glorieux symboles nationaux

La France et ses glorieux symboles nationaux

de Thierry JIGOUREL

De glorieux symboles nationaux

Le 14 juillet, la fête étatique française, a donné lieu, comme chaque année, à une débauche de cocoricos et à un défilé guerrier montrant les implications entre un certain patriotisme et l’agressivité militaire, l’hymne «national » étant repris par toutes les fanfares et les chœurs officiels.
Il est temps pourtant de s’interroger sur le sens des célébrations dont la symbolique procède bien souvent de la haine de l’Autre et de la glorification de la guerre civile. A ce titre, est-il surprenant qu’une loi datant de 1793 et portant sur l’extermination de toute une population, soit toujours en vigueur au Pays des Droits de l’Homme ?
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L’État français, vient de célébrer, avec faste – et un défilé militaire onéreux que seule la France et la Corée du Nord doivent encore organiser- sa fête « nationale ». Il y aurait beaucoup à dire sur l’équivoque entre deux notions juridiques pourtant bien différentes de «nation » et d’État, les deux étant confondues, depuis la révolution française et la suppression de nos droits, libertés et institutions nationales.

A ce titre, plusieurs réflexions s’imposent

D’abord, ce qu’un État qui a organisé son auto sacralisation, nomme « fête nationale » devrait se nommer « fête étatique » ou « célébration de l’État-nation », car le territoire de l’État français est constitué de plusieurs nations : les Bretons, les Corses, les Basques, les Alsaciens, les Flamands, les Guadeloupéens etc.
Le fait que ces nations, contrairement à la norme qui prévaut dans les pays démocratiques, ne soient pas reconnues par l’État central qui les administre, n’enlève rien à leur existence.

La célébration d’une journée d’émeutes et d’une décapitation au couteau.

Ensuite on peut s’interroger sur le bien-fondé d’une fête fixée par la loi du 6 juillet 1880, donc au début d’une période – celle qui va de la défaite de Sedan à la guerre civile européenne de 1914 – au cours de laquelle le nationalisme français revanchard et la haine de l’Autre allaient connaître une flambée rarement atteinte depuis les belles heures de la Révolution et de la Convention Nationale .

Hélas, pour donner raison à l’œuvre du romancier académicien morlaisien Michel Mohr , les responsables politiques français qui, en permanence font appel à l’ « Union sacrée », à la concorde … dite « nationale », s’empressent de célébrer des moments de déchirements et de guerre civile.

Le 14 juillet.

Il en va du 14 juillet comme de nombre de commémorations que l’État central impose à des peuples qui n’en demandent pas autant. La classe politique et la classe médiatique françaises nous répètent à l’envi depuis des années que les militants islamistes sont des barbares sanguinaires qui découpent les têtes de leurs victimes au couteau. Un rituel présenté comme le summum de la monstruosité.
Sans doute ont-ils raison, quoique certains s’interrogent sur la barbarie d’un État qui, pour les bienfaits du grand capital, a laissé en toute impunité de grandes firmes empoisonner les populations antillaises au chlordécone avant de leur imposer un produit dont on connaît aujourd’hui les danger, présenté comme un « vaccin » et dont les mêmes populations se méfient légitimement.

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Les « glorieux symboles nationaux » français : la Révolution et les décapitations

Les têtes coupées …

Pour en revenir aux têtes coupées, outre que l’on peut se poser des questions sur le bien-fondé de la célébration d’une Révolution et d’un régime qui hissèrent le rituel de la tête coupée à la hauteur d’un meurtre de masse et industriel, on peut aussi rappeler ce que fut la journée du 14 juillet. Elle fut une journée d’émeute, donc de guerre civile, au cours de laquelle le peuple des banlieues de Paris prit d’assaut une forteresse dans laquelle, depuis des années, n’étaient plus enfermés quasiment que des aristocrates, et qui plus est, dans des conditions luxueuses ou privilégiées.

C’est à la Bastille que fut emprisonné le marquis de Sade et c’est à la Bastille que furent détenus, pendant quelques semaines, les douze aristocrates bretons qui accompagnèrent le Marquis de la Rouérie, lors de leur démarche commune de protestation contre la dissolution, par le pouvoir central, du Parlement de Bretagne, en été 1788, un an donc avant l’assaut.

