Yvan Colonna, Corse et … Breton

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Affaire Colonna : Une tentative de meurtre qui pose bien des questions, bien au delà de la Corse.

Appel au rassemblement dimanche 13 Mars 2022, devant la prison des femmes à 14:00 à Rennes/Roazhon.

La Corse et son peuple sont en ébullition quelques jours après la sordide tentative de meurtre dont a été victime Yvan Colonna dans une prison française. De l’université Pasquale Paoli de Corte, centre historique du pays aux ports maritimes
accueillant des bateaux venant du continent (et déversant des véhicules de maintien de l’ordre) en passant par les centres des principales villes et les couloirs de la CTU, le volcan bout.

Alors pourquoi une telle agitation pour un homme dont le destin a été scellé par un ministre de l’intérieur en 2003 ?

Pour quelles raisons cet homme bénéficie t-il toujours autant de soutiens actifs (amis, famille, milieu nationaliste corse et d’ailleurs, milieu politique corse de tout bord, Ligue des Droits de l’Homme ? Peut être en raison de son innocence liée à cette pseudo culpabilité toute trouvée. Également au fait d’avoir toujours et invariablement clamé son innocence, de sa personnalité, de son passé nationaliste respecté en Corse, de l’exemplarité de sa conduite en prison, de son attitude toujours digne et maintenant de cette agression par un sauvage le plongeant dans un coma post anoxique qui le laissera sans doute à tout jamais handicapé et peut être silencieux …

Et pourtant un tueur abattant froidement un préfet n’est pas un héros mais un lâche dans un pays civilisé.
Comment peut on abattre un homme de trois coups de feu (deux dans le dos et un à bout portant dans la tempe) ?
Tout a été dit, ou presque…, au sujet de cette tortueuse affaire.

Un rapide rappel semble pourtant intéressant.

Le meurtre du préfet Erignac (1) est commis le 6 février 1998 par un commando armé (une demi douzaine d’ hommes dont un tireur) dans la rue Colonel Colonna d’Ornano à Ajacciu.

Après des errements de l’enquête pendant de longs mois et une cavale de quatre ans, le ministre de l’intérieur français de l’époque, Nicolas Sarkozy annonçait « l’arrestation de l’assassin du préfet Érignac« , au journal télévisé du vingt heures le 04 Juillet 2003. Le futur président, avocat de métier (sic) ignore la présomption d’innocence!

Yvan Colonna est le coupable idéal …

Car son seul tort est d’avoir fui pendant des années et pris le maquis (2).
Pourtant de nombreuses zones d’ombre entourent l’enquête et l’instruction : initialement désigné comme étant le tireur par certains membres du commando … Interpellés, je le rappelle, sous les lumières des caméras de télévision. D’ailleurs ceux ci se rétracteront et Pierre Allessandri s’accusera d’être le tireur.

Aveu de circonstance pour l’état français.
D’autres détails de l’enquête sont troublants. Par exemple la témoin oculaire du crime qui ne reconnait pas Yvan Colonna comme étant l’homme qu’elle a vu tirer sur le préfet. Puis l’avis d’un balisticien (qui éliminait la responsabilité de Yvan Colonna) ne sera pas retenu par les juges. Les éléments à charge (peu nombreux) seront accentués, les éléments à décharge seront laissés de côté.

L’absence de toute reconstitution est un un mystère de plus.

Un assassinat prémédité, un tireur, et pourtant deux assassins… officiels.
Le 16 Octobre 2012, Antoine Solacaro, qui fut l’un des avocats d’Yvan Colonna, est assassiné dans une station-service sur la route des îles Sanguinaires.
Yvan Colonna est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité une première fois en 2006 par une cours d’assisse spéciale (magistrats professionnels). Condamnation confirmée en appel en 2009, toujours par des magistrats professionnels.

Depuis 2003, le détenu Yvan Colonna purge donc sa peine dans les prisons françaises comme Détenu Particulièrement Surveillé (DPS).

