État breton souverain

Un État breton souverain, respecté et prospère

de NHU Bretagne

Pendant sept siècles, de 831 à 1514 fut un État souverain , prospère et admiré – hors une brève vacance de pouvoir au Xe siècle – parenthèse due aux invasions vikings .

Focus : Les incursions vikings

Du IXᵉ au Xe siècle, la Bretagne subit de violentes incursions vikings. Les pillages frappent les abbayes, les villes et les campagnes. Les monastères sont incendiés, les évêques et les moines doivent fuir, les populations se réfugient dans les forêts ou derrière les remparts.

Pendant plus de vingt ans, la Bretagne connaît une vacance de pouvoir. Mais en 936, Alain Barbetorte, héritier des souverains bretons, reprend le pays en main. Il chasse les Vikings et restaure l’autorité politique.

Libéré , le pays se structure et s’enrichit. La mer et la terre interagissent sans cesse, alimentant artisanats, échanges et prospérité.

Les souverains bretons, vigilants aux ambitions françaises et anglaises, apprennent à naviguer entre alliances et résistances.

Le résultat est clair. La Bretagne médiévale s’impose comme un pays prospère, bien administré et respecté en Europe.  Rome, si sourcilleuse sur la reconnaissance des peuples et des dynasties, accorde son estime. Réalité bien occultée par le puissant voisin .

La succession des souverains : une stabilité politique rare

La Bretagne connaît, de la moitié du IXᵉ siècle jusqu’au début du XVIᵉ siècle, une succession ininterrompue de dirigeants. Érispoé, fils de Nominoë, est le premier roi officiellement reconnu par Charles le Chauve en 851. Avec lui s’ouvre une lignée prestigieuse  qui administrera et défendra la Bretagne.

La Bretagne est un acteur souverain. Les mariages dynastiques, souvent conclus avec prudence, assurent une continuité politique solide résistant aux pressions extérieures, 

État breton souverain en 987. La « France » est en bleu.

Zoom : Éclat culturel

La Bretagne médiévale est un foyer culturel actif. Écoles, cathédrales et monastères forment des clercs instruits, maîtrisant le latin, langue savante de l’Europe chrétienne. Des chroniques, des chartes et des manuscrits nourrissent la mémoire.

Les contes, les chants et les légendes sont le terreau culturel du peuple. La Bretagne forge ainsi son identité, historique et imaginaire.

L’organisation du pays : un maillage religieux et féodal

La Bretagne médiévale est riche en châteaux féodaux  , évêchés et abbayes .Chaque bro (« pays » ) construit sa cathédrale, symbole spirituel et politique , affirmant le rôle central de la religion, qui légitime le pouvoir ducal et proclame l identité du pays.

Les ordres religieux se multiplient. Les moines, qu’ils soient bénédictins, cisterciens ou dominicains, participent au développement de la société. Ils défrichent, cultivent, enseignent , copient les textes…  Leur influence dépasse la sphère spirituelle pour toucher l’économie et la culture. Ainsi, la Bretagne combine  densités religieuses et féodales exceptionnelles – et  durables .

Face aux menaces françaises et anglaises, les souverains et seigneurs construisent des réseaux défensifs efficaces. De Fougères à Suscinio, de Josselin à Clisson, les murailles bretonnes témoignent d’une vigilance permanente et affirmant à la fois la puissance militaire et ancrage territorial du duché.

Terre et mer : une interaction féconde

La Bretagne se distingue par une complémentarité active  entre terres et mers nourrissant le pays par l’agriculture et la pèche Les foires et marchés dynamisent les échanges locaux, tandis que l’artisanat développe des savoir-faire réputés.

Le transport maritime. par de multiples ports, de Saint-Malo à Nantes, relie la Bretagne à l’Angleterre, à la péninsule Ibérique , à tout le littoral européen puis aux destinations au delà des mers côtières. Cette interaction terre/mer fait la spécificité bretonne. Elle garantit un équilibre économique solide et une prospérité durable. 

État breton souverain. La « France » est en bleu.

Zoom : Une Bretagne artistique

Arts religieux et arts profanes — enluminures, sceaux ducaux, monnaies frappées en Bretagne — témoignent de la finesse des ateliers. Les ducs et les duchesses commanditent des œuvres, poursuivant un engagement de mécénat constant.

Un État breton souverain riche et bien géré : finances et administration

Un État breton souverain riche et bien géré : finances et administration

La prospérité de la Bretagne médiévale ne repose pas uniquement sur ses terres fertiles et son ouverture maritime. Elle tient aussi à une gestion rigoureuse et organisée de l’État. Comme l’a démontré l’historien Jean Kerhervé dans sa thèse L’État breton, le duché disposait d’institutions solides et d’un système financier efficace.

Les recettes ducales provenaient de sources variées  impôts directs et droits féodaux, douanes  portuaires – manne essentielle. Chaque cargaison contribuait au trésor ducal. L’ensemble des fiscalité étant clairement  structuré .

