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Le maire, les noms de rue et la diversité culturelle
Une manifestation a eu lieu le 14 septembre dans le Finistère pour exiger des noms de rue en langue bretonne et non en français. Une affaire moins anecdotique que certains le croient.
Si cela était à Paris …
Hypothèse d’école. Nous sommes en février 2019 et, lors du Conseil de Paris, Anne Hidalgo présente les noms de trente nouvelles artères de la capitale. Particularité ? Toutes les appellations choisies sont en anglais. Rue du Baker, Avenue des Birds, Boulevard du City Hall… Tollé, évidemment. On s’indigne, on vitupère, on accuse l’édile socialiste de trahir l’histoire de son territoire et de participer à la « colonisation anglaise des noms de lieux ». Pour apaiser les esprits, la maire fait un geste : les plaques apposées seront finalement bilingues, en anglais et en français.
Manifestation vers Paris Plage
Cela ne suffit pas. Les protestations redoublent. Des personnalités s’insurgent et lancent des appels. Une manifestation est même organisée sur les bords de Seine. Pas de quoi, pourtant, faire dévier l’édile de sa ligne de conduite. C’est même elle qui passe à l’accusation. « C’est quoi la prochaine étape ? Un ouvrage sur le droit du sol et le droit du sang ? Ces propos ont des relents de populisme et de nationalisme totalement honteux et contraires à ce qu’est la vraie Ile-de-France : une terre d’accueil, ouverte aux autres et sur le monde ».
Mais cela existe en Bretagne !
Réalité. Nous sommes en février 2019 et, lors du conseil municipal de Telgruc-sur-Mer, Dominique Le Pennec présente les appellations de trente nouvelles artères de cette petite commune du Finistère, dont il est le premier magistrat. Particularité ? Toutes les dénominations choisies sont en français. Allée des Albatros, rue des Pélicans, impasse des Frégates… Tollé, évidemment. On proteste, on vitupère, on accuse l’édile (LREM) de trahir l’histoire de son territoire et de participer à la « colonisation française des noms de lieux ». Pour apaiser les esprits, le maire fait un geste : les plaques apposées seront finalement bilingues, en français et en breton.
Manifestation à Telgruc Plage
Cela ne suffit pas. Les protestations redoublent. Des personnalités s’insurgent et lancent des appels. Une manifestation est même organisée sur une plage de la localité. Pas de quoi, pourtant, faire dévier l’édile de sa ligne de conduite. C’est même lui qui passe à l’accusation. « C’est quoi la prochaine étape ? Un ouvrage sur le droit du sol et le droit du sang ? Ces propos ont des relents de populisme et de nationalisme totalement honteux et contraires à ce qu’est la vraie Bretagne : une terre d’accueil, ouverte aux autres et sur le monde ».
Nommer c’est prendre possession.
Comparaison, dira t-on, n’est pas raison. Après tout, le français est la langue officielle de la Bretagne, ce qui n’est pas le cas de l’anglais à Paris. Certes, mais, si l’on y réfléchit bien, le processus est le même. Qui consiste à couper le lien entre une population et sa langue historique, pour mieux asseoir la domination d’une autre. Imaginons que, d’ici 150 à 200 ans, l’anglais soit devenu la langue officielle de l’Union européenne. Faudrait-il pour autant accepter des appellations british dans nos rues ? Ni vous ni moi ne serons encore là pour le voir, mais je parie que nos descendants le supporteraient mal. Et c’est pourquoi, de la même manière, un grand nombre de Bretons (1) refusent le choix du maire de Telgruc – et de certains de ses collègues, car il n’est pas le seul dans ce cas.
Interrogé par L’Express, l’édile affirme pourtant ne pas comprendre la polémique.
« A ce que je sache, la Bretagne est en France et je ne fais que recourir à notre langue nationale. Et je n’ai pas ... lire la suite dans l’article original de Michel FELTIN-PALAS.
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