Sommaire
De la mendicité en Bretagne et ailleurs
Les Klaskerien bara, les mendiants, comme intercesseurs privilégiés vers Dieu et entre les Hommes.
La mendicité est un phénomène universel.
Elle est pratiquée aussi bien par des hommes que des femmes de tous les âges, voire des enfants. De nos jours, le mendiant est devenu une figure familière du quotidien des villes après avoir été celui des campagnes.
Mais, aujourd’hui, le cadre social est bien différent de celui qui prévalait en Bretagne jusque dans les années 60/70 du siècle dernier. La modernité, qui n’est pas synonyme de progrès, a battu en brèche la notion de communauté villageoise, de travail fondé sur la coopération, de croyances partagées dont celles de considérer les mendiants comme des émissaires de Dieu, déguisé en miséreux…
La mendicité revient dans les préoccupations de nos sociétés bien loties.
On s’en désole. Certains s’en inquiètent, y voyant une source d’insécurité. Ils plaident pour son interdiction. Vieux débat, dans lequel les émissaires de Dieu deviennent des boucs émissaires.
Philippe Jouët consacre les pages 343 et 344 de son « Dictionnaire de mythologie et religion celtiques », au « don » en tant que procédure sociale matérielle et symbolique. Le roi est considéré dans l’antiquité celtique comme le donateur par excellence : sa générosité et son sens de la mesure à l’égard des poètes, guerriers et serviteurs ne doivent pas être pris en défaut.
Nous sommes là, de fait, dans une société du don et du contre-don.
Dans Kulhwch et Olwen, * le roi Arthur déclare : « Nous sommes nobles dans la mesure où nous sommes sollicités. Plus grand sera notre cadeau (notre don), plus grande sera notre noblesse, notre influence, notre gloire. » Ce qui implique un contre-don positif de la part des poètes et guerriers qui sont intégrés dans des circuits de dons non marchands dont le principe implique la réciprocité des engagements.
Une ancienne poésie galloise (Englynion y Bidiau) déclame que « Celui qui ne donne pas, ne garde pas sa face (son honneur) ». Partant, le don de nourriture lors des banquets est un devoir royal. La générosité du roi manifeste alors sa nature traditionnelle de seigneur nourricier garant de la fertilité universelle. Ainsi, les dieux et déesses étant donneurs de biens, le contre don des humains va consister à sacrifier aux divinités selon leur nature : les butins de batailles ou de guerre étaient consacrés aux dieux, qu’il s’agisse d’armes, de chars, de torques et autres bijoux, ou encore de bétail. Dans le monde celtique, la générosité des rois s’apparente alors au potlatch anthropologique.
En Bretagne le mendiant joue un rôle social et culturel vraiment essentiel.
Sa catégorie sociale est nombreuse car elle représente jusqu’à 9 % de la population au XVIIIè siècle, et jusqu’à 6 % encore en Basse- Bretagne au XIXè siècle. La mendicité est une tradition bien enracinée dans l’histoire de la Bretagne.
En attestent, les traces anciennes trouvées dans les rôles des fouages ducaux du XVè siècle qui font apparaître la profession de mendiant.
Puis, au XVIè siècle, on trouve trace de surnoms de mendiants indiquant leur familiarité dans le paysage social breton.
Enfin, au XVIIè siècle, les chercheurs peuvent reconstituer les circuits des mendiants qui ont leurs familles de bienfaiteurs et leurs lieux habitués.
Nous voyons bien que l’histoire des mendiants s’enracine et s’inscrit dans le très long terme en Bretagne.
Une telle reconnaissance implique une fonction sociale et culturelle nécessaire à l’équilibre de la société. De fait, le mendiant est l’intercesseur privilégié vers Dieu, et à ce titre il est accueilli dans les noces, invité aux funérailles, et parfois, « dans un geste de charité ostentatoire, choisi comme parrain par d’illustres familles au beau temps de la Réforme catholique ». Dans cette logique de don – contre don, le mendiant rend des services particuliers : il effectue des pèlerinages par procuration, il propose contes, chansons et informations en échange de nourriture, de l’abri, de menus dons, et …de la considération.
Ceci n’est pas sans rappeler le mythe grec de Philémon et Baucis, ce couple de pauvres vieillards qui offrent l’hospitalité à Zeus et à son fils Hermès déguisés en mendiants pour tester la générosité des habitants de la Phrygie.
Bien sûr tout cela serait idyllique et partiel si nous ne mentionnions pas qu’en Bretagne comme ailleurs, le malheur et l’ostracisme seront le lot du mendiant « étranger », celui du pays breton d’à côté, celui du rural à la ville, ou celui de l’étranger à la Bretagne.
Le collecteur François Cadic intègre le mendiant à sa galerie des métiers.
