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Baignade dans la Seine : dix milliards pour que quelques Parisiens fassent trempette
Le centralisme français atteint un nouveau sommet. Après le milliard et demi d’euros dépensé pour rendre temporairement baignables quelques mètres de la Seine à Paris durant les Jeux Olympiques (jeux qui ont finalement coûtés trois fois le budget initial), revoilà une nouvelle folie budgétaire : dix milliards d’euros annoncés pour aménager des « zones de baignade » dans le fleuve, histoire que quelques milliers de Parisiens puissent « se rafraîchir » cet été.
Rappelons que se baigner dans la Seine était interdit depuis … 1923 !
On nous parle de justice climatique, de sobriété, de transition équitable…
Mais visiblement, certaines transitions sont plus prioritaires que d’autres. Et surtout, certaines populations méritent visiblement un traitement de luxe, pendant que d’autres peuvent continuer à se débrouiller avec des miettes.

Dix milliards… et nous ?
Dix milliards, c’est cinq fois le budget annuel (ridicule il est vrai) de la région Bretagne administrative.
Vous avez bien lu : cinq fois ce que l’on accorde chaque année pour l’ensemble des politiques publiques de quatre départements sur les cinq que compte la Bretagne, soit un territoire de 3,4 millions d’habitants.
Trois millions et demi de Bretons à qui l’on explique, chaque année, que les caisses sont vides pour moderniser les lignes de train, pour soutenir la langue bretonne, pour rénover les lycées, pour désenclaver les régions, pour développer les transports en commun, ou pour investir dans l’économie maritime bretonne de demain.
Mais pour quelques piscines géantes dans le lit d’un fleuve parisien, là oui, l’argent coule à flots.
Dix milliards d’un coup.
C’était précisément le montant d’économie sur les dépenses que l’État devait trouvé pour 2024 : APL, MaPrimRénov, etc …
Un symbole éclatant du déséquilibre français
Ce projet n’est pas seulement indécent par son coût. Il est le symbole criant de l’hypercentralisation d’un pays où tout se décide pour Paris, à Paris, au profit de Paris.
Qu’on soit clair : nous ne sommes pas opposés à la dépollution des fleuves. Y compris celui qui coule à Paris, à 600 kilomètres de notre pays. Bien au contraire. La reconquête écologique des rivières, des côtes, des zones humides est une urgence; partout en Europe, et au-delà. Mais pourquoi faut-il que cela ne devienne prioritaire que lorsqu’il s’agit de la capitale française ? Pourquoi des sommes astronomiques ne sont débloquées que lorsqu’il s’agit de satisfaire un confort de vie déjà bien supérieur à la moyenne hexagonale ?

La Bretagne, comme tant d’autres zones de l’Hexagone, connaît depuis des années une pollution chronique de ses cours d’eau. Ici, pas de caméras, pas de grands chantiers médiatiques, pas de promesses à dix chiffres. Juste des élus locaux à qui l’on répond “pas de budget” quand ils demandent un peu d’aide pour restaurer un estuaire ou entretenir une station d’épuration vieillissante.
Le pays des deux vitesses
Ce nouveau projet parisien n’est qu’un exemple de plus dans un long catalogue d’inégalités territoriales. Tout est pensé pour Paris : les infrastructures, les ministères, les grands équipements, les universités d’élite, les sièges des grandes entreprises… Et maintenant, les plages fluviales à plusieurs milliards.
Pendant ce temps, dans nos communes bretonnes, les écoles ferment. Les maternités disparaissent. Les lignes ferroviaires sont abandonnées. Les jeunes doivent partir à Rennes / Roazhon, Nantes / Naoned ou vers des capitales étrangères pour espérer avoir un avenir.
La baignade comme privilège
Alors oui, nous sommes heureux pour ces quelques Parisiens qui, un jour d’été, pourront plonger dans une Seine un peu moins toxique. Tant mieux pour eux. Mais qu’en est-il des millions d’autres Français pour qui se baigner dans une eau propre, accéder à des services publics de qualité, ou simplement vivre dignement reste un luxe inaccessible ?
Cette France à deux vitesses devient insupportable.
Le centralisme étouffe. Et à force de n’arroser qu’un seul coin du jardin, c’est le reste du pays qui se dessèche.
Il est temps que cela change. Et vite.

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4 commentaires
Excellent vous devriez envoyer cet article à Chesnay-Girard.
À cause des pluies des dernières heures, les trois sites de baignades ouverts hier sur la Seine sont déjà fermés en raison des risques de pollution : le ridicule ne tue pas, il coule !
5departements en bretagne , vous etes sûr de vos infos ? l’article commence tres mal
Vous devez « confondre » la région administrative dessinée sur un coin de bureau par un technocrate à Paris, avec la Bretagne.
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