L’administration générale se renforce également : sénéchaux, trésoriers, chanceliers. sont en charge, sous l’autorité ducale et sur tout le territoire. Les seigneurs, parfois turbulents, doivent composer avec le pouvoir, fermement exercé …
Ce maillage administratif garantit une cohésion rare pour l’époque.

La prospérité bretonne est visible. Les édifices religieux s’élèvent, les forteresses se multiplient, les villes prospèrent. Les étrangers, marchands ou ambassadeurs, notent cette richesse. La Bretagne, sans être une puissance impériale, se présente comme un État bien géré, envié par ses voisins et respecté de Rome.

Population de la Bretagne : estimations prudentes (inspirées par l’historiographie comparative)

Vers l’an 1000

On peut supposer une population faible, peut-être entre 200 000 et 500 000 habitants, compte tenu du faible développement rural, des crises et des zones non exploitées.

Vers 1250

Avec la croissance démographique médiévale (avant les crises du XIVᵉ siècle), une estimation plausible pourrait être de 600 000 à 900 000 habitants, voire un peu plus, selon l’étendue des terres cultivées et l’urbanisation locale.

Vers 1500

Après les crises (guerres, peste), mais avant les grandes poussées démographiques modernes, une estimation pourrait se situer entre 800 000 et 1,3 million d’habitants.

Un État breton souverain entre France et Angleterre : naviguer entre les écueils

Les souverains bretons développent un art subtil : se rapprochert de la France, obtenant reconnaissance et garanties et aussi tendre la main à l’Angleterre, afin de contrebalancer la pression française …  habiletés souvent remarquables … malgré les menaces constantes, la Bretagne conserve sa souveraineté pendant des siècles.

Les conflits, ne manquent pas. Chevauchées françaises ou anglaises ravagent régulièrement certaines secteurs …  
L’État breton tient bon. Ses alliances, son armées et ses forteresses protègent son indépendance. L’équilibre est fragile, certes, mais il fonctionne.

Ainsi, les souverains bretons démontrent leur intelligence politique. En refusant l’alignement systématique, ils préservent la liberté du pays – avant l’ouverture d’une période dramatique – de 1488 à 1532 .

État breton souverain – La France est en bleu

Zoom : Prospérité économique

La prospérité économique de la Bretagne se confirme sur la durée. Les foires attirent des marchands venus de loin. La production de sel, essentielle à la conservation des aliments, constitue une richesse stratégique. Les toiles de chanvre et de lin sont exportées vers toute l’Europe et font la réputation du pays.

Le commerce maritime, déjà évoqué, complète cette prospérité. Les navires bretons dominent les mers de l’Ouest atlantique, transportant vin, sel, poissons, ainsi que des produits importés d’Angleterre, d’Espagne, d’Irlande et des Flandres. Cette économie diversifiée garantit au duché une indépendance matérielle et une place centrale dans les échanges européens.

Un État breton souverain reconnu et respecté en Europe

L’image de la Bretagne en Europe était celle d’un pays prospère et stable. Les voyageurs notaient la densité de ses villes, l’animation de ses marchés et la force de son identité. La Bretagne apparaissait comme une nation solide, dont la richesse et la vitalité inspiraient l’admiration

Sa stabilité dynastique en fait l’une des expériences politiques les plus solides de l’Europe médiévale. 
La Bretagne fut et peut redevenir une nation libre, prospère et respectée.

Vidéo : gardez un oeil sur la Bretagne. Pendant que les États de toute l’Europe se font et se défont, l’État breton souverain reste dans ses frontières. C’est sans doute un cas unique en Europe durant près de cinq siècles.

Guerre de Succession de Bretagne

La guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) est l’un des grands conflits médiévaux qui marquent l’Histoire de Bretagne. Elle éclate à la mort du duc Jean III, sans héritier direct. Deux camps s’affrontent : d’un côté, Jeanne de Penthièvre et son époux Charles de Blois, soutenus par la couronne de France; de l’autre, Jean de Montfort et son épouse Jeanne de Flandre, appuyés par l’Angleterre.

Cette guerre s’inscrit aussi dans le contexte plus large de la guerre de Cent Ans, où France et Angleterre se disputent leur influence.
Le conflit breton est marqué par des sièges, des batailles et une grande brutalité.
Jeanne la Flamme, épouse de Montfort, devient une figure héroïque en organisant la défense de Hennebont / Henbont. Charles de Blois, canonisé plus tard par sa piété, symbolise le camp adverse. La guerre se conclut par la victoire des Montfort, consacrée au traité de Guérande / Gwenrann en 1365, qui reconnaît Jean IV comme duc de Bretagne. Cet épisode fonde durablement la dynastie des Montfort, qui dirigera la Bretagne jusqu’à l’annexion forcée avec la France en 1532.

Pour retrouver les dix-huit précédents épisodes de notre saga L’Histoire de Bretagne écrite par des Bretons libres.


Annexe : Liste des souverains de Bretagne


Pour conclure cet épisode, voici un repère chronologique des rois, ducs et duchesses de Bretagne (d’après Frédéric Morvan).
Cette succession illustre la continuité d’un État breton souverain pendant près de sept siècles.
En caractères gras les Souverains en titre.


