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C’est quoi la PAC, la Politique Agricole Commune ?
Cette Politique Agricole Commune a été instauré en 1962 pour réguler les agricultures européennes. Bon an mal an, actuellement, la PAC représente un montant d’aide global de 58 milliards d’euros distribuée aux agricultures européennes.
C’est le tiers du budget global de l’Union Européenne. La dernière version est la PAC 2014-2020, affichée « plus juste, plus équitable, plus verte et transparente« . Cette nouvelle PAC veut « garantir un approvisionnement stable de denrées alimentaires de haute qualité et de mieux protéger l’environnement » en Europe.
La PAC est une usine à gaz extrêmement complexe, qui s’appuie sur deux piliers.
Premier pilier de la PAC.
La Politique Agricole Commune est avant tout une affaire de gros sous. Ce premier pilier de la PAC version 2014-2020 instaure un « régime de paiement de base » uniforme à l’hectare et qui contraint les gouvernements à réserver vers 70% de leurs financements à ces subventions.
Puis 30% des aides directes sont elles liées au bon respect de trois pratiques agro-environnementales. D’abord la diversification des cultures. Puis le maintien des prairies permanentes. Enfin la bonne préservation des SIE ou Surfaces d’Intérêt Écologique.
Pour le second pilier, ce sont six axes de développement qui sont retenus.
D’abord un renforcement de la compétitivité et de la gestion durable des forêts. Puis un soutien à l’innovation et au transfert de connaissance. Le troisième axe veut améliorer la gestion et l’organisation des risques dans la chaîne alimentaire. Comme la tendance est au vert, la PAC 2014-2020 n’oublie pas de mentionner la protection et la restauration des écosystèmes. Également une utilisation plus efficace des ressources. Enfin, il est fait état de la volonté de lutter contre la pauvreté en zones rurales.
Paroles, paroles … diront certains.
De vraies mesures et des actes concrets pour d’autres.
Ce à quoi on assiste plutôt, c’est globalement à une restriction sensible et progressive des aides de Bruxelles aux agricultures européennes, dont bretonne. Certains ont beau jeu de l’expliquer par le Brexit qui prive la PAC des quinze milliards d’euros que versait Londres. Soit-dit en passant, l’écart était tel entre ce que Londres versait d’une part et touchait d’autre part que les Britanniques font de belles économies. Et également à une libéralisation. En particulier avec la fin des quotas laitiers depuis le 1er Janvier 2015, et aussi une large libéralisation des marchés sucriers.
Sans évoquer des accords intercontinentaux entre Union Européenne et Amériques. Comme le TAFTA et autres CETA et Mercosur qui vont ébranler sans tarder nos agricultures.
Le système de la PAC est-il encore viable longtemps ?
A partir de 2020, pour la version à venir, la PAC sera de moins en moins commune. Elle sera peu à peu de plus en plus régionale et de plus en plus concurrentielle. C’est donc à un véritable désengagement de Bruxelles auquel nous pourrions assister dans deux ans à peine. Les distorsions de concurrence, comme dans les transports routiers par exemple, vont s’amplifier.
Chacun pour soit.
La solidarité européenne d’une certaine période semble remise en question. Les Allemands qui versent quelques 20 milliards d’euros et n’en perçoivent que douze vont-ils continuer longtemps ? Quand les pays du sud et de l’est de l’Union Européenne cotisent peu et perçoivent beaucoup.
Et la Bretagne ?
L’Hexagone, puissance agricole au sein de l’Europe perçoit vers 9 milliards d’euros par an.
La Bretagne, première puissance agricole au sein de l’Hexagone, dans la généreuse distribution, n’en perçoit au mieux qu’une dizaine de pourcents. Le principe de Pareto se niche ici aussi : 20% captent à eux seuls 80% des aides européennes. Et ce tableau, même s’il date un peu, est édifiant …

Et les Agriculteurs sont trop aidés ? Source : LeFigaro
Concrètement ces subventions globales peuvent représenter jusqu’à 86% des revenus en production laitière. Jusqu’à 100%, voire 135% en production bovine. Pour l’élevage porcin 64%, 34% en aviculture, 20% en productions légumières …
Très clairement, nos agricultures sont sous perfusion permanente depuis des décennies.
On ne peut pas bâtir une économie saine et durable dans de telles conditions. Mais quand vos concurrents internationaux pratiquent tous de cette façon, ne plus le faire chez nous serait condamner à une mort économique rapide la quasi totalité de nos Agriculteurs. Lesquels sont déjà confrontés à des conditions d’exploitation souvent intenables, pour d’autres raisons.
Le problème semble insoluble …
Comment concilier dans un système unique hyper centralisé les intérêts d’un producteur laitier breton et d’un autre roumain ? Il semble évident que cela est totalement impossible. D’autant que dans ce même système complexifié au fil des décennies, il faut aussi intégrer et croiser les intérêts du producteur de légumes de la côte nord de la Bretagne avec celui du sud de l’Espagne, etc …
Quand un drogué ou un alcoolique ne stoppe pas sa prise suffisamment tôt, il sombre en total état de dépendance. Sans sa dose il meurt. C’est sans doute vers ce stade que se trouve nombre de nos agricultures européennes.
Le sevrage sera long, et les agricultures bretonnes confrontées à cette PAC artificielle et à long terme nocive, devraient le commencer au plus tôt.
Ne faudrait-il pas déjà changer la relation avec Bruxelles et Paris, les dealers ?
L’agriculture bretonne, une des plus puissantes d’Europe, n’est-elle pas capable d’imaginer, d’inventer de nouveaux modèles, à plus forte valeur ajoutée et capables de s’intégrer dans la mondialisation ? Surtout, capables de mieux respecter l’Homme (l’Exploitant, le Consommateur …), sa santé et notre environnement ?
En se passant peu à peu de nos dealers ?
#CroirePlusEnNous.
Sources :
www.bretagne.bzh
www.bretagne.synagri.com