Dans la série NHU Interviews, nous rencontrons cette fois Serge APPRIOU et l’Équipe Kengo, le leader du financement participatif en Bretagne.
Bonjour, et merci de bien vouloir nous recevoir dans vos bureaux brestois pour cet interview.
Sommaire
En quelques mots, pourriez-vous expliquer à nos lecteurs qui ne le sauraient pas encore, précisément ce qu’est le crowdfunding ou financement participatif ?
Le financement participatif ou crowdfunding «financement par la foule» consiste, par le biais d’une plate-forme Internet, à financer un projet culturel, solidaire, sportif ou entrepreneurial, via les dons des internautes.
S’il vous plaît, pourquoi ce nom Kengo ? Que signifie-t-il et quelles est votre philosophie ?
Ken en breton est l’équivalent de Co en français comme dans Covoiturage, nous l’avons associé au Go anglais, la traduction littérale de Kengo est donc « Allons-y ensemble » ! C’est une invitation au partage et à la solidarité mais également une ambition clairement affichée de promouvoir les projets de chacun au profit de la Bretagne et de son développement.
Quelques chiffres : l’année de naissance, le nombre de projets portés à terme, le montant global de dons générés par Kengo depuis sa naissance, l’opération la plus « riche » …
Kengo.bzh a été créé en juin 2015, À fin septembre 2019, 447 projets ont été financés pour un montant total de collecte de 1,7 million d’euros. A ce jour, la plus grosse campagne est celle du Run Ar Puñs (sauvegarde d’un café-concert emblématique à Châteaulin / Kastellin) qui a collecté 168 475 euros avec plus de mille contributeurs.
Est-ce que le crowdfunding, généralement et plus particulièrement en Bretagne, est toujours en phase de croissance ?
Les chiffres 2018 de Financement Participatif France (https://financeparticipative.org/) montrent un tassement, avec une croissance nationale de 2%. Mais en Bretagne tout va bien Kengo.bzh a enregistré une croissance de 40% l’an passé.
Comment Kengo se finance ?
Kengo.bzh prélève une commission de 8% sur les projets qui aboutissement. C’est-à-dire qui atteignent leurs objectifs. Si le projet n’y parvient pas les internautes sont remboursés.
Pourquoi ce choix d’un ancrage sur la seule Bretagne, sachant bien sûr que votre Bretagne est la même que celle de NHU Bretagne, c’est à dire entière à cinq départements. L’Hexagone n’est-il pas plus riche en opportunités ?
Effectivement, Kengo.bzh est l’une des rares plateformes de crowdfunding qui joue la carte du local avec une certaine radicalité. Puisque nous ne publions que des projets portés par les Bretons ou pour les Bretons.
Si 100% des projets sont bretons, 70% des dons le sont eux-mêmes. A vrai dire, l’ADN du financement participatif est avant tout local. Mobiliser une communauté au profit d’un projet qui directement ou indirectement, profite à la communauté semble aller de soi.
Mais un préalable sous-tend cette dynamique. Et il se résume ainsi : Le sentiment de partager un destin commun, une identité partagée. Le sondage de DIBAB et Civic Lab cette année l’illustre parfaitement. Avec un sentiment de « bretonnité » de 87% sur les quatre départements administratifs et 59% pour la Loire-Atlantique. Être membre d’une communauté et s’en revendiquer est un signe de confiance en l’autre mais aussi en soi.
Bretagne et confiance …
Car quel que soit les difficultés, nous ne sommes pas seuls et ce plus petit commun dénominateur entre chacun des acteurs peut parfois suffire à faire société. Bien évidemment, vivre sa « bretonnité » ne se résume pas à un territoire géographique, c’est aussi une histoire, une langue et des valeurs partagées.
Cette identité permet d’accentuer la solidarité, de créer du lien autour des projets et de rapprocher les Bretons autours de valeurs communes. Depuis quelques mois, nous avons financé de nombreuses épiceries Bios, Vrac, Locavore, etc… ces projets illustrent bien le désir d’une consommation respectueuse de son environnement, de la santé et de son terroir et génèrent des circuits courts et fiables. Valoriser les initiatives en local, les faire connaître, et permettre via les dons des bretons de développer de nouveaux commerces, spectacles tels sont les objectifs que nous cherchons à atteindre ensemble.
L’avenir de Kengo, vous le voyez comment ?
Depuis quelques années, le tissu associatif subit de plein fouet la baisse des dotations de l’état vers la collectivité territoriale. Cette baisse a conduit les acteurs de la culture mais aussi de l’économie sociale et solidaire (ESS) par exemple à se réorganiser.
Kengo.bzh a un rôle à jouer dans cette réorganisation des financements locaux.
En Juin 2020, Kengo va fêter ses cinq ans. Une belle étape que nous voulons partager avec tous les porteurs de projets et acteurs qui nous ont entourés depuis le début. L’idée est donc de consolider notre positionnement. Nous sommes encore une jeune entreprise et nous nous devons de prouver qu’il est possible de mobiliser largement et de fédérer les Bretons autour de causes communes petites ou grandes.
Une journée chez Kengo, ça ressemble à quoi ?
Chaque matin, nous découvrons les projets bretons déposés. Nous les examinons et entrons en contact avec eux pour leur apporter les premiers conseils pour démarrer l’édition de leur fiche projet et les informations relatives au processus de communication à mettre en place durant leur campagne. Nous effectuons également une relecture avant mise en ligne des projets prêts à être publiés. Vient ensuite le travail de promotion des projets via nos partenaires média ou les réseaux sociaux. En fait, chaque journée est alimentée par les différentes étapes des projets que nous proposons, dont ce suivi personnalisé proposé aux porteurs !