  • Avant 818 – Morvan ou Murman, roi mythique
  • Vers 822-825 – Wiomarc’h ou Guiomarc’h, roi hypothétique
  • 845-851Nominoë, roi de Bretagne
  • 851-857Éripoë, roi de Bretagne
  • 857-874Salomon, roi de Bretagne
  • 890-907Alain le Grand, roi de Bretagne
  • (sans date) – Gourmelon, prince de Bretagne
  • 936-952Alain II Barbetorte, duc de Bretagne
  • 952-958Drogon, duc de Bretagne
  • 960-981Hoël, duc de Bretagne
  • 981-988Guerech, duc de Bretagne
  • 988-990Alain III, duc de Bretagne
  • 988-992Conan Ier de Rennes, duc de Bretagne
  • 992-1008Geoffroy Ier de Rennes, duc de Bretagne
  • 1008-1012 – Havoise de Normandie, régente
  • 1008-1040Alain III de Rennes, duc de Bretagne
  • (après 1040) – Berthe de Blois, régente
  • 1040-1047 – Eudes de Rennes dit de Penthièvre, régent
  • 1040-1066Conan II de Rennes, duc de Bretagne
  • 1066-1072Havoise de Rennes, duchesse de Bretagne
  • 1066-1084Hoël II de Cornouaille, duc de Bretagne (avec Havoise)
  • 1072-1112Alain IV dit Fergent, duc de Bretagne
  • 1096-1101 – Ermengarde d’Anjou, régente
  • 1112-1148Conan III de Cornouaille, duc de Bretagne
  • 1148-1156Berthe de Cornouaille, duchesse de Bretagne
  • 1148-1156Eudes de Porhoët, duc de Bretagne
  • 1156-1166Conan IV de Rennes, duc de Bretagne
  • 1166-1181 – Henri II Plantagenêt, régent
  • 1166-1201Constance de Rennes, duchesse de Bretagne
  • 1181-1186Geoffroy II Plantagenêt, duc de Bretagne
  • 1196-1203Arthur Ier Plantagenêt, duc de Bretagne
  • 1199-1201 – Guy de Thouars, duc éphémère
  • 1203-1212 – Alain de Rennes dit de Goëlo, régent
  • 1203-1221Alix de Thouars, duchesse de Bretagne
  • 1203-1247 – Aliénor Plantagenêt, duchesse en titre (emprisonnée)
  • 1203-1205 – Philippe II Auguste, roi de France, régent
  • 1205-1212 – Guy de Thouars, régent
  • 1213-1221Pierre Ier de Dreux, duc de Bretagne
  • 1221-1237 – Pierre Ier de Dreux, régent
  • 1221-1286Jean Ier de Dreux, duc de Bretagne
  • (sans date) – Blanche de Champagne, duchesse
  • 1286-1305Jean II de Dreux, duc de Bretagne
  • (sans date) – Béatrix d’Angleterre, duchesse
  • 1305-1312Arthur II de Dreux, duc de Bretagne
  • (sans date) – Marie de Limoges, duchesse
  • (sans date) – Yolande de Dreux, duchesse
  • 1312-1341Jean III de Dreux, duc de Bretagne
  • (sans date) – Isabelle de Castille, duchesse
  • (sans date) – Jeanne de Savoie, duchesse
  • 1341-1364Jeanne de Penthièvre, duchesse souveraine
  • 1341-1364Charles de Blois, duc de Bretagne
  • 1341-1345 – Jean de Dreux, comte de Montfort, prétendant
  • (sans date) – Jeanne de Flandre, dite la Flamme, duchesse
  • 1345-1364 – Édouard III d’Angleterre, régent
  • 1345-1364 – Jean de Montfort, prétendant
  • 1365-1399Jean IV de Montfort, duc de Bretagne
  • (sans date) – Marie d’Angleterre, duchesse
  • (sans date) – Joan Holland, duchesse
  • 1399-1402 – Jeanne de France, régente
  • 1402-1404 – Philippe de Bourgogne, régent
  • 1399-1442Jean V de Montfort, duc de Bretagne
  • (sans date) – Jeanne de France, duchesse (épouse de Jean V)
  • 1442-1450François Ier de Montfort, duc de Bretagne
  • (sans date) – Isabeau Stuart, duchesse
  • 1450-1457Pierre II de Montfort, duc de Bretagne
  • (sans date) – Françoise d’Amboise, duchesse
  • 1457-1458Arthur III de Montfort dit de Richemont, duc de Bretagne
  • (sans date) – Catherine de Luxembourg, duchesse
  • 1458-1488François II de Montfort, duc de Bretagne
  • (sans date) – Marguerite de Bretagne, duchesse
  • (sans date) – Marguerite de Foix, duchesse
  • 1488-1514Anne de Bretagne, duchesse de Bretagne
  • 1514-1524Claude de France, duchesse de Bretagne et reine de France
  • 1514-1515 – François d’Angoulême, duc usufruitier (futur François Ier)
  • 1524-1536François III de Valois, duc couronné de Bretagne

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