Ainsi, dans « La galerie bretonne – La vie des Bretons de l’Armorique – Breizh Izhel », Olivier Perrin et Alexandre Bouët parlent en 1835 de dynasties de mendiants : « Jamais grand seigneur ou pur-sang arabe n’eut sa généalogie mieux prouvée que la sienne » disent ils parlant du vieux Gildas, mendiant qui, en dehors de son métier de tailleur, exerce les fonctions importantes de colporteurs de nouvelles et chroniqueur de « Baz-Valan » ou entremetteur, soit l’équivalent de diplomate entre familles.
Ce mot est composé de baz, bâton et balan, genêt, d’après l’usage qu’a l’Homme au bâton de genêt de se faire reconnaître en mission amoureuse par ce signe. Dès lors, la générosité dont ces mendiants particuliers sont l’objet, leur donne des privilèges à la hauteur de la raison d’être de leur mission. C’est ainsi que le mendiant Gildas va bénéficier de véritables privilèges, à hauteur de la richesse des familles concernées. Il sera invité à toutes les cérémonies qui suivront les négociations conjugales : rencontre publique, fiançailles, noces ; mais se fera aussi offrir habits et bas à coins jaune rappelant les fleurs du genêt. Parfois même, pareils à des bouffons, ces mendiants baz-valan étaient chaussés aux frais de l’amoureux : un pied d’un sabot et l’autre d’un soulier, les jambes portant l’une un bas bleu et l’autre un rouge pour aller faire la demande en mariage…
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Extrait de l’ouvrage Vieux Métiers en Bretagne de Patrick Denieul – Le mendiant ou chemineur de pays :
« Plus qu’un membre d’une caste en marge de la société, « le chemineur de pays », appelé encore « chercheur de pain » en Basse-Bretagne, est véritablement considéré comme un envoyé de Dieu, un émissaire de la providence. N’assure-t-on pas que, sous cette apparence de loqueteux, Jésus-Christ, Saint Pierre et Saint Jean visitent les demeures pour dénicher les personnes justes et charitables ?
Dans les meilleurs logis, la place du « chercheur de pain » est toujours réservée à table et près de la pierre de foyer, son bol de soupe au lard fume, il est attendu. A son entrée, tout le monde se lève, heureux de le servir. Le mendiant pénètre dans la maisonnée, bénissant au nom de Dieu et des défunts ceux qui l’habitent et qui l’accueillent si gracieusement. Le maître s’avance à son tour à sa rencontre et l’invite à partager leur repas. Une fois un peu de repos pris, « le chemineur de chemin » extirpe de son bissac rapiécé les cadeaux pour ces hôtes, ces nouvelles glanées au hasard de son chemin d’infortune, ces contes et ces complaintes qu’il a recueillis dans d‘autres foyers. Le « chercheur de pain », repu, dormira ce soir sous un toit, dans un coin réservé de la grange ou de l’étable.
Cette véritable corporation des mendiants possède ses propres règles, des règles strictes et implicites. Comme le rappelle le recteur François Cadic, chaque paroisse possédait sa propre famille de « chercheurs de pain » : « On y naissait mendiant, et l’on passait le privilège de père en fils, voire de mère en fils, ainsi que c’était la coutume chez les Mario, dynastie célèbre de tendeurs de sébile, nichée dans les bois du Douan entre Saint Jean-Brevelay et Plumellec. ». Le « chemineur de pays » ne se rendra pas plus d’une ou deux fois par an dans la même ferme, et encore à des dates régulières, les « jours où l’on donne », où son passage sera guetté et fêté comme celui d’un parent proche.
En cela, il diffère du moindre vagabond qui réclame son pain comme un dû en menaçant du poing, errant de contrée en contrée, sans but, s’agrippant au moindre bienfaiteur comme une bernique à un rocher. Celui-là sera chassé, on lâchera les chiens pour le mordre, car il n’est qu’un paria, un parasite.
Seul le mendiant, agissant toujours au nom de Dieu, bénissant à tour de bras les gens secourables, si profondément dévot qu’il ôte son chapeau sous le porche des églises, n’osant souiller le sanctuaire, sera honoré. On lui accorde une place de choix au repas de noces, où il est servi, avec ses pairs, par la mariée elle-même. Un d’entre eux mourut même d’indigestion lors du mariage Rohellec en 1929 à Brec’h, en Saint-Guérin.
