Les interviews de NHU Bretagne.
A l’occasion de leur imminente Université d’Été ces Vendredi 31 Août et Samedi 1er Septembre, nous rencontrons le Président du Club Erispoë.
Bonjour Alexandre GALLOU et merci de nous recevoir au Club Erispoë pour cette interview destinée à NHU Bretagne.
Sommaire
Tout d’abord, pour mieux comprendre qui est le Club Erispoë, comment est née cette idée en 2012 ?
Nous étions deux copains bretons sur le campus d’HEC Paris et nous nous posions des questions sur notre futur et sur le futur de la région. Les grandes carrières bien tracées à Paris étaient tentantes mais semblaient nous éloigner à jamais de la région. Nous étions passionnés de politique et pétris d’enjeux bretons (l’autre copain s’appelle Corentin LE FUR, le fils d’un certain Marc). On a rencontré Ségolène TROADEC (la nièce d’un certain Christian) qui dirigeait elle l’association des Bretons de Sciences Po Paris. Concomitamment, Patrick LE LAY avait entendu parler de nous et nous a proposé de créer un petit club de jeunes souhaitant réfléchir à l’avenir de la région. On a pris avec nous un Polytechnicien de Ploudaniel et ça a commencé comme ça.
Pourquoi avoir choisi le nom du premier Roi de Bretagne, Erispoë, Fils de Nominoë, pour votre Club ?
Pour nous, Nominoë était – vous me permettez une grossièreté historique – le roi fondateur de la Bretagne. Erispoë, son fils, incarnait une forme de relève, celui qui a organisé un semblant d’institutions. L’idée du nom était de s’inscrire dans la lignée des grands fondateurs de l’après-guerre, des GOURVENNEC, du Celib, en disant : qu’est-ce qui vient après ?
Quel message et quelle ambition la jeunesse peut apporter à la Bretagne pour qu’elle réponde aux enjeux d’aujourd’hui et reste belle, prospère, solidaire et ouverte sur le monde comme l’affirme Produit en Bretagne.
Aujourd’hui, près de douze siècles après Erispoë, qui compose le Club ?
Le Club est composé d’un noyau d’une trentaine de jeunes qui s’investissent plus ou moins et il a reçu 600 jeunes à ses différents événements depuis cinq six ans. Une majorité de jeunes Bretons des Grandes Écoles, surtout parisiennes, mais aussi plein d’autres profils. Des jeunes qui ont une ambition, un rêve pour la région, qui l’ont au coeur.
Quels sont les buts, les missions que vous vous donnez ?
Ainsi l’idée est de former les jeunes Bretons aux enjeux économiques, politiques et culturels bretons. Et d’être l’aiguillon qui les poussera à s’engager pour la Bretagne d’une quelconque manière. Sur le premier point, nous avons dès l’origine du club compris qu’il y avait de grosses lacunes des jeunes que nous voyions. Capables de se dire Bretons, de mettre un gwenn-ha-du sur leurs épaules en soirée à Paris, Londres ou Rennes. Mais incapables de dire ce qu’étaient le Célib ou le duché de Bretagne. Ignorant qu’Yves Rocher, Ubisoft ou La Brioche Dorée sont bretons. Ou qu’Arkéa est champion d’Europe des Fintech … Sur le second point, l’idée est de leur montrer que monter ou reprendre une boite en Bretagne est un sacré avantage. Que des opportunités d’emplois de haut niveau existent dans la région ou que plein d’autres façons de s’engager existent. Tout ça passe par deux universités par an: à Paris au printemps et à Locarn (22) l’été. Également par des débats à Montparnasse et à Rennes une fois par mois. Puis par la diffusion d’offres de stages et d’emplois…
« Ensemble, rêvons la Bretagne ».
Comment rêvez-vous la Bretagne de demain, face aux défis colossaux qui nous font face : mondialisation, environnement, identité, économie …
Une Bretagne qui embrasse les défis de demain: l’écologie, la solidarité, le numérique… sans oublier d’où elle vient. Sans se noyer dans une mondialisation qui uniformise et qui lui fasse perdre son âme si particulière. Une fois qu’on a dit ça, et c’est assez facile d’avoir cette vision, il faut surtout se lever les manches et mettre en piste les acteurs qui transcriront cela en actes. Là, ça devient plus compliqué.
Votre prochaine Université d’Été se déroulera ces 31 Août et 1er Septembre à l’Institut de Locarn. S’il vous plaît, pouvez-vous nous en dire plus : thèmes abordés, Invités, nombre de Participants …
Nous devrions accueillir une cinquantaine de jeunes. L’idée est d’avoir des conférences qui les inspirent avant la rentrée, qui leur donnent envie. C’est donc relativement hétéroclite. Vendredi soir (31/08), Jean-Michel LE BOULANGER, géographe, professeur d’université et vice-président de la région nous parler de son livre « Être breton ? ». Puis il y aura ensuite une soirée festive entre jeunes avec un fest-noz animé par le groupe Tortad. Le lendemain, nous accueillerons Hervé BALUSSON, le fondateur d’Olmix, qui nous expliquera sa fabuleuse aventure industrielle dans ce domaine encore jeune que sont les algues. Il sera suivi de Stéphanie STOLL, Présidente de Diwan. L’occasion d’évoquer les enjeux liés à la langue et à l’éducation. Nous avons très peu de bretonnants au club et nombre d’entre nous s’attristent de ne pas parler breton.
Nous parlerons aussi politique.
Samedi après-midi, nous recevrons Jean-Charles LARSONNEUR, député de Brest à trente quatre ans. Nous parlerons politique, Bretagne et aussi Défense et géopolitique. Il sera suivi des fondateurs de la startup Follow, deux jeunes qui cartonnent à Rennes. Enfin, nous finirons par une bouffée d’histoire avec Erwan CROUAN (historien et photographe de surf !) qui nous parlera des montagnes sacrées en Bretagne. L’université d’été est surtout un moment d’échange, de réseautage, de fête. C’est là l’essentiel.