Et toute demande de rapatriement sur son île natale (permettant de le rapprocher de sa famille, son épouse, ses deux garçons, ses parents, sa soeur, son frère, etc.) se voit opposer un refus. L’état français avance comme motif qu’il ne serait pas en mesure d’assurer sa sécurité sur son île natale, à la prison de Borgo.

Dès lors, sa tentative d’assassinat à Arles par un salafiste connu pour sa dangerosité vient donc semer encore plus le trouble dans une affaire déjà très obscure. L’interview télévisuelle (le soir de l’agression) d’un gardien de prison syndiqué est surprenante lorsque ‘il affirme que l’agression a eu lieu alors que les deux hommes faisaient du sport ensemble comme à l’accoutumée.

Quelques heures plus tard, on apprendra que l’agresseur qui faisait le ménage a surpris Yvan Colonna en tentant brutalement de l’étrangler
(pour cause de « blasphème »).

Crime terroriste conclut le parquet en charge de l’enquête.

Depuis cette tentative de meurtre, les prises de position corses, en premier lieu celle du Président Simeoni puis celles, toutes récentes de la famille de Yvan Colonna, se font entendre. Car la responsabilité de l’état français dans cette agression est affligeante.

Cet évènement choque beaucoup de Français. Le sens de l’appel de la soeur de Yvan Colonna le samedi 5 Mars 2022 est fort et entend fédérer « au delà des cercles nationalistes «.
Personne n’ignore que Yvan Colonna est corse par son père, Jean Hughes, originaire de Cargèse / Carghjese.
Celui ci fut député du PS Parti Socialiste des Alpes Maritimes et un temps conseiller auprès du ministre de l’intérieur dans le second gouvernement de Mitterrand.

Yvan Colonna Corse et Breton.

L’autre moitié de sa filiation est en revanche méconnue du grand public : sa mère, Cécile née Riou est originaire de Laz, au coeur des Montagnes Noires dans le Kreiz Breizh, près de Châteauneuf du Faou.
Aujourd’hui, nous exprimons la nécessité de connaître toute la vérité concernant cette tentative de meurtre sur la personne d’Yvan Colonna, détenu modèle et qui aurait du bénéficier d’un transfert en Corse. Puis d’un aménagement de peine.

Cette tentative de meurtre tombe t-elle à point nommée pour le réduire à tout jamais au silence?

Qui plus est dans une cacophonie médiatique belliqueuse. Puisse t-elle, au moins, raviver la question de de l’ innocence de Yvan Colonna pour le meurtre de Monsieur Érignac? Récemment, sur une chaîne du service public, Jean Glavany, ancien ministre, en avait appelé de ses voeux.

Aux lecteurs de ce texte, à tous les politiques et aux membres du ministère de la Justice, posez vous les vraies questions ?
Comment se fait il qu’un DPS ne soit pas protégé des folies meurtrières d’un dangereux salafiste qui plus est connu du milieu pénitentiaire français ? C’est pourtant la seule raison invoquée à son non rapatriement sur l’île, sa protection individuelle.

Tout mon soutien.

Que ces quelques lignes puissent assurer à Yvan Colonna, à sa famille, à ses parents et surtout à sa maman, notre compatriote Cécile, aujourd’hui âgée de 88 ans et croisée il y a quarante ans à Saint Goazec / Sant Wazeg, mon plein et entier soutien. Les Bretons seront j’espère très nombreux dimanche à défiler à Rennes / Roazhon pour répondre à l’appel de son comité de soutien, toujours actif depuis plus de vingt ans.

Enfin et pour terminer, je souhaiterais remercier les personnes à qui Yvan Colonna doit la vie aujourd’hui. Dont Robert Badinter et les personnes qui ont pratiqué les manoeuvres de ressuscitation ce 3 Mars 2022 à la prison de Arles.

(1) Un crime politique en Corse : les secrets d’une affaire d’état, Alain Laville
(2) Clés pour l’affaire Colonna . Roland Laurette

Appel au rassemblement dimanche 13 Mars 2022, devant la prison des femmes à 14:00 à Rennes / Roazhon.