Réponse à ce récent article à propos des Maires francisateurs.
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Loin de refléter la réalité actuelle, un tel « classement » relève clairement de l’erreur d’appréciation et du défaut d’information !
Certes, jusqu’il y a peu, le comportement de la commune en matière de préservation et de promotion de la langue bretonne était loin d’être exemplaire !
Ainsi, lors de récents travaux d’aménagement de voies d’accès au bourg, des panneaux d’entrée d’agglomération bilingues, mis en place depuis de nombreuses années, avaient été remplacés par des panneaux monolingues (version « française », bien sûr !).
Ainsi encore, tant en 2012, 2014 que 2016, lors du passage de la Redadeg sur la commune, la Mairie, à l’inverse des communes environnantes, avait refusé « d’acheter » un kilomètre au prétexte que ce n’était pas pour une association de la commune !
Et puis aussi, un jour, la seule référence à la langue bretonne sur le bulletin municipal (« Kelachoù Plogoneg », en deuxième nom) a disparu sans autre forme d’explication…
Mais aujourd’hui, il faut saluer un notable changement en la matière.
La Commune a signé, en Mars 2017, la Charte « Ya d’ar brezhoneg » et s’atèle actuellement à la bilinguisation de la signalétique. D’ici peu, on devrait donc voir de nouveaux panneaux indiquant tout autant « Straed an Ti-Kêr » que « Rue de la Mairie », ou « Straed al Ledenez » que « Rue de la Presqu’Ile », etc.
Autre initiative, et pas des moindres : des démarches entamées auprès du Rectorat pour la création d’une filière bilingue au sein de l’école publique Paul Gauguin.
Pour autant, Plogoneg ne mérite pas (pas encore !) une place sur le podium de la défense et de la promotion de la langue bretonne.
En effet, dans ce qu’il faut bien appeler le grand délire actuel de la modification de l’adressage, si la Commune ne se distingue heureusement pas par une frénésie de francisation à tout crin des noms de lieu, elle ne fait pas preuve d’une réflexion qui serait non seulement à la hauteur de ses autres initiatives, mais surtout en cohérence avec celles-ci.
Elle se contente de suivre les préconisations du Service S.I.G. (Système Informations Géographiques) de Quimper Bretagne Occidentale / Kemper Breizh Izel qui ne fait que s’aligner sur les exigences de la Poste qui réclame que le libellé (facultatif) du lieu-dit ne vienne qu’après la mention (obligatoire) d’un numéro d’habitat et d’un nom de voie…
Or, il ne faut pas se voiler la face.
Privilégier dans l’adressage des villages et des hameaux un nom de voie (même en version bilingue), qui va donc devenir l’appellation de référence de toutes les activités administratives et de service, c’est condamner le nom particulier de ces villages et hameaux à disparaître à terme, avec tout ce qu’il évoque…
La Commune de Plogoneg pouvait-elle faire autrement ?
En fait, la vraie question est « Peut-elle faire autrement ? » car la refonte de l’adressage n’est pas encore terminée… et une délibération du Conseil Municipal peut toujours venir corriger une autre…
De manière générale, les communes peuvent-elles faire autrement ? Les tenants d’une ligne purement « légaliste » répondront que non car il faut toujours obéir aux règles édictées par « l’Autorité », quelles qu’elles soient !
C’est pourtant ce qu’ont cru ne pas faire les élus de certaines communes comme Langolen, Landrevarzec, ou encore Chateauneuf du Faou, s’affranchissant ainsi des normes conçues par une technocratie jacobine… tout en satisfaisant aux demandes d’amélioration de la précision en matière d’adressage.
Photo de couverture Ouest France – signature de la Charte Ya d’ar brezhoneg avec le Maire Christian KERIBIN et Lena LOUARN, Région Bretagne administrative.
https://www.nhu.bzh/le-pennec-le-vaillant-keribin-maires-francisateurs/