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Castex : un gouvernement très parisien

de Yann LUKAS
Publié le Dernière mise à jour le

Si le Premier ministre Castex a le bel accent gersois, son gouvernement est largement dominé par les Franciliens et penche de plus en plus vers le centre-droit. La Bretagne n’y figure plus que de façon symbolique, avec un seul ministre, Jean-Yves Le Drian.

Pas bon pour la Bretagne, le premier gouvernement de Jean Castex…

Un seul ministre, Jean-Yves Le Drian, y a réalisé son parcours politique. Annick Girardin, née à Saint-Malo, a fait toute sa carrière à Saint-Pierre-et-Miquelon. Quant aux attaches bretonnes de Roselyne Bachelot par sa grand-mère gourinoise, elles relèvent de l’anecdote (sympathique au demeurant). Treize ministres sont issus d’Île-de-France (dont sept de Paris et Neuilly), six viennent du Nord-Pas-de-Calais, dix des autres régions françaises et deux sont d’origine étrangère.

Ce gouvernement dominé par Paris est aussi un gouvernement dominé par la droite.

Huit ministres, en plus de Jean Castex, sont passés par l’UMP puis les Républicains. Quatre « sans étiquette » ont des parcours personnels « droitiers ». Le centre, avec six LREM – dont l’ex-écolo Barbara Pompili – et trois Modem, ne brille pas par des prises de position antérieures progressistes. Reste sept anciens du PS et trois ministres au passé plus ou moins rose.

Il est très surprenant qu’Emmanuel Macron ait à ce point minorisé les deux régions de France qui l’ont le mieux soutenu dès le premier tour de la présidentielle 2017 : l’Alsace, avec Brigitte Klinkert, et la Bretagne de Jean-Yves Le Drian. Il est plus surprenant encore que le Premier ministre, qui se définit comme un homme des terroirs et des petites villes, se soit entouré d’autant de « Parisiens », souvent perçus en province comme dominateurs et peu ouverts au dialogue.

A-t-il eu le choix, c’est moins sûr.

L’épidémie de Covid-19 était pourtant l’occasion de relancer l’autonomie des territoires et de donner plus de souplesse aux prises de décision. On a vu à quel point la centralisation a désorganisé la lutte contre la pandémie, toujours en retard d’un métro, et sinistré l’économie et la vie publique. La France de l’Ouest (Normandie, Bretagne, Pays de Loire, Nouvelle Aquitaine) a déploré deux fois moins de cas mortels de Covid par million d’habitants que l’Allemagne. On peut penser que des décisions décentralisées y auraient limité la casse de l’emploi telle qu’elle se profile dans les prochains mois.

Le discours du candidat Macron à Quimper, le 16 janvier 2017, n’avait rien d’emballant pour les Bretons.

Les décisions prises depuis (ou repoussées) ne sont jamais allées dans le sens d’une régionalisation accrue. Les jacobins veillent autour du président. On peut aussi redouter les choix d’un Premier ministre nommé sous les lumières de la capitale.
L’ivresse du pouvoir a souvent des effets singuliers.
Comme l’écrivait un petit poète du 18ème siècle, Charles-François Panard :
« On voit des commis
Mis
Comme des princes
Et qui sont venus
Nus
De leur province. »

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