Face à l’IA qui va se développer considérablement et très vite, existe t-il encore un espace pour les associations culturelles bretonnes ?
Comment et vers où doivent elles s’orienter pour continuer à jouer un rôle, voire tout simplement pour continuer à exister ?
Oui, il existe encore un espace pour les associations culturelles bretonnes face au développement rapide de l’intelligence artificielle, mais leur rôle et leurs stratégies doivent évoluer très rapidement pour s’adapter à ce contexte.
Sachant que la première mesure à prendre est de sortir peu à peu (si cela n’est déjà pas trop tard pour certaines) de l’assistanat des subventions des pouvoirs régional et centraux (Paris et Bruxelles).
Nous vous proposons huit pistes d’orientation pour qu’elles continuent à jouer un rôle central et assurent leur pérennité :
Sommaire
Redéfinir leur valeur ajoutée : le lien humain et la transmission vivante
Les associations culturelles bretonnes doivent se positionner sur ce que l’IA ne peut pas offrir :
- L’interaction humaine directe : Organiser des événements, des ateliers et des rencontres physiques ou hybrides pour transmettre un savoir, une pratique ou une expérience de manière incarnée.
- L’expérience émotionnelle : L’IA peut fournir des informations, mais elle ne transmet pas l’émotion d’un fest-noz, d’un chant traditionnel ou d’une légende racontée par un expert.
Miser sur l’éducation et la formation
Les associations peuvent devenir des références pour l’apprentissage en profondeur :
- Cours de langue bretonne : Développer des cours immersifs et interactifs pour l’apprentissage du breton, en complément des applications numériques. En attendant, qu’un jour peut-être, l’Américian Chat GPT ou le Chinois DeepSeek intègre notre langue.
- Initiation au patrimoine immatériel : Transmettre des savoir-faire (danses, chants, artisanat) que l’on ne peut véritablement apprendre qu’avec un mentor humain.
- Partenariats éducatifs : Travailler avec les écoles, lycées et universités pour intégrer la culture bretonne et l’Histoire de Bretagne dans les programmes.
Tirer parti de la technologie
Les associations bretonnes doivent embrasser la technologie pour mieux se faire connaître et élargir leur portée :
- Numérisation et archivage : Créer des bases de données accessibles, des archives interactives, ou des applications immersives sur le patrimoine breton.
- Plateformes collaboratives : Utiliser l’IA pour faciliter les recherches historiques, mais en y apportant un regard humain et critique. Essayez Breizh IA!
- Présence en ligne renforcée : Développer des sites web modernes, des réseaux sociaux dynamiques et des contenus multimédias (podcasts, vidéos, expériences VR). Et là, quasiment toutes les associations culturelles bretonnes sont en retard, très en retard.
Devenir des lieux de réflexion et de critique sur la culture à l’ère numérique
Les associations peuvent se positionner comme des laboratoires de réflexion sur les impacts du numérique et de l’IA sur les cultures locales :
- Études critiques : Étudier la représentation de la Bretagne dans les outils d’IA, repérer les biais ou lacunes, et proposer des corrections ou améliorations.
- Valorisation de l’éthique culturelle : Militer pour une IA respectueuse des cultures régionales, en veillant à ce que les traditions ne soient pas standardisées ou simplifiées à outrance. Mais ce militantisme a sa limite, face aux géants que sont les entreprises américaines et chinoises qui dominent le secteur. Qui dominent aujourd’hui, et qui, à coup de centaines de milliards de dollars, travaillent en ce moment même à l’émergence de nouvelles IA encore plus puissantes qui deviendront écrasantes.
Collaborer pour maximiser les forces
Les associations doivent dépasser le cloisonnement et développer des partenariats.
Et là, les Bretons n’ont-ils pas un souci ? Ne dit-on pas « Deux Bretons, une association; trois Bretons, une dissension« ?
- Entre associations : Coopérer pour mutualiser les ressources et les initiatives, comme une plateforme commune de diffusion culturelle bretonne.
- Avec des entreprises technologiques : Travailler avec des développeurs pour intégrer des contenus culturels bretons dans des outils d’IA ou des applications éducatives.
- Avec la diaspora : Mobiliser les Bretons du monde entier pour co-créer des projets et maintenir un lien culturel global.
Renforcer leur ancrage local
Face à une IA globale et standardisée, les associations doivent se recentrer sur l’échelle locale :
- Créer des événements de proximité : Favoriser les initiatives communautaires comme les marchés artisanaux, les cours de danse et de langue, les expositions itinérantes, les évènements politiques …
- Impliquer les habitants : Faire participer activement les communautés dans la préservation et la valorisation de leur patrimoine.