Durant l’année, vous qui êtes Étudiants et Professionnels en Bretagne et au-delà, comment vit le Club Erispoë ?
Si l’on parle de finances, nous avons quelques mécènes et le soutien de partenaires comme Arkéa. Par le passé, les chantiers Piriou, Armor Lux ou le groupe Le Duff nous ont aidé. Nous sommes d’ailleurs toujours à la recherche de soutiens. Les entreprises se font connaître auprès des centaines de jeunes que nous touchons et nous continuons d’élargir cette base.
Si l’on parle de vie plus générale, le Club vit correctement avec toutes les difficultés d’une jeune association. Tous les ans, nous devons recruter les jeunes entrés en école, c’est passionnant mais ça demande un peu d’énergie.
Nous vous remercions de votre accueil et nous vous souhaitons une Université d’Été très riche en belles rencontres.
Merci NHU et longue vie à vous !
Vous pouvez retrouver le Club Erispoë sur leur groupe Facebook et sur Twitter.
Photos Erwann CROUAN
2 commentaires
Chers Compatriotes,
j’aimerais évoquer the Celtic Union qui est proposée, envisagée. Mais tout d’abord je voudrais rappeler l’existence de SKOL ERISPOE, à Laval en Mayenne. Association réunissant les Bretons brittophones habitant le département de la Mayenne. Skol Erispoe fut crée en 1983 à Laval, le premier président en fut Louis Poisson (choisi par tennañ plouz-berr ! personne parmi les 7 comparses ne voulant prendre cette charge, très amicale hag e brezhoneg). J’en fus le premier secrétaire jusqu’à mon retour en Bretagne en 1987). Le nom fut choisi du fait qu’Erispoe était « Roi de Bretagne jusqu’au fleuve Mayenne ». Laval comprenant énormément de Bretons et Bretonnes. (archives, photos OF et journaux locaux à disposition).
About the Celtic Union. Je pense que tout d’abord ce sont les relations au sein des Îles britanniques qui priment. En effet, à mon sens, rien ne pourra vraiment se faire sans la modification des relations entre les pays celtiques et l’Angleterre, mais aussi sans les modifications, les évolutions des relations entre les pays celtes entre eux (au sein des Îles britanniques). Il y a des » » malentendus » » entre les pays celtiques eux-mêmes. Aujourd’hui, les nationalistes écossais du SNP jouent un rôle important dans la question de l’Irlande du Nord : les liens Irlande du Nord et Ecosse ayant toujours été très forts, cela va très loin puisqu’il existe un dialecte gaélique irlando-écossais, cela dit en passant. La solution du problème irlandais République-Six Comtés passe aussi par Edinburgh. Quelques aspects encore : les relations entre République d’Irlande et Pays de Galles sont tendues ; cela est dû au fait que beaucoup de Gallois, soldats de l’armée britanniques en Irlande du Nord, ont été tués par l’IRA lors des grandes périodes de conflits. Ce n’est que tout récemment qu’une délégation irlandaise est venue officiellement au Parlement Gallois / Senedd Cymru (ex-Assemblée du Pays de Galles). Donc, les relations République d’Irlande / Pays de Galles se réchauffent. Mais là, la « » grande fraternité « » » n’existe pas. Il faut vivre en GB pour se rendre compte que les problèmes sont extrêmement complexes. Evitons, en tant que Bretons, d’avoir une vision idéalisée des relations interceltiques. Ayant vécu au total près de 23 ans au Pays de Galles, parlant gallois et l’ayant même enseigné à des Gallois non celtophones, je puis vous assurez que « » l’idée celtique » est relativement neuve dans la population galloise. D’aucuns diront que cela est faux peut-être, mais il ne faut pas confondre militants et population. En tout cas et en dépit de problèmes graves (Irlande du Nord), The Celtic Union est tout à fait possible à réaliser, étape par étape. La première étape étant culturelle à mon sens, et cela est déjà en route (Festival de Lorient et d’Edinburgh, l’Eisteddfod galloise (mot féminin), et les jumelages. Ancien et Premier secrétaire de l’Association Bretagne-Pays de Galles / Breizh – Kembre (l’association historique), je me permets d’insister sur l’importance des jumelages, car dans ce contexte ce sont les gens, les peuples celtes qui se rencontrent. Nous devons insister auprès de nos municipalités pour qu’elles se tournent vers l’Ouest et non pas vers l’Est ou le Sud de l’Europe. C’est là un axe majeur. Pour terminer, truez ouzhin, il est urgent que les Bretons connaissent la langue anglaise comme les Flamands, les Danois etc. (le monde entier), c’est-à-dire de façon parfaite. Certains vont sans doute hurler mais la langue interceltique aujourd’hui c’est l’anglais, pas le breton ou le gaélique d’Ecosse. En plus de la langue bretonne, les jeunes Bretons devraient maîtriser parfaitement la langue anglaise. Ce n’est pas une découverte. I now stop. Yn gywir iawn, Yvan Guéhennec (69 years old, Gwened / Vannes). Ugh.
Bonjour Yvan, et merci de cet intéressant commentaire.
Oui, les Bretons sont globalement mauvais en anglais … et cela satisfait bien l’état central qui y voit un avantage à ce que les Bretons ne puissent pas échanger plus avec les autres nations celtiques du nord qui sont toutes anglophones.
https://www.nhu.bzh/bretonnes-bretons-langue-anglaise/
https://www.nhu.bzh/bretagne-international/brittany-news/