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Débat #2 de NHU Bretagne
Le premier débat auquel nous nous étions essayés était consacré à NDDL Notre Dame des Landes et le projet d’aéroport. Il avait remporté un beau succès. L’idée ayant séduit, nous vous proposons le Débat #2. On quitte le ciel breton pour descendre sur le plancher des … vaches.
Parce que NHU Bretagne a pour mission de donner la parole aux Citoyens de Bretagne sur ce qui fait notre quotidien en Bretagne.
La Bretagne est un des territoires parmi les plus importants d’Europe pour l’élevage animal. En particulier de bovins, porcs, volailles ..
Dans quelles conditions sont élevés ces animaux ? Quel équilibre entre des impératifs économiques et le bien-être animal ?
Pour ce débat en deux questions, nous avons réunis Ronan CARAES, un jeune Breton élevant avec amour un troupeau de Highlands d’Écosse en centre Bretagne, et Brigitte GOTHIERE, porte parole de l’association de défense animale L214.
Concernant l’élevage et la condition animale en Bretagne, notre première question :
Vous avez décidé de dédier votre vie, tout ou partie, à l’animal.
Quel regard portez-vous sur les animaux d’élevage et sur le rapport entre l’homme et ces derniers ?
Réponse de Ronan CARAES, Éleveur de bovins Highlands d’Écosse en Kreiz Breizh (centre Bretagne).
La première est de les observer
Et de les conduire comme des êtres sensibles, naturels, dotés d’un esprit et d’une âme. Ayant choisi une projet alternatif et peu commun, j’ai du temps pour les contempler. Je peux alors clairement conclure que mes bovins ont chacun une attitude particulière, avec leurs joies et leurs peines, leurs émerveillements et leurs craintes, tout comme chacun d’entre nous, humains. Je respecte alors avec grandeur leurs personnalités. Aussi, je mets tout en œuvre pour leur offrir une vie la plus proche de celle qu’elles pourraient connaître à l’état sauvage.
La deuxième concerne mon interaction avec elles.
Chacune de mes vaches a son prénom, son surnom même. Mon troupeau se compose de 50 bovins et je les reconnais toutes du premier coup d’œil mais aussi à l’oreille ; en les entendant communiquer. Mon lien envers elles est semblable à une amitié, elles font parti de ma famille, et moi de la leur. Un an après les avoir reçues, me réveillant d’une sieste au milieu du troupeau, j’ai eu la sensation de faire parti du troupeau. C’était une sensation très agréable, je me sentais protégé et aimé, humblement. Depuis que je suis éleveur, j’ai toujours une pensée vers elles.
Je veille à ce qu’elles ne manquent de rien. Il me semble qu’il y a trop d’études sur le bien-être animal pour si peu d’applications. Ici, au Ranch de Kerbongout, lorsque je les regarde, elles sont heureuses ; elles connaissent et vivent le bonheur, il n’y a pas d’autres mots. Et j’ajoute que s’occuper d’elles rend également heureux, épanoui, courageux, sensible et fort à la fois.
La troisième concerne mon point de vue de chef d’entreprise.
Car j’ai beau les aimer et les choyer, je sais que leur finalité est la production de viande. Leur alimentation 100 % herbagère permet d’obtenir une viande aux saveurs riches, et mon attitude douce et bienveillante permet d’obtenir une viande d’une tendreté exceptionnelle. Lorsque je les mène à l’abattoir, je passe du temps avec elles, je les remercie pour les moments que nous avons partagé et pour leur viande que je revends à mes 250 clients. Demander pardon serait un non-sens. C’est avec honneur que je vends et que je consomme leurs produits.
Il me semble clair que l’Homme a à apprendre des animaux et de tout ce qui compose la nature. Les aimer, les soigner, les choyer en mettant son égo de côté permet d’atteindre la quintessence de sa propre nature qui est composée de bonheur. Les Hommes sont bien plus proches des animaux que l’on puisse s’imaginer si on prend le temps de les connaître et de les aimer en tant qu’individu propre.
Puis la réponse à cette même question de Brigitte GOTHIERE, porte parole de l’association de défense animale L214.
Depuis toujours, comme un peu tout le monde, j’ai été attentive aux autres. D’abord aux êtres humains qui m’entouraient, en venant en aide à mes amis. Puis, jeune adulte, je me suis engagée à la Croix-Rouge et j’ai participé à la lutte contre le racisme. Vers 19 ans, j’ai découvert la vie d’une petite exploitation laitière auvergnate au travers de la famille de Sébastien, mon compagnon et futur cofondateur de L214. Ainsi fait connaissance avec le monde rural.
Ensuite accueillie chaleureusement bien que je sois une “fille de la ville”, j’ai “tourné la machine à saucisses” après que le cochon de la souillarde ait été tué, et j’ai eu l’honneur de prendre le volant du tracteur pour rentrer les foins. Je ne me posais aucune question sur le sort des animaux, la situation était normale et nécessaire. Par contre, la faiblesse des revenus de ma nouvelle famille m’a marquée : ces personnes consacraient pourtant tout leur temps à leur ferme.
