Préhistoire Bretagne insulaire

La préhistoire de la Bretagne insulaire – Histoire de Bretagne

de NHU Bretagne

Deuxième épisode de notre série de 28 épisodes consacrée à l’Histoire de Bretagne écrite par des Bretons libres.

Retrouvez le premier épisode

La préhistoire de la Bretagne insulaire : des chasseurs-cueilleurs aux bâtisseurs de mégalithes

Bien avant l’émergence de la Bretagne continentale, l’Histoire bretonne s’ancre dans la préhistoire de ce que l’on appelle aujourd’hui la Bretagne insulaire : les régions de l’ouest des îles britanniques. Là, entre falaises battues par les vents et collines verdoyantes, nos lointains ancêtres ont vécu pendant des millénaires. Ce deuxième épisode de notre série L’Histoire de Bretagne en 28 épisodes, explore les premières traces humaines dans ces régions, depuis le Paléolithique jusqu’aux débuts du Néolithique.

Une région façonnée par la géographie et le climat

À l’époque du Paléolithique, les îles britanniques ne sont pas encore des îles. Le Channel, que nous Bretons, appelons Mor Breizh (« Mer de Bretagne » traduit en langue française) n’existe pas. C’est alors une vaste plaine appelée Doggerland reliant les actuelles (petite) Bretagne continentale et Grande Bretagne insulaire. Le climat, froid et sec, favorise les steppes, les forêts éparses, et la présence d’animaux tels que mammouths, bisons ou cerfs géants. Les humains y vivent par petits groupes nomades.

Avec la fin de la dernière glaciation, vers 12 000 ans avant notre ère, les températures remontent. Les glaciers fondent. La mer monte. Peu à peu, la Bretagne insulaire se détache du continent. Vers 6 500 av. J.-C., l’ouest de la future Angleterre, du Pays de Galles et de l’Écosse devient une entité isolée.

Premiers humains : Homo heidelbergensis, puis sapiens

Les plus anciennes traces humaines retrouvées dans la région remontent à environ 800 000 ans, avec des outils de pierre grossiers dans le Suffolk ou le Kent. Mais ce sont des chasseurs-cueilleurs Homo heidelbergensis ou néandertaliens qui dominent ensuite le paysage, jusqu’à l’arrivée de notre espèce : Homo sapiens, vers 40 000 ans av. J.-C.

Ces premiers Sapiens vivent dans des abris sous roche ou des tentes en peau. Ils suivent le gibier, cueillent des baies, pêchent, et laissent derrière eux des outils en silex, des restes de foyers, et parfois des sépultures rudimentaires.

Un outillage de plus en plus sophistiqué

Au fil des millénaires, les techniques progressent. Le travail du silex devient plus fin, plus spécialisé. Les pointes de flèches, grattoirs ou burins témoignent d’un savoir-faire croissant.

Ces objets sont retrouvés en Cornouailles, dans le sud du Pays de Galles, ou dans certaines grottes du Pembrokeshire. Ces zones offrent des abris naturels, des sources d’eau douce et un accès facile à la mer.

Préhistoire de la Bretagne insulaire
Ragistor / Prehistory / Préhistoire

Le basculement vers le Néolithique

Vers 4 000 ans av. J.-C., un immense bouleversement survient : l’homme cesse d’être nomade. Il devient agriculteur et éleveur. Le Néolithique marque ainsi le début des villages, de la sédentarité, de l’élevage et de la culture des céréales.

C’est également à cette période qu’émergent les premiers monuments mégalithiques. Dolmens, cairns et menhirs se dressent sur les hauteurs. Ils témoignent d’une organisation sociale plus complexe, capable de mobiliser des dizaines d’individus pour ériger ces géants de pierre.

Dans les Cornouailles, le Devon, ou le sud du Pays de Galles, on retrouve des structures impressionnantes, parfois comparables à celles du Morbihan continental.

Une culture mystérieuse et profondément spirituelle

Ces peuples du Néolithique ne laissent pas de textes. Mais leurs monuments révèlent une vision du monde structurée. Les tombes collectives et les alignements mégalithiques suivent souvent des orientations astronomiques précises. Le soleil, la lune, les cycles agricoles semblent régir leur spiritualité.

On enterre les morts avec soin, parfois accompagnés d’offrandes. Ce culte des ancêtres montre une société soudée par des croyances communes, bien que nous ignorions encore presque tout de leurs langues, de leurs récits, ou de leur vision du monde.

Les paysages façonnés par l’Homme

Dès le Néolithique, les habitants de la Bretagne insulaire modifient leur environnement. Forêts défrichées, terres cultivées, pâturages ouverts : le paysage que l’on connaît aujourd’hui commence à se dessiner.

Ce sont aussi des pionniers de la navigation. On suppose que les contacts entre îles britanniques, Bretagne continentale et Irlande existent déjà. L’Atlantique devient une zone d’échanges de techniques, d’objets, voire de croyances.

Ce que l’archéologie nous révèle (et ce qu’elle ignore encore)

Malgré les découvertes majeures, cette période reste en grande partie mystérieuse. L’absence d’écriture, la rareté des ossements humains et l’érosion côtière compliquent le travail des chercheurs.

Mais les progrès en datation au carbone 14, analyse ADN et archéologie sous-marine permettent peu à peu de recomposer le puzzle. Les populations de la Bretagne insulaire semblent proches de celles du reste de l’Atlantique nord-ouest, mais développent aussi des spécificités propres.

Héritages d’une époque lointaine

La mémoire de cette préhistoire lointaine survit aujourd’hui à travers les sites mégalithiques, les légendes, et parfois les toponymes. Les cercles de pierres, comme ceux d’Avebury ou de Callanish, fascinent encore. Le lien avec les cycles naturels, la terre et les ancêtres reste un fil conducteur des cultures celtiques qui suivront. La Bretagne insulaire préhistorique fut un monde en mutation permanente. Des chasseurs-cueilleurs nomades aux premiers agriculteurs sédentaires, elle vit émerger des sociétés complexes, profondément liées à la nature. Bien que leur langue ait disparu, leur mémoire vit encore dans les paysages et les pierres dressées de Cornouailles, de Galles ou d’Écosse.

Pour aller plus loin

  • Britain Begins, Barry Cunliffe (Oxford University Press)
  • The Atlantic Celts, Simon James (British Museum Press)
  • Prehistoric Britain, Timothy Darvill (Routledge)

La préhistoire de la Bretagne insulaire illustration IA Pixabay

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