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Demain l’autonomie ?
Tous les pays d’Europe sont fédéraux ou préfédéraux.
Tous ? Non, un, un seul résiste, fièrement, à la marche du monde et au sens de l’Histoire. Récemment, le Conseil Régional de Bretagne a émis un vœu pour obtenir un statut d’autonomie. Comme celui que ce pays merveilleux promit à la Corse. A condition que les jeunes insulaires se calment.
Où en est-on aujourd’hui ?
Et comment les choses évolueront-elles dans un contexte où les Bretons, victimes d’un syndrome de Stockholm collectif, déclarent sondage après sondage, vouloir soit l’indépendance soit l’autonomie mais continuent à voter pour leur bourreau contre ceux qui veulent les en délivrer ?
Les dernières élections législatives montrent, une fois encore, le hiatus, entre ce souhait velléitaire et sa concrétisation timide dans les urnes.
Le 8 avril dernier, le Conseil Régional de Bretagne votait à l’unanimité moins les voix du groupe Pennelle (RN), un vœu réclamant un statut d’autonomie pour la Bretagne, incluant par conséquent des pouvoirs législatifs.
Les promesses faites à nos amis Corses à la suite du lâche assassinat non élucidé du patriote Yvan Colonna d’engager des négociations sur une évolution statutaire de l’île pouvant « aller jusqu’à l’autonomie », avaient boosté les représentants des Bretons. Il faut dire que le fédéralisme, comme aux U.S.A, en Allemagne, en Suisse ou en Belgique ou les autonomies à la carte, comme dans l’Espagne post-franquiste ou l’Italie post-mussolinienne, sont des modes de gouvernance normaux des États modernes.
Il n’y plus en Europe que la France à être centralisée sur le modèle à la fois de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie. Ce qui, de toute évidence, fait la fierté de ses dirigeants, lesquels invoquent sur un ton incantatoire et jubilatoire «l’exception française », une exception que le monde entier est évidemment sommé de nous envier. Dans la grande famille celtique conviée à Lorient chaque première quinzaine d’août, il n’y a d’ailleurs plus que la Bretagne qui ne jouisse ni de l’indépendance ni d’un début d’autonomie et il serait temps de corriger cette anomalie de l’Histoire.
On ne peut que regretter que les oligarques français qui, lors des manifestations de rues qui ont suivi l’assassinat (commandité par qui ? Avec quelles complicités, quelles responsabilités de l’État ?) d’Yvan Colonna avaient posé comme condition à l’ouverture des négociations le rétablissement de la paix civile, n’aient donné aucune réponse aux représentants des Breton.
Alors même que justement les Bretons ne sont pas descendus dans la rue. On est bien contraint de conclure qu’une fois de plus les promesses des gouvernements français qui se suivent n’engagent que ceux qui y croient et que Macron et sa bande sont passés maîtres dans l’art du mensonge, comme on l’a vu encore récemment avec l’affaire du Stade de France, et de la manipulation.
Élections : un bilan en demi-teinte
Ont-ils tort de se priver quand on constate l’inertie et l’incapacité des peuples à se révolter ?
Car les dernières élections législatives ont donné une preuve supplémentaire du caractère soumis de la majorité des Bretons, qui ont placé massivement en tête les supplétifs dociles d’un gouvernement de plus en plus totalitaire et d’un chef de l’État qui se prend pour un monarque et qui joue les dictateurs.
Pourquoi se priver il est vrai, lorsque les autorités européennes, si promptes à punir les Britanniques ou les Russes pour l’attaque d’un pays indépendant depuis seulement trente ans, ont approuvé en Espagne l’emprisonnement du gouvernement catalan et ne pipent mot contre le refus de la France de réunifier la Bretagne, d’accorder aux Bretons un statut d’autonomie conforme à la Charte européenne des autonomies régionales ainsi que contre le refus de ratifier la Charte européenne des langues minorisées ?
