ac'hem

Ac’hem

de Yes Breizh

Ac’hem

On voit depuis quelques mois maintenant de plus en plus de tags sur les murs de Bretagne avec ce nom qui interroge : ac’hem.
Surtout dans le Kreiz Breizh, le centre du pays.

Que signifie cet acronyme ac’hem ?

Mais d’abord, qu’est-ce qu’un acronyme ?
Un acronyme est un sigle qui se prononce comme un mot. Le tag ac’hem est bien un sigle qui ne se prononce pas comme une suite de lettres (comme FLB dont on prononce les trois lettres distinctement) mais bien comme un mot à part entière : ac’hem.

Ac’hem veut dire : Ar C’Hallaoued Er Maez.
La traduction en langue française de ac’hem est « les Français dehors« .

Il y a toujours eu en Bretagne cette expression Ar C’Hallaoued er maez, en particulier dans les milieux nationalistes.
Ces derniers vouent depuis longtemps, dans l’Histoire de Bretagne, une méfiance, voire pour certains une haine, pour ceux qui ont annexé par la force la Bretagne vers 1532, et lui ont causé tant de tourments depuis.

ac'hem yes Breizh
ac’hem yes Breizh

Mais pourquoi cette recrudescence, et sous cette forme plus nouvelle, du tag ac’hem ?

Imaginez la Bretagne comme un récipient et les Français comme les gouttes d’eau d’un robinet mal fermé.
La Bretagne est bonne fille, et a toujours eu un grand coeur pour accueillir, parfois même le pire. Mais cela fait maintenant trop longtemps que cela dure. Le récipient, même de grande capacité, est dorénavant plein.

En cette ère du tout numérique, les Bretonnes et les Bretons entendent et lisent d’autres visions du monde que celles des médias d’état largement payés pour nous prêcher la « bonne parole » de la version officielle du pouvoir central et de ses alliés locaux. L’opinion publique bretonne compare les autonomies et indépendances des autres peuples et nations d’Europe au statut de « région » sous tutelle du pouvoir d’un État central parisiano-centré. D’un point de vue linguistique, cette même opinion publique assiste au développement du gallois au Pays de Galles et à l’éradication organisée du breton en Bretagne.
Pour ne prendre que ces deux seuls exemples.

Il y a déjà longtemps que l’UDB Union Démocratique Bretonne dénonce ces situations
Il y a déjà longtemps que l’UDB Union Démocratique Bretonne dénonce ces situations

Pour la Bretagne, les malheurs viennent surtout de l’est

Face à ces situations discriminatoires de plus en plus évidentes, le regard se tourne, comme toujours, dès lors qu’il s’agit de malheurs pour la Bretagne, vers le pays de l’est.
Donc vers Paris, vers le reste de l’Hexagone; ce que d’aucuns nomment la France.
Cela fait au moins cinq siècles que le malheur vient de l’est, et rien ne peut nous faire penser que cette situation va changer, peut changer.

Bien au contraire, l’État central donne tous les signes d’un raidissement de son attitude vis-à-vis des autres peuples et nations composant l’Hexagone. Et les résultats des actuelles élections législatives renforcent considérablement la présence à l’Assemblée parisienne de députés hostiles aux intérêts vitaux de la Bretagne.
De Paris, la Bretagne est vue comme une EHPAD, un camp de vacances et de loisirs, un « territoire » lointain où cacher la misère, sans oublier un terrain militaire stratégique à la pointe de l’Europe.

Le réflexe normal et logique est donc, pour certains, de plus en plus nombreux, ce phénomène de rejet, et de sauvegarde à la fois : Ac’hem Ar C’Hallaoued er Maez !

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La Bretagne n’est pas votre EHPAD !

