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Baccalauréat en breton : une discrimination qui ne dit pas son nom
Quatorze élèves du Lycée Diwan de Karaez / Carhaix ont passé cette année l’épreuve de mathématiques du baccalauréat… en breton. Comme chaque année. Et comme chaque année, ils l’ont fait contre l’avis du ministère français de l’Éducation nationale. Car, officiellement, cette possibilité leur est interdite.
Mais pourquoi donc ce qui est autorisé aux uns est interdit aux autres ?
En Corse et au Pays Basque, les lycéens ont le droit de passer certaines épreuves du bac dans leur langue originelle.
Cette réalité est admise, encadrée, et respectée. En Bretagne, non. Le ministère ferme la porte. Il refuse obstinément toute officialisation du breton dans le cadre des épreuves de mathématiques du baccalauréat.
Deux poids, deux mesures. C’est une discrimination. Point.
Pourtant, les compétences sont là
Les enseignants de Diwan sont parfaitement formés. Le breton est leur langue de travail et leur langue quotidienne. Les élèves y suivent un cursus cohérent, complet, en immersion. Les traductions des sujets sont impeccables. Les correcteurs existent. Le niveau est au rendez-vous.
Mais rien n’y fait. Chaque année, la direction du lycée doit organiser en urgence une traduction « pirate » du sujet de mathématiques. Sans reconnaissance, ni validation, ni soutien de l’institution. Une pression constante sur les épaules de ces jeunes Bretons qui ne demandent qu’une chose : être traités comme les autres.
Alors, pourquoi ce refus ?
Pourquoi le pouvoir central bloque-t-il l’usage du breton au bac ?
Pourquoi l’autorise-t-il aux Corses et aux Basques ? Quel est le critère qui le justifie ?
Certes, en Corse comme au Pays basque, les mouvements politiques sont plus vigoureux. Et parfois plus remuants.
En Corse et au Pays Basque, les politiques au pouvoir craignent-ils moins d’intervenir auprès du rectorat et du ministère de tutelle pour défendre leurs lycéens ? En région Bretagne administrative, le socialiste macronpatible jacobin modéré Loïg Chesnais-Girard est-il intervenu ? Nous en doutons fortement.
Mais faut-il en conclure que seul le rapport de force permet d’obtenir le respect ?
Est-ce la loi du plus bruyant, comme récemment dans les rues parisiennes ?
La République n’est-elle pas censée être égalitaire ?
La réalité est simple : en refusant aux élèves bretons ce qui est accordé à d’autres, l’État français pratique une forme de discrimination ethnique.
Cela peut choquer. Le mot est fort. Mais il est juste. Quand une administration traite différemment deux populations selon leur origine linguistique, cela s’appelle une discrimination ethnique.
Une humiliation annuelle
Tous les ans, la même scène se répète. Les élèves de Diwan sont obligés de tricher avec la règle. Pas pour frauder. Mais pour survivre. Pour pouvoir comprendre leur épreuve dans la langue dans laquelle ils ont été formés. C’est un combat épuisant, humiliant, indigne.
Pendant ce temps, les lycéens basques ou corses peuvent passer leurs épreuves sans avoir à se cacher. Sans avoir à affronter les injonctions contradictoires de l’institution.
Ce système est inacceptable.
Et maintenant ?
Si le pouvoir central ne considère pas les Bretons de la même manière que les autres habitants de cet Hexagone finissant, qu’il nous le dise clairement. Qu’il cesse de faire semblant d’embrasser la diversité tout en interdisant nos prénoms, notre langue, notre culture.
Veut-il nous faire comprendre que nous n’appartenons pas complètement à sa République ?
Dans ce cas, prenons nos responsabilités. Et construisons un autre projet. Un projet digne, respectueux, et véritablement breton.
Et après ?
Tant que l’État français refusera de reconnaître l’égalité entre toutes les langues originelles, la Bretagne restera en marge.
Tant qu’il faudra désobéir pour exister, le sentiment d’exclusion ne pourra que croître.
Mais les jeunes de Diwan montrent l’exemple.
Calmes, déterminés, résolus. Ils passent le bac en breton, malgré l’interdit. Et ils le font avec courage.
Car ils savent que leur langue vaut autant que les autres.
Il est temps que la République en fasse autant.
Et si le problème, c’était pas nous, mais la République ?
1 commentaire
Où s’adresser pour faire débloquer la situation ? Mystère.