La 49ème édition du Festival Interceltique de Lorient s’est achevée avec une fréquentation record (selon les organisateurs) de 800000 personnes.
L’occasion de faire le point sur la politique linguistique et culturelle de l’autoproclamée « Capitale de l’Interceltie ».
Sommaire
Lorient, c’est « ma » ville.
Celle qui m’est chère, mon port d’attache pour filer la métaphore maritime. Depuis tout petit, je fréquente le festival et je l’apprécie. Les spectacles sont de qualité, on peut encore en profiter gratuitement ou presque si nos finances sont limitées. L’Interceltique est indéniablement un moteur pour la ville de Lorient.
Paradoxalement, s’il y a bien un domaine politique dans laquelle Lorient est à la traîne, c’est en matière de promotion de la langue bretonne. J’ai d’ailleurs coutume de dire qu’il est nécessaire de bien profiter du festival interceltique puisque ce sont les 10 jours où Lorient se souvient qu’elle est une ville bretonne. Le reste de l’année, à part s’autopersuader qu’elle est une capitale, rien n’est fait pour le breton ou presque.
Récemment, j’ai retrouvé un article de presse datant de 1992-1993 qui mettait à l’honneur mon père. Il souhaitait à l’époque (un peu trop tôt hélas) lancer une entreprise de toponymie. Il félicitait la ville de Lorient et le district qui étaient pionniers dans la commande de ce type d’études. Vingt cinq ans plus tard, que sont devenues ces études? On peut les consulter (si on en connaît l’existence) à la médiathèque, mais ont-elles été exploitées?
Non. Elles sont restées dans un tiroir.
Comme à peu près tous les projets qui se rapportent à la langue.
Il y a d’autres priorités!
Diwan.
Scolairement, toujours une seule école Diwan et deux écoles publiques (sur quatorze je crois) ayant une antenne bilingue pour une ville de 60000 habitants. Environ trois cent élèves scolarisés en breton toutes filières confondues. Alors qu’il en faudrait au moins le double pour prétendre maintenir le nombre de locuteurs dans les prochaines années. Lorient est passée d’une des villes les plus avancées dans les années 90 à une commune où il ne se passe plus rien dans ce domaine. F
ort heureusement, j’ai pu constater depuis quelques années que la société lorientaise se bougeait un peu plus. Aujourd’hui, je sais où trouver des brittophones et ce n’était pas évident quand j’étais plus jeune. Moi-même, je compte proposer quelques trucs en breton dès que je serai bien installé (ça vient!).
Leadership du monde celtique ?
Pour le reste, un modeste niveau 2 de la charte « Ya d’ar brezhoneg » pour une commune qui ose revendiquer le leadership du monde celtique.
Ainsi, les représentants de la mairie sont-ils déjà allés au Pays de Galles? Où la langue galloise, elle, n’est pas considérée comme ringarde par leurs homologues!
Où sont les livrets de famille bilingue?
Également où sont les plaques de rue en breton?
Pr ailleurs, répond-t-on aux courriers en breton? Le personnel volontaire (fonctionnaires ou ATSEM) est-il envoyé en stage immersif de six mois pour apprendre la langue?
Les annonces sonores dans les transports se font-elles en breton?
La signalétique l’est-elle?
Y-a-t-il un cursus langue bretonne à l’université? L’université, d’ailleurs, a-t-elle des contacts avec le monde celte? L’histoire de Bretagne est-elle enseignée? Promue? Tout cela ne nécessite pas des sommes folles, juste un peu de volonté politique…
Les artistes étrangers plus conscients de notre richesse que nous-mêmes !
La réalité, c’est que contrairement à l’UDB, la plupart des formations politiques au pouvoir dans les mairies ne pensent la culture et la langue bretonne que du point de vue folklorique. Je trouve admirable les danses et les costumes, la musique et les instruments. Mais qu’est-ce que cela veut dire si on ne les rattache pas à la Culture? Pas à une culture indifférenciée et anonyme, non: à la culture bretonne!
Car ce qui est célébré pendant dix jours à Lorient n’est pas une bizarrerie de la culture française, mais bien une culture propre que les habitants de Bretagne ne font généralement qu’effleurer. Contrairement à nous, les artistes étrangers venant se produire à Lorient ont conscience de cette richesse.
Nous avons la chance d’avoir un festival drainant des milliers de personnes et situant la ville sur le globe terrestre. Qu’en fait-on?
Utilisons-nous cet événement pour façonner une identité à notre ville-béton ? Ainsi que pour construire des projets nord-sud avec nos voisins « celtes » du pays de Galles, de Cornouailles, d’Écosse, d’Irlande, de l’Île de Man, de Galice ou des Asturies? Non, on préfère se féliciter d’être connectés à Roissy, d’avoir une LGV vers Paris, d’avoir des programmations comme Paris. Nous sommes des colonisés.
Et ça me désole.
Mais la bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas inéluctable!
Retroussons-nous les manches et réclamons donc des avancées pour le breton..
1 commentaire
Si je te suis, je comprends donc qu’il n’y a plus d’élus UDB au conseil municipal de Lorient !