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Un point sur la politique linguistique en Bretagne, par Paul MOLAC

de Paul MOLAC
Publié le Dernière mise à jour le

La politique linguistique de Jean Michel BLANQUER …

A propos de la politique linguistique, j’ai récemment interrogé le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, sur la rentrée scolaire pour l’enseignement bilingue (effectifs, difficultés) et les épreuves du bac en langues régionales. Alors que les épreuves optionnelles de latin et de grec au bac seront les seules qui permettront aux élèves d’avoir un bonus de points, j’ai précisé au ministre que les langues régionales bénéficiaient des mêmes vertus que les langues anciennes, tout en étant bien vivantes quant à elles.

Apprendre à l’école …

J’ai surtout rappelé qu’au rythme actuel des efforts consentis, nous aurons un tiers d’une classe d’âge en bilingue en 2118! Un tiers c’est justement la proportion de parents bretons (sur les cinq départements) qui souhaitent que leurs enfants apprennent le breton à l’école. Tandis que 73% des Bretons sont tout à fait ou plutôt favorable à ce qu’il y ait plus d’enseignement du breton dans les écoles.

Ces données, dont je vous parlerai plus en détail prochainement, sont issues de la toute nouvelle enquête sociolinguistique du Conseil régional de Bretagne sur le breton et le gallo, qui a permi de mieux affiner les réalités quant à la pratique des langues régionales, les derniers chiffres datant en effet de plus de dix ans.

Enquête socio linguistique en Bretagne.

Avant toute chose, il faut partir d’un constat qui vient clairement d’être réaffirmé par l’enquête demandée par la Région Bretagne dont je n’avais pas encore connaissance lorsque j’ai posé la question à Blanquer. Réalisée sur plus de 8600 personnes cela donne à cette enquête une bonne fiabilité et une sûreté dans les résultats. Les habitants de la Bretagne veulent plus de breton, à l’école, à la télé et dans la vie publique à 73 %.

Voilà qui tranche avec l’affirmation que cette question n’intéresse pas les Bretons comme je l’ai déjà entendu. Un tiers veulent que leurs enfants apprennent le breton à l’école. Ce qui est à rapprocher avec l’offre actuelle qui permet à 5 % seulement des enfants en Bretagne de l’apprendre.

Autre enseignement, les pourcentages sont comparables entre l’est et l’ouest de la Bretagne ce qui montre que l’intérêt est sur toute la Bretagne historique. On constate le même phénomène pour le gallo même s’il est de moindre ampleur. Toute bonne politique publique doit donc essayer de répondre aux attentes de la population dans les deux langues de Bretagne.

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Plus de 70% de la population bretonne réclame plus d’enseignement du breton à l’école : on fait quoi ?

La région Bretagne a-t-elle les moyens institutionnels de prendre en charge seule cette politique ?

Non car l’enseignement, les médias et la signalétique sont du ressort de la loi générale et bien souvent du gouvernement. Pour autant sans l’appui de la région et sans sa volonté constante, rien ne se ferait.

C’est difficile, il faut toujours négocier, faire pression.
Il nous faut également l’appui de la population, y compris par l’affirmation de leur volonté. Il faut parfois relancer, affirmer, et on finit par avoir gain de cause. C’est parfois agaçant, épuisant, long. Cela ne répond pas toujours à la volonté de certaines associations. Mais c’est pour l’instant le seul moyen d’avancer car l’enseignement ou les médias, voire la signalétique restent essentiellement compétences de l’État.

La pression populaire.

Cela ne veut pas dire que la région ne peut rien faire. Mais cela veut dire que l’État ne change que quand la pression populaire et politique des collectivités locales sont suffisantes.

Dans un monde que j’appelle de mes vœux, un État avec une forme fédérale, les choses seraient plus simples certainement mais ce n’est pas le cas pour l’instant… Et je dois dire que je me sens un peu seul parfois au parlement. Malgré quelques collègues éclairés dont les Corses mais pas seulement eux. Il faudrait non pas une révision constitutionnelle mais un changement avec l’établissement d’un système fédéral.

Aujourd’hui, c’est presque de la politique fiction malheureusement. La politique linguistique est donc limitée par la volonté de l’Etat et portée par la volonté d’avancer de la région et de la population.

L’État a évidemment les moyens de cette politique.

L’enseignement bilingue, par exemple, est réalisé par des enseignants qui maîtrisent à la fois le français et le breton. C’est dans le cadre de l’horaire normal que s’effectue cet enseignement. Il n’existe donc aucune dépense supplémentaire. Il faut juste que les enseignants soient formés aux langues de Bretagne dans leur cursus universitaire … Ce qui ne va pas de soit même pour des institutions comme les facs.

Le chemin est pour moi clair, partir de la demande sociale, la décliner en mesures. Puis la faire valider lors des élections régionales et mettre la pression. C’est un combat de tous les jours et de longue haleine. Une mesure qui me paraît de bon sens : que l’enseignement bilingue soit proposé à tous les enfants de Bretagne dans chaque école.
Ni grand soir, ni défaitisme. Définir des mesures qui font consensus dans la société bretonne. Et les mettre en place avec détermination et constance. Malgré toutes les chausses trappes et la mauvaise volonté de certains qui peuvent d’ailleurs être Bretons.

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