Se positionner comme des gardiennes de la culture bretonne
À l’ère de l’IA, les associations peuvent jouer le rôle d’experts garants de l’authenticité :
- Validation des contenus numériques : Collaborer avec les outils d’IA pour vérifier et enrichir les informations liées à la culture bretonne.
- Veille et protection : Surveiller que la culture bretonne ne soit pas mal interprétée ou appauvrie par des algorithmes.
Diversifier les modes de financement
Pour survivre, elles doivent assurer une autonomie financière.
L’aumône qu’elles reçoivent, toutes, du pouvoir central, est tout sauf un modèle économique viable.
Si pour des raisons politiques ou budgétaires (ce qui est le cas actuellement) ces aides financières s’arrêtent ou diminuent, les associations culturelles bretonnes font de même. Ou elles disparaissent ou elles réduisent leurs activités.
Ce système clientéliste, pour ne pas dire de type colonial, n’a que trop duré. Pratiquement toutes les associations culturelles bretonnes ont été nourries à la subvention depuis trop longtemps. D’où la grande difficulté, voire l’impossibilité pour certaines, de s’en sevrer.
- Adhésions et mécénats : Attirer des membres ou mécènes en valorisant l’importance de la sauvegarde culturelle.
- Crowdfunding : Financer des projets spécifiques via des plateformes participatives.
- Produits culturels : Créer et vendre des produits dérivés (livres, guides, enregistrements) issus de leur expertise.

Comment dit-on « intelligence artificielle » en breton ?
Il est des langues plus originales que d’autres! Les Anglais et les Français ne se sont pas foulés 🙂 Tu changes l’ordre des mots et deux ou trois lettres, et le tour est joué : L’IA devient l’AI.
En brezhoneg / breton, c’est de la N.A. pour Naouegezh Alvezel.
Face à l’IA, quel avenir pour les associations culturelles bretonnes : une complémentarité à inventer
Les associations culturelles bretonnes ne doivent pas, ne peuvent pas, rivaliser avec l’IA. Le combat est perdu d’avance.
Par contre, elles peuvent en tirer parti pour amplifier leur mission. En restant fidèles à leur rôle humain, ancré et émotionnel, tout en intégrant intelligemment les technologies, elles peuvent non seulement continuer à exister, mais aussi prospérer dans un monde en rapide mutation.
Leur survie dépendra de leur capacité à innover tout en restant fidèles à leurs racines.
Face à l’IA, quel avenir pour les associations culturelles bretonnes : nous sommes inquiets!
Oui, nous sommes inquiets, très inquiets même, parce que nous pensons que beaucoup trop d’associations culturelles bretonnes sont, en l’état actuel, totalement incapables de faire face à la situation actuelle.
D’abord à l’impérieuse nécessité de repenser rapidement, très rapidement, leur modèle économique.
Par ailleurs, beaucoup de ces associations sont dirigées par des personnes, souvent âgées, qui n’ont pas encore pris toute la mesure de la révolution de l’IA qui a déjà bien commencé et qui va tout balayer dans les prochains mois, les prochaines années.
Autre point : les IA comme ChatGPT, Grok ou DeepSeek ont-elles « besoin » des associations culturelles bretonnes pour se développer? Il existe une IA bretonne très intéressante, Breizh IA, mais avec des moyens dérisoires, face aux géants milliardaires qui croissent à une vitesse fulgurante, ces initiatives ont-elles un avenir?
N’est-il pas déjà trop tard ?
Header illustration par Grok, l’IA de X
1 commentaire
Je ne vois pas en quoi l’IA apportera de plus aux associations bretonnes sinon les marginaliser encore plus. L’effondrement est en cours. L’IA va plus encore captiver l’attention des utilisateurs dans un monde de divertissement débilitant.
Trop souvent les bretons vivent leur émancipation par procuration, l’IA en est une de plus.
Voila 30 ans que le web est apparu, à l’époque il sucitait beaucoup d’espoir pour une prise de conscience plus large au final il s’est passé le même phénomène que pour les radio FM : une diversité qui s’est progressivement concentrée entre quelques réseaux aux contenus très standardisés.
Vous me diriez que les infos sont quand même disponible, c’est vrai mais il faut chercher, un effort trop important aujourd’hui.
L’heure est à l’égo, regardez comme ma vie est formidable, et avec l’IA elle le sera plus encore puisqu’elle peut vous narrer votre vie à votre place.
Je vous épargne les concéquences énergétiques, plusieurs datacenters nécessitant 1 GW de puissance sont en projet. Pour repère, 1 GW est la puissance d’un réacteur nucléaire.