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12 Historiens bretons libres pour une Histoire de Bretagne racontée par des Bretons
Dans toute l’Europe, l’Histoire est souvent racontée par les vainqueurs. Et la France ne fait pas exception.
Pire : elle a élevé cette partialité au rang d’idéologie d’État. Depuis des siècles, l’Histoire officielle de la Bretagne y est réduite, tronquée ou déformée pour justifier sa domination. La vérité historique est alors sacrifiée sur l’autel d’une fantasmée unité nationale.
Mais il existe une autre Histoire de Bretagne.
Celle écrite par des Historiens libres. Libres, c’est-à-dire non inféodés à l’État central français, non financés par des organismes comme le CNRS ou des universités financées par ce même État central. Des hommes, parfois religieux, parfois juristes, parfois autodidactes, mais tous passionnés et engagés pour la mémoire de leur pays, la Bretagne.
Ces Historiens bretons libres ont refusé de se soumettre.
Ils ont fouillé les archives, recoupé les sources, refusé la censure et bravé l’oubli. Grâce à eux, une autre lecture de notre Histoire de Bretagne existe encore aujourd’hui. Voici une sélection de douze grands Historiens de Bretagne, classés par époque, tous animés par ce feu sacré de la vérité.

Historiens bretons de la période médiévale et Renaissance
Alain Bouchart (vers 1440 – vers 1514)
Secrétaire des Ducs de Bretagne, Alain Bouchart est l’auteur des Grandes Chroniques de Bretagne. Il est l’un des premiers à compiler l’histoire des ducs bretons dans une démarche politique. Il cherche à légitimer l’indépendance de la Bretagne face aux appétits français. Ses écrits reflètent la vision d’une Bretagne souveraine. Ils ont largement influencé les générations suivantes. Loin des fables parisiennes, ses chroniques sont une source majeure pour comprendre le récit breton avant l’annexion.
Bertrand d’Argentré (1519 – 1590)
Juge et juriste à Rennes / Roazhon, Bertrand d’Argentré est un pilier du droit breton et un historien engagé. D’Argentré rédige une Histoire de Bretagne dans un style humaniste et structuré. Contrairement à la version capétienne de l’histoire, il réaffirme les libertés bretonnes. Il s’oppose même frontalement à l’annexion de 1532. Longtemps censuré par la monarchie française, son œuvre connaît un regain d’intérêt chez les partisans de la mémoire bretonne.
Historiens de l’époque moderne
Guy-Alexis Lobineau (1666 – 1727)
Moine bénédictin, Lobineau écrit une Histoire de Bretagne monumentale, publiée en 1707. Bien qu’ecclésiastique, il affirme la spécificité historique de la Bretagne. Son travail repose sur de nombreuses archives originales. Il y défend la continuité du peuple breton, du haut Moyen Âge jusqu’à son temps. Ce n’est pas une histoire folklorique, mais bien une tentative de restitution fidèle de la vérité historique.
Dom Morice (1693 – 1750)
Moine mauriste et érudit, Dom Pierre-Hyacinthe Morice publie les célèbres Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne. Ce travail colossal réunit des centaines de documents d’archives, lettres, chartes et témoignages. Ce n’est pas une simple histoire, mais une mine de sources authentiques pour tous les futurs historiens bretons. Aujourd’hui encore, ses volumes font autorité.
Grâce à lui, la mémoire de la Bretagne n’a pas été effacée.
Historiens bretons du XIXe siècle
Arthur de La Borderie (1827 – 1901)
Fondateur de l’historiographie bretonne moderne, Arthur de La Borderie s’inscrit en rupture avec l’histoire officielle française. Il publie une Histoire de Bretagne fondée sur les sources médiévales, avec rigueur et méthode. Patriote breton, il dénonce l’effacement de la mémoire collective. Son œuvre est immense. Elle a inspiré des générations de chercheurs engagés dans la renaissance bretonne. Son travail reste l’un des plus cités et étudiés.
Marcel Planiol (1853 – 1931)
Professeur de droit à Rennes, Marcel Planiol s’intéresse aux institutions propres à la Bretagne. Dans son Histoire des institutions de la Bretagne, il démontre l’existence d’un droit breton distinct, structuré et ancien. Marcel Planiol prouve que la Bretagne ne fut jamais une simple province, mais une nation dotée de lois, d’un parlement, et de libertés fondamentales. Une gifle pour les centralisateurs jacobins.

