Ce que nous sommes

Vu de Bretagne, « Ce que nous sommes » du Corse Jean Guy TALAMONI

de Alan LE CLOAREC
Publié le Dernière mise à jour le

« Ce que nous sommes »

Ce que nous sommes est avant tout une référence, celle du premier livre politique de Jean-Guy Talamoni, qui est aujourd’hui à la tête de l’Assemblée de Corse. L’idée résume l’ouvrage, clair et précis, sur son pays et les gens qui le défendent.

Depuis la Bretagne, le décalage est saisissant.

Dans ce pays bien plus petit que le nôtre, l’affirmation politique nationale y est bien plus assumée. La Corse se dresse contre le géant français, elle lui montre qu’elle entend vivre libre d’une manière ou d’une autre. En Bretagne – ce vaste pays tout à fait comparable à l’Irlande, au Danemark ou à la Belgique, dont personne ne remet en cause les droits et les capacités à être indépendants – nous restons muets et honteux sur ce que nous sommes.

L’époque du « symbole », cet outil colonial utilisé à l’école dans les écoles françaises pour punir les enfants qui osaient parler leurs langues, est maintenant dernière nous, et semble bien loin. Les nouvelles générations n’ont plus honte d’être Bretonnes ou Bretons. C’est un fait nouveau dans l’Histoire moderne de notre peuple et de notre pays. Jusque là, il n’y avait bien que dans le nationalisme breton où existait une véritable fierté d’être de cette terre. Ailleurs, on voulait surtout la quitter, quitter la terre, la langue, l’identité, la liberté, pour partir en corps et en esprit vers la France.

Cette honte identitaire, culturelle et linguistique …

Qui a traumatisée tant de nos anciennes générations, était comme de lourdes chaînes que la revendication bretonne a fait disparaître. La fierté d’être d’une terre et de vouloir y faire quelque chose était le point de départ. Malheureusement, comme tout corps longuement endolori dans les fers, il lui faut d’abord reprendre ses forces. Les membres sont engourdis, les premiers pas sont frêles et hésitants. Il faut du temps avant de se remettre et pouvoir courir à nouveau à pleines jambes.

Faire tomber la honte de l’identité a été le premier temps. Trouver la fierté politique de « ce que nous sommes » est une autre étape. Il a fallu tous les combats du XXe siècle pour que la Bretagne cesse d’avoir honte d’elle-même. Il en va maintenant des nouvelles générations de bâtir, au XXIe siècle, les temps nouveaux du mouvement : ceux de l‘existence d’un « nous », qui permet de penser collectivement ce que nous sommes et ce que nous voulons.

Nous sommes un pays réel …

Dont la reconnaissance populaire permet d’envisager la construction de nouvelles institutions démocratiques à l’échelle de la Bretagne.

Nous sommes un pays ni trop grand ni trop petit, qui permet d’envisager une véritable organisation démocratique proche, physiquement comme politiquement, du peuple dont elle tire sa légitimité. Ni trop petit, afin de ne pas tomber dans des rapports de dépendances dangereux envers un ou des pays voisins.

Nous sommes une nation, par l’idée collective qui existe de la Bretagne, et par l’histoire des temps de l’indépendance et de la résistance à la France qui perdurent depuis l’annexion de 1532.

Nous sommes un pays, un peuple, une nation, nous sommes donc quelque chose de politique, avant et bien au-delà tout fait identitaire ou culturel.

ce que nous sommes

« Ce que nous sommes », de Jean Guy Talamoni

À nous d’affirmer, sans honte ni caricature, ce que nous sommes et ce que nous voulons : le droit à l’existence politique de la Bretagne sans tutelle ni ingérence française.

La route fut déjà longue mais on commence à en apercevoir le bout. Sur le chemin, toute liberté pour le pays sera bonne à prendre.
L’autonomie bien sûr, comme le vivent déjà toutes les « régions » d’Europe de l’ouest, à l’exception de celles de l’Hexagone.
L’indépendance ensuite, évidemment. Car un système qui est né et qui vit de la centralisation ne donnera jamais de libertés réelles aux « régions » dans une entente mutuelle. Comme l’écrit d’ailleurs très bien Albert Memmi, intellectuel et militant anticolonialiste, il en va d’un droit inaliénable et universel au point de vu démocratique, que toute communauté, territoire, pays, nation, puisse si elle le souhaite se séparer du groupe qui l’a historiquement annexée, assimilée, colonisée.

«Mais tel est le paradoxe : au nom même des valeurs de la République, on ne peut obliger personne à être républicain. Le droit à la sécession fait partie du droit à vivre ensemble. Si la République est cette libre association entre des hommes libres, on ne peut contraindre personne à en faire partie. »
Albert Memmi, préface du livre Ce que nous sommes, de Jean-Guy Talamoni.

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