que le breton. Je pense à toute notre famille qui a payé cher toute cette misère le reste du siècle.
Je suis triste.
« Selon les sources, la Bretagne a perdu entre 100000 et 240000 hommes ».
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Cette phrase appelle une précision et une question de fond.
La précision: quelle(s) source(s)?
La question de fond: comment identifie-t-on un soldat mort durant/à cause de la première guerre mondiale?
Par exemple:
. quid des disparus (estimés à 100.000 sous la seule terre de Verdun, sans parler des autres points d’affrontements majeurs: Chemin des Dames, etc…)?
. quid des soldats tués au front, après le 11 novembre à 11heures, date et heure de l’entrée en vigueur de l’Armistice (il parait que la seule matinée du 11 novembre a connu 11.000 pertes sur le terrain, ce qui en dit long sur la violence des combats jusqu’à la dernière minute et au-delà)?
. quid des gazés ou blessés très graves décédés après la fin du conflit, dans les semaines, les mois, les années qui s’ensuivirent….?
On aimerait que tous ceux qui avancent des chiffres (militaires ou historiens) s’expliquent sur ces points qui ne sont pas marginaux.
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Une autre question surgit aujourd’hui.
Quand un politique ou un commentateur ou statisticien parle de Bretagne aujourd’hui, de quel périmètre géographique parle-t-il ? La région administrative (quatre départements) de 2021, la péninsule géographique et historique (cinq départements, la Bretagne de1914-1918)?
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Les chiffres maintenant.
. 240.000. Ce chiffre figurant sur le monument aux morts du sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray /Santez Anna Wened a longtemps été considéré comme la référence officielle. Il inclut naturellement le pays de Nantes (Loire-Atlantique)
. 130.000. Ce chiffre, qui est donc une estimation basse, provient d’un colloque tenu à Brest (sauf erreur) il y a quelques années. Colloque dont il a été fait état dans la presse à l’époque, et je n’ai jamais réussi à trouver le rapport sur le net. Si quelqu’un connaît une adresse de téléchargement, merci d’en faire part publiquement. La question (évoquée au point 1) « qu’est-ce qu’un mort 14-18 « pour les participants à ce colloque n’a jamais été précisée, à ma connaissance.
. 180.000. Cette estimation à mi-parcours entre les deux chiffres précités (240.000 / 130.000) semble recevable. Elle provient d’un article de presse récent.
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Ce qui reste certain, au-delà des drames individuels et familiaux qui ont touché la quasi-totalité des communes de ce pays, c’est que la guerre de quatorze / ar brezel pevarzek a constitué un véritable suicide pour l’Europe. Elle a provoqué de nombreux re-découpages territoriaux et provoqué le déclassement économique et politique de l’Europe au plan mondial, jusqu’à nos jours…
« [Caïn] Qu’as-tu fait! Ecoute le sang de ton frère [Abel] crier vers moi du sol! »
(Gn 4,10, traduction Bible de Jérusalem, éd. Fleurus/Cerf, imprimatur1999)
« Petra ac’h eus graet? Mouezh gwad da vreur a c’harm war-zu ennon eus an douar »
(levr ar C’heneliezh 4,10, Bibl Lec’hvien, embannadurioù Penkermin 2018)
(Geneliezh 4,10, Bibl embannadur An Tour tan 1980, troidigezh diwar an hebraeg gant Per ar Gall ha Job Lec’hvien, imprimatur 1980)
Sparfell, pour aller au-delà de ce mépris à l’encontre des Bretons, j’ai encore souvenir (dans un ouvrage quelconque) qu’un capitaine les maudissait, les traitant d’alcolos et ne comprenant rien à rien ! Petite question au passage : que feriez-vous si vous saviez que vous vivez vos derniers jours, entouré d’un bout de bras, d’une jambe ou d’un crâne défoncé ? L’inhumation étant très souvent périlleuse. Les corps étant souvent enterrés sur place. D’autre part, certains commentaires sur ces Poilus (terme péjoratif désignant ceux du front, par les planqués de l’arrière, et ils furent nombreux croyez-moi), sont méprisants. En effet, pour rajouter à cet horrible tableau, les historiens prétendaient que dépourvu de nourriture, les « Poilus » mangeaint du rat. Les parisiens auraient-ils donc oublié que durant les grandes disettes ils faisaient de même ? Et que ces « sales bestioles » étaient sur tous les bons étals marchands? Mais il faut savoir que c’est souvent contraints et forcés que nos soldats bretons ingurgitaient ces bêtes (bien préparées, cela ressemble à du lapin). Car ce qui les rebuttaient étaient que ces rats dévoraient les cadavres de leurs compagnons tombés à leurs côtés. Donc manger du rat était comme manger (indirectement) l’un des leurs ! Une sorte de cannibalisme en fait. Quand l’on est 15 jours sans ravitallement (témoignage oral recueilli avec un ancien du Chemin des Dames), et que vous êtes relevé, c’est un grand soulagement. Ce jour là, sur le chemin du retour, ils passèrent près d’un verger de prunes, et devinez ce qu’il advint !!!? Ils se précipitèrent à l’assaut du verger et dévorèrent les beaux fruits bien mûrs. Hélas, les gloutons (je les comprend) furent mal récompensés, et certains moururent peu de temps après. Mon témoin, prudent, et ingurgita quelques-unes et en emporta d’autres qu’il mangea tout le long du parcours. Dans un autre registre, sachez que les meneurs des grêves des mines du nord de la France (au début de ce siècle), furent incorporés dans les unités frontales (celles qui subissaient le plus de pertes). Cette guerre aurait bien pu se terminer avant l’heure, mais l’esprit de revanche dominait les débats. Et croyez-moi, en ce jour du 11 novembre 1918, miracles il y eût, à foison : les pseudos-fous retrouvèrent la raison, les aveugles voyaient de nouveaux, les boîteux trottinaient, les sourds entendaient, la liste est longue…. Ces faux malades retrouvèrent enfin la liberté, heureux d’avoir échappé au pire. Je n’oublie pas les vrais malades, traumatisés à vie par ces scènes sanglantes, qui ne cessèrent de se remémorer, en silence ou en paroles, quelques bribes de ces horreurs. Les écoutait-on au moins ? Aide psycologique absente, il ne souhaitèrent pas, pour la plupart, décrirent ce qu’ils vécurent pour ne pas traumatiser leurs enfants et petits-enfants. Pour eux, c’était la Der des Der !! Pour terminer, il est inconcevable de ne pas connaître, à un homme près, le nombre de morts de cette guerre. Leur souvenir est pourtant gravé dans toutes les communes de Bretagne (église ou monument aux Morts). Ce chiffre (à la louche) démontre le peu d’égard consacré à leur mémoire. Mais à dire vrai, comment peut-on, ou oserait-on, quantifier un traumatisme national ?