Un de nos fidèles Lecteurs répond à Daniel CUEFF …
Suite à son interview de ces jours derniers dans nos colonnes.
« Monsieur Cueff,
Même si je partage votre inquiétude au sujet de l’environnement et des pesticides, dites-vous bien que vu le découragement, la culpabilisation de cette écologie perçue comme punitive, il est des combats qui risquent en agriculture de finir faute de combattants.
Et dans dix ans, le fait que l’agriculture bretonne soit la première d’Europe ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Auquel il faut ajouter comme facteur défavorable le renouvellement des générations. En effet, une exploitation sur trois est reprise. Alors la théorie c’est bien joli, mais la réalité va s’avérer différente.
Effectivement, et c’est vertueux, on observe beaucoup d’installations en bio, circuit court et transformation de produits mais cela sera destiné davantage à l’auto consommation locale.
Il y aura cinq millions de Bretonnes et de Bretons à nourrir …
Ce qui fait que le surplus destiné à l’exportation va se réduire. Certes la Bretagne de trente cinq mille kilomètres carrés n’a pas pour vocation à nourrir la planète. D’ailleurs les marchés asiatiques que nous avaient fait miroiter les technocrates de l’INRA et des leaders de l’agrobusiness breton montrent aujourd’hui leurs limites.
J’ai toujours dénoncé l’objectif de vouloir faire de l’agriculture bretonne une industrie de produits low cost, laissant peu de marge et de ce fait contribuant à mettre une pression de travail de plus en plus inacceptable sur les actifs du secteur. Cependant ce que je déplore le plus dans votre intervention, c’est que comme l’ensemble de la mouvance bretonne, vous ignorez un des cataclysmes majeurs qui est arrivé pour la Bretagne à savoir le Brexit.
Alors que le marché anglais (je dis bien anglais et pas irlandais) est une opportunité raisonnable pour la Bretagne …
En ce qui concerne en particulier les produits alimentaires, je vous suggère de faire figurer dans votre programme l’établissement de relations anglo-bretonnes c’est une urgence. Car les Bretons n’ont jamais vraiment été étrangers en Angleterre. Cela permettrait de sauver la Brittany Ferries et de permettre à nos pêcheurs de poursuivre leurs activités dans les eaux britanniques.
En comparaison, l’Alsace a bien des relations avec des landers allemands limitrophes. C’est un concept transfrontalier. Je veux dire la mise en place d’un marché commun entre le Royaume Uni et la Bretagne serait un moyen concret pour nous de prendre notre destin en main .
Quoique que l’on dise actuellement, le pouvoir anglais est plus respectueux des nations composant le Royaume Uni que beaucoup de pays européens à l’égard de leurs minorités … Si la Bretagne pouvait avoir l’équivalent, ne serait ce que le tiers de l’autonomie écossaise, ce serait déjà une avancée.
Justement, ce marché commun nous permettrait d’améliorer nos liens avec les pays celtiques dépendant de ce Royaume Uni.
Et en plus aurait un impact favorable sur une économie française aux abois. Ce serait une raison majeure pour laquelle le pouvoir parisien n’aurait pas intérêt à s’y opposer. Mais là je reconnais que c’est le problème. D’autre part mes propositions vont aussi dans le sens de la lutte contre le dérèglement climatique, vu que l’on réduit les trajets maritimes de toutes parts. Donc pour ce qui nous concerne, moins de déplacements vers l’Asie et en ce qui concerne l’Angleterre moins de nécessité de mettre en place une armada de bateaux pour aller chercher l’alimentation au bout du monde. Dont entre autres du poulet chloré des USA, qui en plus, de par le trafic, pourrait se retrouver sur le marché européen.
Pour info je vous rappelle que l’Angleterre n’est autonome qu’à cinquante pour cent en produits alimentaires.
Alors Monsieur Cueff, allez dans le sens de l’histoire : prenez contact avec les forces vives de la Bretagne qui ont intérêt à regarder davantage vers la tour de Londres que vers la Tour Eiffel.
Ce sera la clé de votre succès . »