Historiens du XXe siècle
René Pocquet du Haut-Jussé (1907 – 1979)
Spécialiste reconnu de l’histoire religieuse bretonne, René Pocquet du Haut-Jussé travaille sur les rapports entre l’Église et les institutions du duché. Contrairement à d’autres, il refuse de réduire la Bretagne à un folklore catholique. Il restitue la profondeur intellectuelle et spirituelle du peuple breton. Son approche est à la fois rigoureuse et fidèle à la vérité des sources. Son indépendance intellectuelle en fait une référence incontournable.
Léon Fleuriot (1923 – 1987)
Linguiste et Historien de haut niveau, Léon Fleuriot est l’auteur de Les origines de la Bretagne, ouvrage fondamental. Il y retrace l’histoire des Bretons insulaires venus s’installer en Armorique. Il replace la Bretagne dans un contexte celtique et européen, bien loin du roman national français. Son érudition est immense. Il est l’un des rares à avoir fait le lien entre langue, peuple et territoire dans une perspective cohérente.
Historiens contemporains
Louis Mélennec (né en 1941)
Médecin, juriste et Historien, Louis Mélennec est un auteur engagé. Il dénonce la colonisation de la Bretagne par la France. Ses travaux sont considérés comme « controversés » par les institutions de l’État central. Mais ce n’est pas pour leur qualité – souvent irréprochable – mais parce qu’ils dérangent. Il affirme que la Bretagne a subi une dépossession violente de son Histoire. Il a documenté, preuves à l’appui, les mécanismes d’aliénation culturelle et politique orchestrés depuis Paris.
Jean-Jacques Monnier (né en 1944)
Historien et géographe, Jean Jacques Monnier est aussi un grand vulgarisateur. Il publie de nombreux ouvrages à destination du grand public. Très actif dans les médias bretons, il milite pour une réappropriation populaire de l’Histoire de Bretagne. Il refuse les simplifications de l’histoire scolaire. Il travaille régulièrement avec d’autres chercheurs libres.
Son objectif : rendre aux Bretons leur mémoire collective.
Jean Kerhervé (né en 1946)
Professeur d’histoire médiévale, Jean Kerhervé est un spécialiste des institutions ducales. Il explore l’économie bretonne du XVe siècle, le fonctionnement du gouvernement ducal et les relations internationales de la Bretagne. Très attaché à la méthode scientifique, il conserve une liberté de ton rare. Il met en lumière la modernité politique du duché. Un sujet que l’histoire officielle préfère éviter.
Jean-Christophe Cassard (1951 – 2013)
Médiéviste réputé, Jean Christophe Cassard est un spécialiste du haut Moyen Âge breton. Il s’intéresse notamment à l’identité bretonne dans les premiers siècles après la migration des Bretons insulaires. Il refuse les amalgames avec l’histoire française. Cassard explore les dynamiques propres aux Bretons dans une perspective transnationale. Il a contribué à réinsérer la Bretagne dans le concert des nations européennes médiévales.
Une autre Histoire de Bretagne est possible
La Bretagne ne manque pas d’historiens. Mais la plupart sont aujourd’hui insérés dans des structures étatiques françaises. Ils évitent les sujets qui fâchent, et contribuent à maintenir la version officielle du pouvoir central. À l’inverse, les Historiens de Bretagne libres, comme ceux présentés ici, ont bravé la censure, le mépris académique ou les pressions politiques. Leur œuvre permet aujourd’hui de reconstruire un récit breton cohérent, fidèle et digne.
Bien sûr, il en existe d’autres.
Mais trop souvent, les chercheurs dits « loyaux » à la République sacrifient leur rigueur à la ligne idéologique dominante.
Le travail de mémoire est un combat.
Celui pour la vérité historique de la Bretagne n’est pas terminé.
#HistoireDeBretagne
#RacontonsNotreHistoieNousMemes
Illustration NHU Bretagne générée par ChatGPT4 : trois personnages clés de l’Histoire de Bretagne (le Roi Arthur, Nominoë premier Roi de Bretagne et la Duchesse Anne de Bretagne)
1 commentaire
Je viens de lire « Nouvelle histoire des Bretagnes » de Jean-Luc Lacquittant, un point de vue riche d’informations qui sortent des sentiers battus, l’auteur est un intelligent observateur non estampillé université nationale. et je viens de relire l’histoire de Bretagne de Yann Brékilien.Lui on voit ce qu’en raconte son coeur mais ses références sont fines nombreuses, convaincantes. Il était magistrat (c’est du sérieux!) et druide, ce qui est forclos à l’université officielle. C’est difficile d’avoir un coeur…