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Langues régionales, merveilles nationales
Si le breton, le basque ou le picard finissaient par disparaître, ce ne serait pas seulement un problème pour la Bretagne, le Pays basque et la Picardie, mais pour le pays tout entier car il s’agit de notre patrimoine collectif.
Imaginez, ce qu’à Dieu ne plaise, que le pont du Gard vienne à s’écrouler. Et imaginez qu’Emmanuel Macron se contente de déclarer : « C’est ennuyeux pour le département du Gard, mais qu’il se débrouille : l’État ne fera rien« . On peut supposer que le tollé serait immense et que le président de la République devrait très vite rectifier ses propos
Comparaison n’est peut-être pas toujours raison, mais enfin, tel est à peu près le raisonnement que nous semblons tenir vis-à-vis des langues dites régionales, qui déclinent sans que les plus hautes autorités ne s’en émeuvent. C’est pourquoi il me paraît utile cette semaine de rappeler cette vérité oubliée en prenant les cinq exemples suivants (1) :
Le basque est la seule langue non indo-européenne encore vivante parlée en France.
Ce qui signifie qu’elle est la seule à ne pas dépendre du rameau commun dont sont issues les langues latines, slaves, germaniques, celtiques, indo-iraniennes… C’est pourquoi elle constitue un objet d’étude dans le monde entier, où on la juge à raison aussi précieuse qu’une pyramide égyptienne ou un temple grec.
Du temps des troubadours, la langue d’oc jouissait d’un prestige immense dans toute l’Europe.
Ses plus hauts représentants exerçaient leur art depuis Poitiers (Guillaume IX d’Aquitaine), le Limousin (Bernard de Ventadour) ou la Provence (Raimbaut d’Orange) – entre autres exemples. Ils n’écrivaient certes pas en français, mais il s’agit bien de poètes que l’on peut considérer aujourd’hui comme français, dans la mesure où ils vivaient dans des territoires qui appartiennent désormais à la France.
Toujours au Moyen Age, le picard, que les ignares considèrent comme un vulgaire « patois »…
était une langue administrative de premier plan et une grande langue littéraire, que magnifiaient Adam de la Halle, Jean Froissart ou Jehan Bodel.
Le méconnu francique mosellan (ou platt) …
parlé comme son nom l’indique en Moselle, est considéré comme la langue la plus proche de celle que parlait Clovis.
Le breton est la seule langue celtique encore parlée sur le territoire national.
Il s’agit donc de la seule langue qui nous rattache à …
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(1) Je prie les locuteurs des langues que je n’ai pas citées de bien vouloir me pardonner. Le raisonnement vaut bien entendu pour toutes les langues de France.
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Titre et illustration par NHU Bretagne