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L’Armorique sous l’Empire romain
L’histoire de l’Armorique, future Bretagne ne s’est pas écrite dans l’ombre. Elle s’est écrite face aux plus grandes puissances. Et l’une des plus imposantes de toutes fut Rome. Pendant près de cinq siècles, l’empire romain en Armorique a transformé les paysages, les modes de vie, les villes et les routes. De la défaite des Vénètes face à César, en -56 avant notre ère, jusqu’au retrait progressif des légions vers 450 après J.-C., l’Armorique a vécu une expérience unique : celle d’une romanisation profonde, parfois acceptée, souvent subie.
La conquête romaine : le choc de -56
Lorsque Jules César engage la guerre des Gaules, l’Armorique occupe une place stratégique. Les Vénètes, peuple marin du golfe du Morbihan, contrôlent les eaux salées environnantes. Leur flotte est puissante, leurs alliances solides. Mais César veut briser cette puissance maritime. En -56, la bataille des Vénètes scelle le sort de l’Armorique. Leur flotte est anéantie, leurs chefs exécutés, et Rome impose son autorité.
Dès lors, l’Armorique n’est plus libre. Elle devient une province intégrée dans la Gaule romaine. Pourtant, malgré la brutalité de la conquête, Rome ne s’impose pas uniquement par la force. Elle apporte aussi son administration, ses infrastructures et ses échanges commerciaux.
L’Armorique sous l’empire romain : cinq siècles de présence
L’empire romain en Armorique ne se limite pas à l’occupation militaire. Pendant cinq siècles, une civilisation entière se déploie. Les légions installent des garnisons. Les ingénieurs tracent des routes, construisent des ponts et fondent des villes. Les commerçants introduisent de nouveaux produits venus de Méditerranée : vin, huile d’olive, amphores, céramiques.
Peu à peu, la société armoricaine se transforme. Les élites locales adoptent les codes romains : toges, thermes, villas à mosaïques. Mais dans les campagnes, les traditions issues du passé perdurent. L’Armorique devient une terre de mélange, entre racines armoricaines et influences latines.
L’Armorique sous l’Empire romain : villes et urbanisation
Rome n’est pas qu’une armée, c’est aussi un peuple de bâtisseurs. L’empire romain en Armorique a laissé une empreinte durable dans les paysages urbains. Plusieurs villes naissent ou se développent fortement :
- Condate (Rennes / Roazhon), capitale des Redones, devient un centre administratif et militaire.
- Vannes (Darioritum / Gwened), héritière des Vénètes, se reconstruit sous forme romaine.
- Nantes (Condevicnum / Naoned), ville des Namnètes, prospère grâce à la Loire.
- Carhaix (Vorgium / Karaez ), capitale des Osismes, s’impose comme un carrefour routier.
Ces villes s’organisent selon un plan romain, avec forum, thermes, amphithéâtre parfois. Elles deviennent des vitrines de la romanisation. L’urbanisme transforme le rapport à l’espace, à la vie collective, et à l’économie.
Routes et commerce
Les Romains savent que dominer un territoire, c’est le relier. C’est pourquoi l’empire romain en Armorique a construit un réseau routier impressionnant. Les voies romaines relient Carhaix / Karaez à Brest, Rennes / Roazhon à Nantes / Naoned, et toutes ces villes à Tours, capitale de ce que l’occupant nomme « la Gaule occidentale ».
Ces routes permettent la circulation des armées, mais aussi des marchandises. Le sel, le fer, le lin armoricain circulent vers le reste de la Gaule. En retour, le vin d’Italie, les huiles d’Hispanie ou les céramiques du sud arrivent en Armorique. L’Armorique devient une véritable interface entre l’Atlantique et la Méditerranée.
La société armoricaine romanisée
La romanisation n’a pas effacé d’un coup les traditions anciennes. Mais elle a profondément modifié la société. Les élites locales se rapprochent du pouvoir romain. Certains chefs deviennent magistrats municipaux. D’autres reçoivent la citoyenneté romaine.
La langue latine se diffuse, sans jamais remplacer totalement la langue originelle. Les cultes romains s’installent, mais souvent en fusion avec les dieux locaux. Ainsi, Mars se confond avec Teutates, le dieu de la guerre. Mercure fusionne avec Lugus, divinité des échanges. La religion devient un terrain de syncrétisme.
Dans les campagnes, les villae apparaissent : grandes exploitations agricoles, parfois luxueuses, dotées de bains privés et de fresques. Ces demeures témoignent de l’intégration de l’Armorique rurale dans l’économie romaine.