L’assaut de la Bastille

Le dit assaut ne fut d’ailleurs un succès qu’en raison de la présence, du côté des émeutiers, d’un détachement du régiment des Gardes Françaises, dans lequel servit le Breton Armand Tuffin de la Rouérie, avant son engagement au côté des indépendantistes états-uniens.

Épisode donc, d’une guerre civile qui allait faire des centaines de milliers de morts, la prise de la bastille s‘achève dans un bain de sang : celui de quatre-vingt-dix-huit émeutiers abattus par les gardes suisses de la forteresse, mais aussi celui des défenseurs, et en particulier celui du gouverneur, le marquis De Launay, lynché par la foule et dont la tête fut découpée, au couteau – comme celle de Samuel Paty – par un aide-cuisinier du nom de Desnot.

Sur les sept prisonniers libérés, on comptait quatre faux-monnayeurs, un candidat régicide et deux aristocrates enfermés sur demande de leurs familles, un pour folie, l’autre pour « actes monstrueux ».
On conviendra qu’on peut trouver mieux en termes d’événement donnant lieu à une fête « nationale ».

Gênant pour le roman national français ?

Peut-être, sans doute au regard des tentatives des grands prêtres de la république, pour nous faire croire que le 14 juillet est en réalité la commémoration, non du 14 juillet 1789, mais du 14 juillet 1790, soit la fête de la fédération, présentée comme un moment d’unité « nationale. »
Le problème est que cette fête de la fédération eut lieu un 14 juillet et fut elle-même une commémoration … du 14 juillet 1789 … Le second problème est que le texte de loi, dite loi Raspail, qui fixe la fête nationale française au 14 juillet ne fait pas mention de cette fête de la fédération.
Il s’agit donc d’explications a posteriori, visant à rendre plus acceptable et plus présentable une commémoration qui ne l’est pas.

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Les « glorieux symboles nationaux » français : la Marseillaise, chant de guerre

Un hymne national en forme d’appel au meurtre.

A la même époque, en pleine montée d’un nationalisme exacerbé qui vit la création de bataillons scolaires – des enfants de dix ans équipés d’un fusil à qui on enseignait la « haine du Boche » pour les préparer à la boucherie nationale de 14/18 – la loi du 14 février 1879 fait de la Marseillaise l’hymne national français.

Une version officielle est adoptée par le Ministère de la Guerre en 1887.
Maurice-Louis Faure, ministre de l’Instruction publique, instaure en 1911 l’obligation de l’apprendre à l’école.
Les idéologues français, d’ordinaire si sourcilleux sur les symboles nationaux des autres – en particulier vis à vis de notre Gwenn ha Du attaqué en permanence par les mêmes officines – devraient s’interroger sur ses paroles.

Ce que fit le philosophe Michel Serre voici quelques années, dans un silence hélas édifiant.
« Qu’un sang impur abreuve nos sillons » devrait pourtant déranger les bonnes consciences à une époque où l’on parle beaucoup de construction de l’Europe et d’unité nationale, sans se donner aucun des outils pour la mettre en œuvre.
A qui appartient-il, ce sang si « impur » ?

De deux choses l’une : à l’ennemi intérieur ou à l’ennemi extérieur.

Dans les deux cas à des êtres humains avec qui nous souhaitons forger un destin commun. Soit en effet il s’agit de celui des hommes et des femmes (nombreuses !) qui sont au bord de l’insurrection en avril 1792, date de la rédaction du texte par Rouget de l’Isle, et qui prendront les armes en juillet, dans l’ouest (Bretagne , Maine , Anjou, Poitou), mais aussi un peu plus tard dans le sud-est, Lyon, qui sera nommée Ville Affranchie après la répression et l’écrasement de la révolte et Marseille, qui portera le joli nom de Ville-Sans-Nom.

Soit à celui de nos voisins, amis et partenaires européens à qui la France a déclaré la guerre le 20 avril 1792.
Sur le sujet aussi, depuis quelque temps, pour éviter de retrancher ces appels au meurtre de masse d’un hymne dit national qui n’a pas d’équivalent dans le monde, certains idéologues affirment que ce sang « impur » serait celui des bons Français, patriotes luttant contre l’envahisseur.

« À l’époque« , écrit un site patriotique français, « ce qu’on appelait le sang pur, c’était le sang des nobles qui, seuls, pouvaient prétendre au Pouvoir et à des fonctions d’officiers dans l’Armée. Lors de la Révolution – et notamment de l’attaque des autrichiens – les nobles se sont enfuis et il ne restait donc que des « Sang impur » (Républicains), par opposition aux « Sang pur » (Royalistes). »

L’explication constitue une tentative d’exégèse qui tient de la contorsion idéologique.

Car s’il est fait référence souvent, très souvent même, au « sang bleu » des nobles, il est extrêmement peu fait mention d’un sang pur, opposé à celui, prétendument impur, du peuple ou de la roture. Quant à la situation et aux engagements de la noblesse, au printemps 1792, date de la rédaction de ce que nombre d’intellectuels français doivent considérer comme le plus bel hymne du monde, comme Paris est la plus belle du monde, les Champs-Élysées, la plus belle avenue du monde, le système de santé français le meilleur monde, etc … ils étaient bien plus variés que ne le prétend ce site patriotique .

Si, en effet une partie d’entre eux avaient rejoint les princes, les frères de louis XVI, le comte de Provence et le Comte d’Artois à Coblence, où le procureur général syndic des États de Bretagne, Monsieur de Botherel, à Jersey, un nombre important avait fait allégeance à la Révolution avant de rallier la République à partir du 22 septembre 1792.

Des noms ?

Bertrand Barrère de Vieuzac, le théoricien de l’éradication des langues autres que le français, puis de l’extermination de la population vendéenne, le général Turreau de Garambouville, qui mit en œuvre la dite extermination, avec une conscience professionnelle jamais prise à défaut, au point d’être récompensé par louis XVIII, à la Restauration, de l’ordre de Saint Louis et Maximilien de Robespierre , pour ne citer qu’eux.

La représentation d’une armée « du peuple » et entièrement roturière opposée à celle des princes constitue donc une image d’Épinal, quasiment hugolienne à force d’être outrée et caricaturale, du roman national français.
Du reste, un nombre important d’aristocrates avait décidé de combattre en France le nouveau régime devenu totalitaire.

Des noms encore ?

Armand Tuffin de la Rouérie, de Boishardy, de Noyant, du Boisguy, bientôt le Chevalier de Charette, MM. de Lescure, de la Rochejaquelin, de Talmont, etc …
Autant de personnages dont le sang devait paraître « impur » aux yeux du pouvoir, puisqu’ils refusaient d’accepter le bonheur que des idéologues éclairés avaient théorisé pour l’ensemble de la « nation ».

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« Nous en tuons à peu près deux mille par jour. J’ai fait tuer ce matin 53 femmes et autant d’enfants … J’ai brûlé toutes leurs maisons et égorgé tous les habitants que j’ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser les munitions » Général Louis Grignon

Cet extrait de la Marseillaise est assez clair et limpide :

« Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons »

Une loi portant sur l’extermination d’une population toujours en vigueur.

Autre symbole fort d’un régime que le monde entier jalouse : la loi du premier octobre 1793, votée par la Convention nationale, portant sur l’extermination de toute une population coupable de ne pas comprendre de la même manière que Paris le sens des mots « liberté », « égalité » et « fraternité ».

Puisqu’ils ne comprennent rien, puisqu’ils s’opposent à la liberté qu’on a imaginée pour eu , puisqu’ils s’obstinent à vivre dans leurs ténèbres, estime la Convention, puisque surtout, ils résistent, les armes à la mains, depuis la levée des 300 000 hommes votée le 24 février 1793 – une conscription dont sont exemptés les fonctionnaires du régime, mais qu’on impose aux paysans – on a le droit, on a le devoir, de les massacrer .

Là aussi, la proclamation de la Convention est sans ambiguïté : « Soldats de la liberté : Il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre; le salut de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir. »

Déjà, un décret du 1er Août faisait état de la nécessité d’ « exterminer cette race rebelle. »

Les ordres de la Convention furent exécutés avec savoir-faire par les généraux de la République sous les ordres de Monsieur Turreau de Garambouville. A tel point que le général Grignon, dans un de ses nombreux rapports d’activité au Comité de Salut Public écrit : « Nous en tuons à peu près deux mille par jour. J’ai fait tué (sic) ce matin 53 femmes et autant d’enfants(…) J’ai brûlé toutes leurs maisons et égorgé tous les habitants que j’ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser les munitions. »

Le massacre des Lucs-sur-Boulogne, exécuté le 28 févriers 1794, qui vit les soldats de la république brûler près de six-cents civils, dont 127 enfants de moins de dix ans dans l’église du village, préfigure celui d’Oradour-sur-Glane perpétré notamment par des Alsaciens de la division Das Reich dont une unité de l’armée ukrainienne a repris récemment le symbole de triste mémoire.

D’après Jacques Villemain, qui travailla longtemps comme conseiller auprès du T.P.I de la Haye, le massacre à grande ampleur de la population Vendéenne (donc d’une partie importante de la population bretonne), répond parfaitement à la définition de « génocide », théorisée en 1947 par le juriste juif Raphaël Lemkin, rescapé des massacres commis pendant la guerre par les nationalistes pro-nazis ukrainiens de la division SS Galizien entre autres.

On aurait pu croire la loi du premier octobre 1793 abrogée depuis longtemps.

Il n’en est rien. Au contraire, lorsque la députée Emmanuelle Ménard – qui s’illustra lors du vote de la loi Molac par un plaidoyer vibrant pour ladite loi et pour la diversité linguistique – réclama, en ce 15 Novembre 2019, son abrogation, la majorité macroniste de l’Assemblée Nationale rejeta sa proposition.
On peut trouver le compte-rendu de cette séance sur le site officiel de l’Assemblée.

Que faut-il, logiquement, en conclure ?

Que le pays des Droits de l’Homme conserve dans son arsenal législatif une loi qui pourra être de nouveau appliquée si les circonstances l’imposent. C’est à dire si la république auto-proclamée « Une et Indivisible » se sent menacée dans son caractère d’indivisibilité sur une fraction de son territoire.

A cette loi s’ajoute celle dite « contre le séparatisme » dont les caciques du régime nous expliquent qu’elle vise les fondamentalistes musulmans, mais que pour ne pas stigmatiser la communauté musulmane, on lui a trouvé une dénomination générique. On se demande pourquoi, pour ne pas froisser la communauté musulmane, on n’aurait pas pu l’appeler « loi contre le fondamentalisme religieux », ce qui aurait permis de viser aussi les extrémistes hindous, védistes, bouddhistes, odhinistes, druidistes, chamanistes, chrétiens, juifs, etc …

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La Liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes … ailleurs que dans cette république auto-proclamée « une et indivisible ». Entre déni de démocratie et négationnisme historique.

La Liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes …

La raison est simple : c’est que cette loi ne vise pas les extrémistes religieux, mais bien les indépendantistes, Corses, Antillais ou Bretons. Tout comme la loi Toubon de 1992- celle qui prétend que « le français est LA langue de la république » – ne visait pas l’anglais dont on mesure l’influence grandissante dans la société française, mais évidemment les langues dites « régionales ».

Nul doute qu’avec cet arsenal juridique – loi contre le séparatisme + loi d’extermination – le pays des droits de l’Homme dispose d’un arsenal juridique ad hoc pour, demain, procéder à la destruction tout à fait légale d’une population gênante pour ses dogmes. Ces lois pourront être appliquées à l’avenir contre les Corses s’ils s’avisent de voter l’indépendance ou contre les Antillais s’ils s’opposent avec trop de détermination au vaccin qui leur veut du bien après que l’État français les ait empoisonnés massivement et consciencieusement au chlordécone.

De manière évidente, le pouvoir refuse d’abroger une loi qu’il sait pouvoir lui être de nouveau utile le moment venu.
Il n’y a pas à dire, la France est vraiment un État merveilleux que forcément le monde entier nous envie. A ce titre, ses responsables sont tout à fait fondés à donner des leçons de morale à la planète entière !

La Vendée militaire comprenait tout le sud du département de Loire-Inférieure, devenu Loire-Atlantique.

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