Le troisième jour des pardons est réservé aux « chercheurs de pains ». La mémoire populaire a gardé trace de deux des plus fabuleux mendiants qui fussent : le Roi Stévan, prophète prédisant, vers la moitié du XVIIIème siècle, la pluie pour les cultures, les bonnes années pour les semis et d’autres prodiges qui ornent notre quotidien : Matelin an Dal, de Quimperlé, un sonneur de biniou aveugle dont la réputation méritée l’amena à jouer devant Louis-Philippe lui-même. »
Mendicité et mendiants en Bretagne
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Alain Croix confirme que le mendiant a joué un rôle social et culturel essentiel dans la Bretagne sous l’Ancien Régime et encore au XIXè siècle. Mais, après la Révolution, on observe différenciation nette entre la Bretagne bretonnante de l’Ouest armoricain et la Bretagne francophone plus à l’Est. Ainsi, en Basse-Bretagne, le mendiant continue de servir d’intercesseur auprès de Dieu. Il remplit aussi différentes fonctions comme celle de colporter les nouvelles à la campagne ou celle d’assurer le rôle de pèlerin par procuration. En revanche, en Haute-Bretagne (l’Ille-et-Vilaine et la Loire Inférieure), les autorités optent plus rapidement pour la répression avec l’appui d’une opinion davantage gagnée aux nouvelles normes de la modernité. Et, si historiquement on note une progression du taux de mendicité d’Est en Ouest de la Bretagne, celle-ci est essentiellement due à la modification de la structure économique et sociale : l’agriculture n’arrive plus à nourrir une population en constante augmentation, l’effondrement de l’industrie toilière paupérise des pays entiers en Léon, en Trégor et autour de Loudéac, et encore les crises de la pêche à la sardine à Douarnenez et alentours…
C’est la culture, cimentée par la langue bretonne, qui explique que la Basse-Bretagne n’accepte pas, malgré le désir des préfets et le zèle des juges, une répression déjà banalisée dans les pays de Rennes / Roazhon et de Nantes / Naoned.
Entre mendicité, aumône, charité, assistance et don.
La mendicité est un concept qui fait l’objet de débats dans le champ théorique du don. Parfois définie comme une stratégie de survie, la mendicité opère une redistribution et un échange de services.
La mendicité est un fait, entre tradition et institution parfaitement légitime, spirituellement, culturellement, économiquement fonctionnelle. Elle est cependant d’autant plus légitime que le mendiant « mériterait » l’aumône, et que cette dernière lui est due en raison de ses handicaps physiques, de ses infirmités ou de sa vieillesse, ou du caractère exceptionnel du malheur qui l’affecte.
De l’avis de Marcel Mauss, le don s’inscrit dans un échange perpétuel de création et d’annulation de la dette à travers la triple obligation de donner, de recevoir et de rendre. Le don devient alors un contrat fondateur des liens sociaux : « une prestation obligeant mutuellement donneur et receveur et qui, de fait, les unit par une forme de contrat social ». Le donneur a une forme de prestige ou d’honneur dans le fait de savoir-donner, quant au receveur il doit d’abord savoir-recevoir et doit ensuite savoir-rendre à d’autres un équivalent de ce qu’il a reçu. Le don/contre-don permet de créer et d’entretenir des liens sociaux entre les individus, non seulement dans la sphère des proches mais dans toute activité sociale : pour vivre en société il faut savoir demander, savoir donner, savoir recevoir, et savoir rendre ce que l’on a reçu.
Avec l’introduction de la Réforme, l’attitude à l’égard de la mendicité devient plus intransigeante, car Luther condamne toute forme de mendicité, même celle des Ordres mendiants !
Pour lui, il s’agit d’une pratique indigne qui ne doit pas être tolérée. Il estime que l’assistance aux pauvres doit être organisée par le Magistrat des villes de telle façon que les nécessiteux et ceux qui ne peuvent travailler soient suffisamment soutenus pour qu’ils n’aient pas besoin de mendier. Il s’agit de quelque chose de révolutionnaire car la mendicité est indissociable du monde médiéval. Strasbourg va suivre cette voie et défendre toute forme de mendicité dès 1523, avec une seule exception : 100 écoliers pauvres ont le droit de mendier et de chanter devant les maisons le mardi, le jeudi et le samedi. Dans la pratique pourtant, cette mesure d’interdiction totale de la mendicité pose problème. Dès octobre 1523, les lépreux se plaignent, car ce qui leur est versé en compensation de la quête est notoirement insuffisant. Pour pallier ce manque à gagner, certaines quêtes sont à nouveau autorisées au courant du XVIe siècle. Même en milieu protestant, la mendicité n’a pas été éradiquée…
Dans « Les fils de Caïn », l’historien polonais Bronislaw Geremek date l’explosion de la mendicité du passage du Moyen Age aux temps modernes : « La montée du paupérisme marque l’évolution de la vie sociale en Europe au fur et à mesure que se désagrègent les structures féodales. Ce processus, très lent, s’est étalé sur plusieurs siècles, son intensité variant d’un pays à l’autre… C’est alors que les masses de misérables qui n’avaient plus de place à eux, ni à la campagne, ni en ville, sont entrées dans le paysage social de l’Europe pour en devenir l’un des éléments permanents.» Geremek ajoute que l’attitude à l’égard des pauvres change également à cette époque : encastrée, au temps médiéval, dans l’ordre du sacré, que ce soit par l’acceptation, la condamnation ou l’apothéose, elle n’est plus régie ensuite que par l’utilitarisme : les pauvres ne servent à rien ! Dès le moment où le travail devient la valeur sociale par excellence, les pauvres versent dans la catégorie des incapables ou des fainéants, méritant au mieux la pitié et au pire la potence… D’où les politiques mêlant assistance et répression.