On apprend que quelques dix mille retraités étrangers, essentiellement français, vont venir s’installer en Bretagne chaque année.
Après le Maroc, le Portugal et quelques autres destinations exotiques plus lointaines et moins tempérées, la Bretagne serait vouée à accueillir tous les retraités de l’Hexagone, du monde ?
Les pays du sud de l’Europe ou du nord de l’Afrique sont certes moins chers, mais les voyages coûtent de plus en plus pour venir en région parisienne ou vers Grenoble voir les enfants et suivre ses soins dentaires remboursés.
Là-bas, les températures sont de moins en moins supportables.
Alors, les retraités optent de plus en plus pour une destination plus proche et plus tempérée, la Bretagne.

Qui sont ces retraités qui viennent terminer leur vie en Bretagne ?

Parmi ces retraités immigrants, il y a des Bretonnes et des Bretons qui avaient quitté leur pays étant jeunes pour travailler et produire ailleurs. Là-bas, ils apportèrent de la richesse. Ici, ils deviendront au fil des ans une charge.
Et puis, il y a les retraités qui sont parfois, voire souvent, venus en Bretagne pour des vacances estivales. Et qui face à tant de beauté et de générosité, et face aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur région ou pays (températures excessives, pénurie d’eau, insécurité …) se souviennent et viennent s’installer pour terminer paisiblement leur vie.

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Quels sont les bouleversements et troubles occasionnés par ces retraités immigrants en Bretagne ?

L’immobilier
Globalement les retraités qui investissent en Bretagne ont un niveau de vie plutôt confortable et du temps disponible.
Ils peuvent donc acquérir en Bretagne des biens à prix relativement élevés, faisant grimper d’autant les prix des habitations, surtout en bord de mer et en campagne. Ce qui empêche dès lors les « locaux » d’acquérir ces logements, ne bénéficiant pas du même pouvoir d’achat. Les retraités acquièrent les logements les plus agréables et les actifs sont relégués en zones périphériques plus isolées.

La francisation
Bénéficiant de temps disponible, ces retraités étrangers s’investissent souvent, et c’est très bien, dans des associations ou des conseils municipaux de villes et de villages. Leur intégration se passent généralement très bien. Mais trop souvent malheureusement, tôt ou tard, ces personnes trouvent trop compliqués les noms en breton des rues et des lieux-dits et les font franciser.
De même dans des associations où le fest-noz annuel est remplacé par un bal populaire.

La Bretagne de cinq millions d’habitants doit pouvoir, souverainement, décider d’elle-même sur ce sujet.

Nous ne refusons pas l’installation de retraités en Bretagne, bien au contraire.
Nous disons juste que notre pays ne peut en accueillir que raisonnablement et que nous devons gérer nous-mêmes ces flux.

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La Bretagne n’est pas votre cache-misère !

Depuis plusieurs années déjà, et bien plus encore à l’approche de vos Jeux Olympiques, Paris et d’autres grandes villes de l’Hexagone organisent le dispersement de personnes isolées et de familles en situation de grande précarité, vers des zones moins densément concernées.
Le monde entier va regarder Paris et quelques grandes autres métropoles recevant des épreuves sportives. Il vous faut cacher la misère que vous générer, à défaut de la soigner.
La Bretagne, là aussi, là encore, est seulement considérée comme une variable d’ajustement, votre cache-misère.

La Bretagne de cinq millions d’habitants doit pouvoir, souverainement, décider d’elle-même sur ce sujet.

Nous ne refusons pas d’accueillir en Bretagne la misère d’ailleurs, ayant déjà la nôtre; bien au contraire.
Nous disons juste que notre pays ne peut en accueillir que raisonnablement et que nous devons gérer nous-mêmes ces flux.

Ac'hem

La Bretagne n’est pas votre camp de vacances

Oui, la Bretagne est un beau pays, un des plus beaux d’Europe selon beaucoup de visiteurs qui connaissent bien le continent.
Pour les mêmes raisons que précédemment évoquées, à savoir le coût de la vie, la météo tempérée et l’insécurité (pour n’en citer que trois), la Bretagne est devenue une destination vacances de premier ordre dans l’Hexagone et bien au-delà.