Quant au mouvement breton, il est parti au combat une fois de plus en ordre dispersé pour les législatives.
L’UDB, comme d’habitude, mettant en avant des choix idéologiques et le Parti Breton délivrant un message peu audible à force d’être timide. Ceux qui ont tiré leur épingle du jeu sont ceux qui, comme Claire Pingault sur la circonscription de Konk-Kerne, ont osé dire clairement qui ils sont et ce qu’ils veulent. Ici aussi, la franchise et courage paient. Il est vrai que, dans un pays où les gens lisent de moins en moins, l’absence totale de débats sur la décentralisation sur les grandes chaînes étatiques est bien pénalisant pour les mouvements centrifuges. Pour Paris, plus encore aujourd’hui qu’hier, il y a les vers de terre, puis les punaises, puis les cloportes et ensuite seulement, il y a les autonomistes bretons, corses ou alsaciens.
Quelques motifs de satisfaction, cependant …
L’élimination de l’apparatchik macronolâtre Richard Ferrand, la réélection du régionaliste Marc Le Fur sur Loudéac / Loudieg et celle de l’autonomiste Paul Molac, haut la main, sur Ploërmel / Ploermael. Ces deux-là ont démontré plus d’une fois et sur plus d’un dossier qu’ils sont capables de surmonter leurs divergences idéologiques dans l’intérêt de la Bretagne et c’est tant mieux.
Autre motif de très relative satisfaction, les « régionalistes » (entendre les autonomistes), selon le quotidien le Télégramme, dépassent les 4 % au plan national, et se situent entre LR (6 %) et Reconquête (3 %). Minoritaires, donc, mais non insignifiants contrairement à ce que clament certains et certaines. Par ailleurs, les communes qui ont placé un candidat « régionaliste » en tête, toujours selon notre confrère, sont passées de 8 en 2017 à 85 cette fois-ci, soit dix fois plus.
Il est permis d’espérer …
… Qu’avec un discours plus courageux pour certains et moins idéologique pour d’autres, le vote autonomiste puisse progresser. A moins que les Bretons, victimes collectives du syndrome de Stockholm, préfèrent continuer à voter pour leur bourreau plutôt que pour ceux qui veulent les libérer. Ce qui expliquerait hélas le hiatus entre les aspirations à la liberté, exprimées sondage après sondage et les résultats électoraux souvent décevants des formations autonomistes ou indépendantistes.
Cinq siècles d’occupation et de colonisation, ça marque !
Quoi qu’il en soit, et malgré les incantations des grands prêtres du jacobinisme, l’État français n’est pas une entité sacrée.
Il n’est ni parfait, ni immémorial, ni éternel. Il retournera un jour aux poubelles de l’Histoire où est sa place et d’où il n’aurait jamais dû sortir.
Aux Bretons, alors de savoir saisir cette chance pour reprendre leurs droits, leur dignité et leur liberté.
A chacun, l’heure venue, la découverte. Ou l’ignorance.
1 commentaire
C’est quand même très caricatural et surtout idiot de comparer le fonctionnement de l’état jacobin qui serait sur le « modèle » de régime postérieurs (vous citez les fachistes et nazis…un peu étrange comme propos).
Je vous rejoins sur la vision générale se plus d’autonomie, mais évitons de passer pour des cons avec des articles qui glissent dans l’idiotie de bas étage.
Il n’y a jamais eu de régime parfait, je ne vois pas en quoi celui que vous proposez serait nettement meilleur pour le citoyen lambda qui galère a finir ses fins de mois.
Et quelle poids politique aurait une Bretagne indépendante face aux mastodontes que sont la Chine, l’Inde, les USA,…
La France doit se reformer pour passer à un état fédéral, mais ça passera par de l’intelligence pas par des insultes de part et d’autre qui ne font que reculer/éloigner toute possibilité de changement.
La caricature ce n’est jamais bon.