Les Révolutionnaires avait mis la pauvreté et la misère au centre de leur réflexion. En 1790, l’Assemblée Constituante institue un Comité de mendicité présidé par le Duc de La Rochefoucauld-Liancourt. Ce comité diligente des enquêtes détaillées sur la misère en France. Sur cette base, il va produire des rapports qui marquent un véritable tournant dans la perception et le traitement de la pauvreté. Jusque-là, en France, les miséreux étaient pris en charge par la charité individuelle, les hôpitaux généraux et les dépôts de mendicité où ils étaient enfermés et devaient travailler.
Faut-il rappeler ici, l’article 21 de la Constitution de 1793 qui s’appliquera tardivement en Basse-Bretagne : « les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. » Pour autant, le Comité de mendicité précise que ce droit à l’obtention de secours publics est néanmoins entouré d’un certain nombre de conditions, en particulier celle d’être un « vrai pauvre » : « Si celui qui existe a le droit de dire à la société : faites-moi vivre, la société a également le droit de lui répondre : donne-moi ton travail. »
Bien après cette période révolutionnaire, les mendiants sont si nombreux en Bretagne que Flaubert se plaint, lors de son voyage de 1847, d’être assailli par les mendiants comme un parlementaire rennais de 1580 de ne pouvoir sortir des églises sans être « couvert d’iceux ». On imagine des images pareilles à celles des grappes de mendiants en Inde.
La répression de la mendicité s’avère plus sévère en Haute-Bretagne qu’en Basse-Bretagne. Cette mansuétude s’explique par la forte intégration sociale et culturelle des mendiants. Quant à la sociologie des individus écroués, elle montre qu’il s’agit principalement de travailleurs sans emploi ou incapables de travailler plutôt que de professionnels oisifs, contrairement aux fréquentes affirmations de certains idéologues.
En Bretagne, traditionnellement, le mendiant n’est pas dans une situation inférieure, mais il a une place de choix dans le cycle du don. Toutes les couches sociales ont besoin du mendiant pour faire l’aumône, pour s’acquitter de leur devoir religieux ou pour bénéficier des faveurs divines par leur intermédiaire.
Et, Charles Le Goffic ne voyait-il pas dans « les mendiantes qui vendent contre un sou symbolique l’eau des fontaines de pèlerinage, les héritières des importants privilèges qui s’attachaient, chez les premiers Celtes, à la garde des fontaines divinatoires » ?
Le cas breton de la longue histoire de la mendicité illustre le heurt entre tradition et modernité.
La tradition est une manière de traiter la précarité qui laisse à chacun sa dignité, et une place reconnue dans la société – la profession de mendiant se transmet parfois d’une génération à l’autre au prix de la misère comme héritage. La modernité elle, transforme le miséreux en objet d’assistance, certes au bénéfice de conditions de survie améliorées ; mais le fait d’être traités d’assistés n’enlève-t-il pas leur dignité aux êtres humains concernés ?
*Culhwch ac Olwen est l’un des contes les plus anciens de ce que l’on appelle Mabinogion, conservés dans le Llyfr Gwyn Rhydderch et le Llyfr Coch Hergest. C’est un des chefs-d’œuvre de la littérature galloise du Moyen Âge, et le texte le plus long et le plus complet de la légende arthurienne galloise.
Mendicité et mendiants en Bretagne – Sources
- Guy Haudebourg : Mendiants et vagabonds en bretagne au XIXè siècle, PUR, 1998
- Olivier Perrin et Alexandre Bouët : La galerie bretonne, La vie des Bretons de l’Armorique, Breizh Izhel, 1835
- Philippe Jouët : Dictionnaire de mythologie & religion celtiques, 2012 Charles Le Goffic : L’âme bretonne, 1902
- Patrick Denieul : Vieux métiers de Bretagne, 2004
- Martin Hervé : Religieux mendiants et classes sociales en Bretagne aux XlVème & XVème siècles, 1975
- Étienne Helmer : Philosophies grecques du mendiant, 2013
- Bronislaw Geremek, Les fils de Caïn, 1991 Honorine Pegdwendé Sawadogo : La mendicité comme moyen de revendication d’une identité positive, l’exemple des « mères de jumeaux » à Ouagadougou, 2019
Mendicité et mendiants en Bretagne, par Mona Braz