Bon an, mal an, quelques 90 millions de touristes étrangers visitent l’Hexagone, en faisant ainsi la première destination touristique du monde en millions de visiteurs.
Mais ramené au ratio touristes étrangers / population permanente, la Bretagne et ses 15 millions de touristes étrangers surpasse largement ce champion du monde (source : NHU Bretagne)
Ce qui sous-entend une sur – fréquentation touristique énorme en Bretagne.
La Bretagne ne peut plus, et ne doit plus, recevoir autant de touristes. Face aux quelques bénéfices privés de ce tourisme de masse, les dommages publics sont de plus en plus catastrophiques.

tourisme en Bretagne
sur fréquentation touristique en Bretagne


Environnement et pollutions

Un pays ne peut pas accueillir pour quelques semaines seulement, plus de trois fois sa propre population permanente annuelle sans que cela cause rapidement de graves dommages à l’environnement.
Imaginez un instant l’Hexagone recevoir le même taux de touristes que la Bretagne, c’est à dire 3,12 fois sa population. Au lieu des quelques 90 millions, ce serait près de 210 millions de visiteurs …

Ressources en eau

Certes, la Bretagne dispose traditionnellement de ressources importantes en eau. Mais cette eau, surtout à cause d’une agriculture intensive destinée à nourrir 25 millions de personnes quand nous ne sommes que cinq millions, est de qualité souvent médiocre.
Accueillir des millions de touristes pour seulement quelques semaines estivales nécessite des infrastructures de stockage, de traitement et de distribution d’eau potable totalement sur-dimensionnées pour la population permanente. Population qui paye cher durant douze mois pour le confort et le plaisir de visiteurs de passage.

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Transports

La Bretagne connaît de plus en plus de goulots d’étranglement dans les transports et les mobilités durant les périodes de forte affluence touristique. Le réseau routier totalement gratuit, hors les voies express, n’est pas prévu pour recevoir le trafic automobile de quinze millions de touristes étrangers s’ajoutant à celui des presque cinq millions de résidents permanents.

Logement

Le problème principal que l’on rencontre en Bretagne en termes d’habitat est celui des résidences secondaires.
Ce problème des résidences secondaires en Bretagne vient s’ajouter au fait que les retraités immigrants ont déjà fait main basse sur une partie de l’immobilier.

La Bretagne de cinq millions d’habitants doit pouvoir, souverainement, décider d’elle-même sur ce sujet.

Nous ne refusons pas d’accueillir en Bretagne les amoureux et passionnés de notre pays, bien au contraire.
Nous disons juste que notre pays ne peut en accueillir que raisonnablement et que nous devons gérer nous-mêmes ces flux.

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7 commentaires

L A New 2 juillet 2024 - 10h39

Le premier blocage à faire est d’empêcher la famille Le Pen de mettre la main sur notre pays. Une nécessité compte tenu de la manière dont elle foule aux pieds les valeurs de partage, d’accueil et d’humanisme de notre Bretagne ainsi que de ses manipulations détestables.
Un mot également concernant le respect et la défense de nos eaux et de nos sols…agir rapidement pour empêcher l’invasion des algues vertes dont on connaît parfaitement la provenance.

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Anne Merrien 2 juillet 2024 - 12h36

« Le malheur vient de l’est » : une explication qui cède à la facilité. Ce n’est pas l’Etat qui a jeté la pétition de Bretagne Réunie à la poubelle. Il suffit de lire les lois (toujours en vigueur) : consulter sa population au sujet de son changement de région est une compétence exclusive du Conseil départemental de la Loire-Atlantique. Comment Grosvalet a-t-il pu faire croire que tout était la faute de Paris ? Tout simplement parce qu’on veut toujours croire que le malheur des Bretons vient d’ailleurs.
Il ne faut pas méconnaître un autre problème à résoudre : les élus qui financent la culture bretonne sont les mêmes qui ne veulent surtout pas entendre parler de Réunification. Accepter leurs subventions, c’est se lier les mains, c’est renoncer à la Réunification. Cela explique aussi la perdition de la pétition.
J’avais vu cet acronyme au bord des routes. Je pensais qu’il s’agissait de l’abréviation d’ « ac’hamen ! » (fi ! eh bien !). Quant à la toponymie bretonne, nos élus ont commencé à la massacrer tout seuls comme des grands.

