Si en France l’étranger est celui qui fait peur, en Bretagne il est souvent celui qui inspire.
Il faut dire que si le combat breton n’existe que dans un seul pays, il résonne avec tous les autres combats de libération des peuples à travers le monde.
Près de nous beaucoup de pays avancent vite, et la Bretagne est en retard. Certes elle prend son temps, mais elle regarde vers l’étranger, ce qui ne manquera sans doute pas de l’inspirer.
Sommaire
En Écosse …
La revendication nationale a été très discrète sur de longues périodes, mais l’esprit n’était pas mort. En 1997 un référendum permet la création d’une Assemblée écossaise. Il est remporté à 74,5 % de voix. Le vote contient également une seconde question, pour que cette assemblée puisse lever l’impôt, le « Oui » a également répondu en majorité, à 63,5 %.
Depuis trois décennies, le succès du nationalisme écossais a été de séparer la question identitaire et culturelle de la question politique liée à l’autonomie et l’indépendance. Il a proposé concrètement la création d’un nouveau pays, organisé autre chose que le modèle imposé par Londres. La stratégie a été payante par la prise de l’autonomie, puis la consolidation de l’idée d’indépendance par les actes et les politiques publiques menées par les nationalistes.
Au Pays de Galles…
L’autonomie est aussi arrivée par un référendum en 1997, remporté d’une courte majorité. En 2007, un nouveau référendum accepté à 63 % des voix, élargit et renforce les compétences du parlement gallois. Aujourd’hui, on n’a jamais autant parlé d’indépendance au Pays de Galles et en Écosse. Tout a changé en vingt ans, grâce à l’expérience de l’autonomie, grâce à la prise de conscience qu’il était possible de s’organiser sans Londres, comme il est possible de le faire ici sans Paris.
Au Pays Basque et en Catalogne…
L’autonomie est mise en place en 1979, à la fin de la dictature franquiste. Depuis, le peuple catalan a voté en 2006 un statut d’autonomie renégocié avec Madrid, et accepté à 73,23 % des voix. De même, plusieurs consultations sur l’indépendance, puis un référendum sous répression policière en 2017, ont montré des majorités politiques et populaires indéniables en faveur du « Oui ».
En Corse…
De nombreux statuts ont vu le jour depuis 1982, souvent pour diviser ou enliser le mouvement nationaliste dans des avancées bien en-deça des espérances. L’Assemblée de Corse est finalement devenue une collectivité unique en 2018, en pointe des territoires « français » d’Europe à avancer vers l’autonomie. C’est à ce moment qu’après de longues années de progression, le mouvement nationaliste, regroupé entre autonomiste et indépendantistes, remporte les élections et l’assemblée corse.
Dans tous ces pays, quand on a pu voir ces luttes, ces lieux, ces personnes qui portent les combats de ces peuples, on mesure en Bretagne tout le chemin qu’il nous reste à parcourir.
Dans tous ces pays, les mouvements politiques ont travaillé la société sur la durée, installé des idées claires sur la question nationale, remporté petit à petit les espaces politiques, officiels ou non.
En Bretagne, les idées claires sur la question et le projet national n’étaient généralement pas dans les élections. Et dans les élections, les propos bretons étaient réduits à de la préoccupation de seconde zone ou à du folklore. Si la Bretagne prend son temps, c’est sans doute aussi de la faute du nationalisme breton, qui n’a pas encore été suffisamment à la hauteur. Et pourtant, lui aussi a résisté, construit, semé.
Chaque pas en avant est déjà un bout de route qu’il n’y aura plus à refaire.
Quand le nationalisme breton moderne est apparu, la Bretagne avait officiellement disparu. Parler d’indépendance s’assimilait à de la folie ou de la manipulation étrangère. Même le régionalisme le plus tiède était vu comme un étrange extrémisme politique.
Depuis, l’Irlande amputée d’un de ces pays est devenue indépendante. Les pays des États espagnol et britannique sont devenus autonomes. L’Écosse a voté sur l’indépendance. La Catalogne, même sous les matraques, a voté sur l’indépendance. La Corse a élu une majorité nationaliste pour gérer sa nouvelle collectivité unique.
La Bretagne et l’indépendance
En 2000, un sondage CSA donne 23 % des Bretonnes et Bretons pour l’indépendance.
Puis en 2013, le magazine Bretons donne un sondage à 18 % pour l’indépendance.
En 2019, DIBAB finance un sondage qui montre un résultat favorable à plus de 60 % pour la création d’une Assemblée de Bretagne, dans les quatre départements de la région administrative. Et plus de 50 % en Loire Atlantique. Pour ce département, le projet de référendum de réunification semble bel et bien lancé et même si tout se jouera dans la campagne, des sondages favorables donnent depuis longtemps le « Oui » en tête.
Tous comptes faits, le bout du chemin n’est peut être pas si loin.
1 commentaire
Article intéressant mais je ne suis que très partiellement d’accord.
Il y a comme une impression que cette présentation se fait en opposition de la France et non en regard de la Bretagne…
Pas sûr du tout que l’étranger inspire la Bretagne, tiut simplement parce que la Bretagne dispose de la capacité de s’inspirer d’elle-même…
Certes, les Bretons n’ont aucune difficulter à regarder et tenter de comprendre ce qui se fait à l’étranger, mais c’est plus par saine curiosité et amour de la connaissance générale…
Certes, dans le contexte coloniale actuel, les exemples étrangers sont utiles, mais plus comme un justificatif de notre propre démarche par perte de confiance de s’affirmer dans ce contexte colonial…
Rappellons que si la Bretagne est une colonie, ce n’est pas le cas pour l’Ecosse ou la Catalogne…
Plus pour la Corse et les pays bretons insulaires… tout en étant moins violent que le cas breton.
En fait, la Bretagne concentre un maximum de difficulté de par cette situation coloniale, qui touche directement à l’égo du colonisateur comme dernier élément de son empire déchu…
Mais la Bretagne relève la tête seule et de manière inéluctable même si nous aimerions une célérité plus prononcée…