Selon le quotidien Les Échos, la Caisse d’Épargne se prépare à mener des tests d’ubérisation de ses services en Bretagne.
Les services publics disparaissent de nos villes et de nos villages. Pour d’autres, c’est leur ubérisation qui s’organise. Ainsi donc, des banques ont décidé de tester un nouveau statut dit de « banquier auto-entrepreneur ». Ce poste de « conseiller indépendant local » sera « mandataire exclusif » de la banque. En outre, sa mission sera de suivre les Clients existants tout en en démarchant de nouveaux.
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Alléger les charges et accroître la rentabilité de la banque.
La Caisse d’Épargne, et toutes les autres banques pour Particuliers ont aujourd’hui encore un important réseau de petites agences maillant le territoire. En face, plusieurs banques proposent leurs services uniquement en ligne, et à moindre coût. Dont Hello Bank, Boursorama Banque, ING, Fortuneo, BforBank …
Les banques classiques doivent impérativement s’adapter face à cette nouvelle concurrence. Parmi les solutions, il y a la fermeture physique des agences les moins rentables. Puis parallèlement, la reprise d’une partie du personnel sous ce statut d’auto-entrepreneur. Donc disparition des coûts de location et de maintenance des bâtiments d’agences. Également disparition du personnel non commercial des dites agences.
Les banques ne conservent que les conseillers clientèle. Par contre, ces derniers ne sont plus salariés de la banque, mais deviennent leurs propres patrons. Pour la banque, cela se concrétise par des gains, là encore, significatifs.
Ubérisation des banques.
Qu’appelle t’on « ubérisation » ?
Ce néologisme vient du nom Uber, entreprise américaine développant des applications mobiles pour la mise en contact de conducteurs et d’utilisateurs dans le transport. Du statut encadré de taxi, le transport de passager glisse vers un statut libéralisé, sonnant la fin de certains monopoles.
Dans le cas des banques, une fois l’agence fermée, vous seriez en contact avec un conseiller non plus salarié de la banque, mais avec un conseiller « indépendant ». Par ailleurs commissionné sur ses ventes. Il sera SBF ou sans bureau fixe. Tous ses frais seraient à sa charge et son bureau sera au mieux à son domicile, au pire sera son ordinateur. Ou l’inverse. Plus qu’auparavant encore, pour gagner sa vie, ce conseiller ubérisé sera tenté, voire obligé, de vendre toutes sortes de produits dérivés de la banque de laquelle il dépendra.
Fragilisation pour tous ?
La banque pourra à tout moment rompre le contrat avec cet auto-entrepreneur d’un nouveau genre, et ce à moindre coût. Ce mandataire, même exclusif, aura donc un statut beaucoup plus précaire qu’auparavant lorsqu’il était salarié de la banque.
Pour le Client, même s’il reste dans le fichier de la banque, il y aura une dématérialisation totale et une déshumanisation relative de la relation. On sera là entre la traditionnelle et finissante agence bancaire ayant pignon sur rue, et la banque exclusivement en ligne.
Pour tous ? Peut-être pas !
Sans doute pour les Clients et les Conseillers.
Certainement pas pour les banques qui courent encore et toujours vers une rentabilité accrue.
Alors, dans ce système mondialisé où tout devient de plus en plus impersonnel, existe t-il une autre solution pour les banques ? Après tout, en Estonie, modeste pays balte trois fois moins peuplé que la Bretagne, tout ou presque passe par le numérique. Et les Estonien(ne)s en semblent très satisfaits.
Alors ?