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Colette TRUBLET 2 juillet 2024 - 17h27

On peut échanger des arguments en veux-tu en voilà … C’est la faute à qui ? Qui c’est le plus malin ? Qui c’est celui-là? etc…c’est qui qui fait quoi? qui est responsable? On va finir par s’embrouiller. Pour mettre un peu d’ordre dans nos idées je dirais bien que nous confondons les bons et les méchants. Voulons nous ignorer que nos élus et nos gouvernements ne nous représentent pas? Ils votent des lois sous contrainte des énarques, des grands savants de la politique et de la finance, qui sont rémunérés par qui? Les médias sont la propriété de qui? On sait tous que les marchands mondialisés pillent toutes les richesses sous le regard impassible de nos élus qui n’y voient que du feu quand ils sont sincères ou qui savent profiter des aubaines quand ils ont l’occasion de leur rendre service en votant bien. A ma connaissance aucun gouvernement ne se bat pour son peuple. Les peuples sont abusés, endettés, assujettis au dollar pour la plupart (ça ne va pas durer : le rouble et la monnaie chinoise relèvent le nez). Si nous continuons comme ça, les révoltes vont fleurir. Les excités vont brandir des pavés et des gourdins, les peureux vont soutenir la police et l’armée pour avoir la paix et demain sera pire qu’aujourd’hui. N’oublions pas que les marchands ont le pouvoir de l’argent. Nous n’avons que notre intelligence pour réagir. Nous avons su au fil des millénaires inventer des mots et des langues pour nous parler et mieux nous comprendre entre nous. Continuons, Réfléchissons entre nous : Comités de concertations, conventions citoyennes, discussions, informations : des médias libres s’expriment sur les réseaux sociaux, des chercheurs s’expriment : Des jeunes, des plus anciens, de toutes les couleurs et de toutes les opinions. Et des échanges comme ici sur NHU. Il faut re-écrire la constitution et partir de nos besoins existentiels vitaux, rien de plus, rien de moins; J’énumère : sécurité, nourriture, vêtement, logement, éducation, instruction, information, formation professionnelle, circulation. Neuf domaines indispensables. Nous ne sommes pas des enfants. Les peuples dont nous faisons tous partie se croient dépassés par la science et par leurs élites. Il ne faut pas confondre la compétence avec la sagesse. Les nazis étaient très compétents et très savants côté criminel. La sagesse nait dans les peuples, comme les langues. Les peuples ont droit à l’autodétermination et au respect de leurs frontières. (à rappeler à Poutine vis à vis de l’Ukraine, à Hollande du côté de la partition de la Bretagne, au gouvernement Français du côté de la colonisation/Annexion de la Bretagne.) Bref reprenons la parole entre nous réinventons la constitution locale nationale mondiale à partir de nos neuf besoins existentiels. Juste un peu de jugeotte. Nous avons une intelligence collective à faire valoir et à mettre dehors tous les marchands du temple ….

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Penn kaled 3 juillet 2024 - 10h36

Je partage entièrement votre article très objectif ,mesuré et qui prend garde de tomber dans la xénophobie, car le terrain peut s’avérer glissant et peut amener à succomber à l’extrémisme tels certains groupuscules bretons, qui paradoxalement portent de très mauvais coups à notre cause.

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Jean-Luc Laquittant 5 août 2024 - 18h59

Colette Trublet est un une très Grande Dame ! et pourtant elle est méconnue.

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burban 6 août 2024 - 22h14

Ret eo deomp da zijlabin an amzer tremenet abaoe pell , da lared kredin ennomp evit krouin un amzer da zont ;

Ret eo da zeskin brezhoneg , Bretoned komzit brezhoneg dre-oll ha peurgetken ho pugale , difennit hor yezh ar vammenn evit hon pobl a zo o vont da genel adarre a-drugarez dezhi !

Bec’h dei !

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