Donc quelque chose ne tournait déjà pas bien rond.
Enfin, à vingt ans, le déclic.
Est-il juste d’élever et de faire tuer des animaux pour s’en nourrir alors que ce n’est pas une nécessité ? Pourquoi notre plaisir à manger de la viande passerait-il avant l’intérêt à vivre des animaux ? C’est une prise de conscience qui change radicalement notre point de vue : comment notre société, qui met en avant des valeurs humanistes, de bienveillance, de partage, ne s’interroge-t-elle pas sur ce qu’elle fait subir à des milliards d’animaux ?
A découvrir bientôt les réponses de nos deux passionnés des animaux d’élevage aux deux autres questions, que nous remercions ici chaleureusement.
3 commentaires
« Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose fait le poison »
Voici une formule qui résume bien le sujet.
Soit d’un coté on a l’élevage industriel, inhumain, soit de l’autre le véganisme qui, lui, nie l’humain avec sa part d’animalité. Les deux extremes.
Tout ce qui vit meurt, tout ce qui est vivant vit au dépens d’autres êtres vivant, c’est une loi immuable qui existe depuis la nuit des temps. La refuser, c’est refuser l’ordre naturel des choses et c’est tout simplement se couper de la nature, c’est vivre hors-sol.
Le fait d’élever un animal pour ensuite en tirer une denrée destinée à nourrir l’homme (viande ou lait) n’a jamais, obligatoirement, dispenser le fait d’y accoler une éthique.
Les deux extremes devraient y réfléchir.
Arlan je suis de votre avis .D’autre part il faut savoir que les plantes ,les végétaux souffrent aussi quand on les coupe ou on les arrache .Contrairement à certains discours du moment qui disent que l’élevage occupe des surfaces qui pourraient être cultivées en végétaux directement consommables par les humains ,il faut savoir que une grande partie de ces superficies ne sont pas cultivables , par contre elles sont valorisables par ruminants qui produisent des protéines aussi bien de par le lait que par la viande ,ces surfaces reçoivent par ailleurs beaucoup moins , sinon pas du tout de pesticides .Par ailleurs l’agriculture biologique de plus en plus à l’ordre du jour est quasiment impossible à mettre en oeuvre sans avoir une partie de l’exploitation consacrée à l’élevage ,les déjections remplaçant les engrais chimiques ,c’est particulièrement vrai en Bretagne au vu de la nature des sols .Le véganisme s’il devient force de loi pour produire des protéines végétales en remplacement des protéines animales , induira une utilisation bien plus massive des pesticides ,voir des importations de denrées alimentaires douteuses ogm de pays ayant des normes environnementales minimales ,je pense au Brésil .Dans le cas d’une union bio vegan les humains seront réduits assez rapidement à consommer de l’herbe et des racines .
Bonjour à tous,
Je me permet de vous écrire, car je travail dans une abattoir en Bretagne, mon travail est l’entretien des appareils pour l’abattage des bovins. Croyez-moi quand je vous dit que l’on met un point d’honneur au bien être animal, si il y a le moindre petit problème avec le pistolet d’assomage ( qui est vérifié tous les jours), il est immédiatement remplacé!, Tout est mise en œuvre pour que le bovins soit anesthésié dans les meilleurs conditions.
Je connais des éleveurs et je sais qu’ils aiment leurs bêtes, mais que pour vivrent ils doivent les envoyer à l’abattoir, et le minimum est de respecter l’animal et de ne pas le faire souffrir, c’est la politique de l’entreprise dont je fais parti.
Ensuite, je suis capacitaire pour les tortues d’Hermann (espèce Française de tortue de terre protègé par le traité de Washington), pourquoi cette espèce est- elle menacé ?, La raison est simple, l’homme étant une espèce invasive, il détruit la nature pour faire: maison secondaire, champs de cultures céréalière, champs de panneaux solaires, éolienne, routes pour gagner plus de temps…etc.
Je suis certain que vous avez une voiture, une maison avec tous le confort nécessaire ( télévision, ordinateur, chauffage…), Ce qui reste humain!, je ne dis pas qu’il faut revenir à la préhistoire, mais qu’il faut changer notre mode de vie, et malheureusement l’homme est trop dépendant des nouvelles technologies.
Je rejoins Penn Kalet, nous savons que actuellement nous sommes dans l’incapacité de produire des végétaux ou céréales pour subciter aux besoins. Donc nous devrons importer les denrées, mais sous qu’elle conditions ?. Alors que les ruminants, entretiennent les champs, et nous donne tous le meilleur d’eux-mêmes.
Je remercie les éleveurs qui travaillent dans le respect de l’animal, en faisant des élevages non intensifs, ce qui permet de respecter la nature et d’offrir une qualité, qui j’en suis sûre profitera aux générations suivantes.