La mer, toujours centrale
Même sous Rome, la mer reste l’âme de l’Armorique.
Les ports de Nantes / Naoned, de Vannes / Gwened accueillent déjà navires et marchandises. Les marins armoricains deviennent transporteurs, pêcheurs, parfois soldats dans la flotte romaine.
L’empire romain en Armorique utilise ces hommes pour sécuriser les actuels Manche et proche Atlantique ou Mer Celtique.
L’Armorique n’est pas un simple bout de terre excentré : pour Rome, elle est un promontoire stratégique.

Les crises et la fin de Rome
Mais toute civilisation connaît ses faiblesses. Dès le IIIe siècle, l’empire romain en Armorique est secoué par des crises. Des raids germaniques et saxons frappent les côtes. Les campagnes se replient sur elles-mêmes. Les villes déclinent.
Au IVe siècle, Rome tente de renforcer sa défense. Des fortifications sont construites, notamment autour des actuelles Nantes / Naoned et Vannes / Gwened. Mais l’autorité romaine s’effrite. Les légions sont rappelées pour défendre d’autres frontières plus menacées.
Vers 450, la chute de Rome devient réalité. L’Armorique, livrée à elle-même, se détache de l’empire. Mais les cinq siècles de romanisation ne s’effacent pas. Ils laissent une empreinte durable dans les paysages, les mentalités, et jusque dans la langue.
Héritage de Rome en Bretagne
Aujourd’hui encore, l’héritage de l’empire romain en Armorique se lit dans les pierres, les routes et les noms de lieux. Carhaix / Karaez conserve les vestiges de son aqueduc. Rennes / Roazhon garde la trace de son amphithéâtre. Les voies romaines structurent toujours les axes routiers.
Mais au-delà des monuments, Rome a introduit en Armorique une vision du monde : centralisation, urbanisation, commerce à grande échelle. Les Bretons d’aujourd’hui ont hérité d’un rapport à la mer, au pouvoir, et à la ville qui reste marqué par ces cinq siècles d’occupation.
Rome a imposé sa domination. Mais l’Armorique a aussi absorbé, détourné et transformé l’apport romain. Elle a intégré ce qu’elle voulait, et conservé son identité profonde.
Kenavo César !
La conquête romaine a commencé par la violence. Mais elle a ouvert un long chapitre d’échanges et de transformations. L’empire romain en Armorique a apporté routes, villes, commerce, arts et techniques. Il a aussi imposé une domination politique. Pourtant, à la chute de Rome, l’Armorique n’était pas devenue romaine : elle restait armoricaine.
Cinq siècles de romanisation n’ont pas détruit l’âme profonde de ces peuples armoricains.
Ils l’ont enrichie, façonnée, et préparée à un nouveau destin. Bientôt, de l’autre côté de la Manche, viendront les Bretons insulaires. Eux aussi laisseront leur marque.
Mais ça, c’est une autre histoire.
Kenavo César !
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6 commentaires
Un point de vue loin d’être universel !
Bonjour. Rien n’est jamais universel. Merci de votre commentaire
On note également que l’Armorique est une des rares parties de l’empire Romain à ne pas avoir subi d’invasions barbares et qu’elle a été aussi la dernière à le défendre.
Ceci amène une question : Répétera t-elle cela avec l’effondrement en cours de la france ?
PS : votre illustration réprésente des hoplites grecs plutôt que des légionnaires romains.
Excellente question : l’avenir va nous le dire 🙂
Sauf erreur de ma part, les pays nantais et rennais, entre autre, faisaient partie de l’Armorique.
Ils ont été conquis par les francs, peuple barbare.
Par ailleurs, l’est de l’Armorique a fait l’objet d’une migration bretonne (insulaire) suite aux invasions barbares des angles et des saxons, notamment, de la Bretagne insulaire.
Prétendre que » l’Armorique est une des rares parties de l’empire Romain à ne pas avoir subi d’invasions barbares » me paraît ne pas correspondre à la réalité historique.
Pourquoi s’acharner à faire correspondre l’Armorique avec la géographie de l’actuelle Bretagne ? Celle ci (cohérente géographiquement) n’occupe que une partie d’ l’Armorique qui s’étendait jusqu’à la baie de Seine. Tout comme la Belgique ancestrale était bien plus vaste que le pays actuel. Par ailleurs d’après Jean Claude Even les peuples des pays nantais et vannetais n’étaient pas considérés comme armoricains, là j’ai tout de même des doutes, à moins que ethniquement ils ne l’étaient pas, ce qui n’empêche que le territoire concerné faisait bien partie de l’Armorique.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorique