Le Conseil régional de Bretagne administrative a réagi aux récents développements favorables à l’autonomie en Corse par un vœu adressé à l’État central revendiquant une évolution identique pour la Bretagne réunifiée. Après le silence de Chesnais-Girard, ce vœu initié par le groupe Breizh a-Gleiz a le grand mérite de mettre le problème sur la table.
Nul n’ignore plus que, sans autonomie législative et règlementaire, nous ne pourrons rien faire en Bretagne dans les domaines qui nous concernent le plus.
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Mais qu’obtiendrons-nous au final ?
Chesnais-Girard et le parti socialiste au pouvoir en Bretagne depuis vingt ans n’ont jamais cherché à progresser sur le terrain d’un statut particulier marquant l’émancipation de la Bretagne. Un tant malmené par la vague des Bonnets Rouges, le pouvoir régional avait mis en place un groupe de travail pour réfléchir au statut de la Bretagne. Ce groupe de travail a vite cessé ses investigations, l’orage passé.
Jean Jacques Urvoas nous a parlé de l’Assemblée de Bretagne, structure cumulant les compétences des départements et de la région. Nous n’avons rien vu venir car le parti socialiste compte au nombre de ses élus de nombreux conseillers départementaux.
Ceux qui militent pour la réunification de la Bretagne connaissent la portée d’un vœu formulé par le conseil régional.
Ils sont déjà nombreux les vœux prononcés par la région Bretagne en faveur de la réunification….
Le vœu n’a aucune portée juridique et reste du domaine de l’incantation.
On peut s’en féliciter, certes, mais le vœu participe aussi de cette duplicité que dénoncent ceux qui s’interrogent lucidement sur les raisons qui font que nous ne sommes toujours pas réunifiés.
Nous subissons le jeu de dupes du Parti Socialiste consistant à soutenir que, via le Conseil régional , il est favorable à la réunification alors que le Conseil départemental de Loire atlantique sous contrôle PS ne l’est pas, que les maires PS des grandes métropoles Rennes, Nantes, Brest et Saint-Nazaire ne le sont pas lorsque la question se pose et privilégient le grand ouest pour que rien ne bouge. Quant au pouvoir socialiste aux affaires à Paris, lorsqu’il dispose de tous les leviers, il choisit le statu quo.
N’est-ce-pas là une duplicité du PS au regard de la Bretagne et de son émancipation progressive ?
Alors que peut-on espérer vraiment de ce nouveau vœu ?
Il faut être réaliste. Nous n’avons rien à espérer de ces gens dont le métier est la politique et dont la préoccupation majeure consiste à conserver le Pouvoir. Ils font partie d’un système politique national. Si Chesnais-Girard avait été favorable à un statut particulier pour la Bretagne, nous le saurions depuis longtemps. Il aurait déjà remis en place une commission de travail composée de constitutionnalistes et d’élus de tous les groupes, pour forger le statut particulier qui aurait déjà été adopté solennellement par l’assemblée du conseil régional. Et la pression aurait été mise sur l’Etat depuis fort longtemps pour obtenir gain de cause.
Là où il y a une volonté, il y a toujours un chemin.
Lorsqu’il n’y a pas de volonté, on choisit les faux-fuyants. Il sera tellement confortable de dire en fin de mandat que rien n’a été fait car l’Etat saisi n’a pas donné suite.
Je suis pessimiste ? Je ne demande qu’à être démenti par une initiative forte qui pourrait être prise prochainement par le Président de la région Bretagne administrative.
L’Histoire tranchera.
Rendez-vous dans cinq ans.
L’État central ne s’inquiète pas outre mesure.
Fort de son socle cohérent autour du principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi, il ne croit pas en la volonté des responsables politiques bretons d’émanciper leur territoire. Il n’y croit pas car il sait très bien que, tant que les formations politiques parisiennes contrôleront le jeu politique local, rien ne se produira de sérieux. On restera dans les faux semblants et dans l’incantation. La Bretagne restera coupée en deux. Nous resterons les plus mauvais quant à l’enseignement de nos langues et soumis à la loi de Paris en toutes choses.
C’est qu’il en faut de la volonté pour faire reculer les dogmes de l’État-nation unitaire et indivisible.
Le vœu sera sans doute le degré ultime de la volonté politique affichée par Chesnais-Girard et rien ne bougera tant que les Bretonnes et les Bretons resteront les éternels dupes des partis parisiens.
Tant que nous ne serons pas capables de prendre le pouvoir et resterons soumis aux formations politiques parisiennes, nous resterons victimes du double jeu de nos élus.
1 commentaire
Sachant que personne ne souhaite vraiment un grand rassemblement breton indépendant permettant une avancée politique, va-t-on continuer à pleurer sur notre sort, a s’associer à des partis français, que l’on va ensuite conspuer ? Ce voeu , il faut vraiment que l’on en parle autour de nous, nos compatriotes vont tomber des nues , car jusqu’ici c’était un sujet tabou , Essayez de dire à vos voisins, familles que cette demande d’autonomie a été proposée par l’ensemble des élus de B4 (sauf les RN) , que d’ici 5 ans 50% des instits pourraient être des enseignants bilingues, et vous verrez leurs réactions de surprise, souvent défavorables sinon sceptiques. C’est difficile d’attaquer le pouvoir alors que nous ne nous bougeons pas les fesses ! Les Corses avancent avec beaucoup de mal face au conservatisme français , ici on se plaint !