Avant de nous pencher sur les défaillances d’entreprises en Bretagne, voyons ce qu’il en est ailleurs.
Sur le plan économique, l’Hexagone est touché de plein fouet par une importante vague de défaillances d’entreprises.
En effet, on compte pas moins de 66000 défaillances d’entreprises à fin septembre 2024, sur douze mois glissés. Ce chiffre impressionnant représente une hausse de près de 20% des défaillances d’entreprises par rapport à la même période de l’année précédente.
Selon différentes sources, un total 150.000 emplois seraient directement menacés dans l’Hexagone, essentiellement dans des petites structures. Les défaillances d’entreprise sont au plus haut depuis quinze ans. Alors que la croissance est atone à 0,4%
Sommaire
Les défaillances d’entreprises en Bretagne
En Bretagne, ces défaillances d’entreprises sont en hausse de plus de 30% par rapport à l’année précédente.
Soit dix points de plus que la moyenne hexagonale. Le tissu économique breton est très serré, très résistant, mais a cependant plus de mal, semble t-il, à supporter la conjoncture nouvelle.
Les défaillances d’entreprises peuvent être influencées par plusieurs facteurs économiques tels que :
Inflation et coûts de production
L’augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières impactent lourdement les entreprises bretonnes, notamment celles de l’industrie, du bâtiment et de l’agroalimentaire.
A cause d’une politique totalement inepte du pouvoir central, l’électricité est extrêmement chère et plombe les comptes de charges de trop nombreuses entreprise bretonnes. Par ailleurs, des tensions internationales sur certains métaux entraînent d’importants surcoûts de certains produits qui ne peuvent plus lutter contre la concurrence mondialisée de plus en plus sévère.
Les charges sociales que subissent les entreprises bretonnes, imposées par l’état central, sont parmi les plus élevées au monde. Comment imaginer un instant que dans de telles conditions, vous puissiez être longtemps compétitifs ?
Taux d’intérêt
Malgré une baisse significative du taux d’intérêt décidée par la BCE Banque Centrale Européenne et une baisse générale des taux pour l’immobilier, l’accès au crédit reste difficile pour les entreprises et les particuliers. Cette difficulté entraîne des reports d’investissements et frappe tout particulièrement le secteur de la construction, secteur très important en Bretagne.
Pandémie et reprise économique
Bien que les effets immédiats du COVID-19 se soient atténués, certaines entreprises sont encore sous pression en raison des dettes accumulées ou de la baisse de la demande dans certains secteurs. Le « quoiqu’il en coûte » est terminé et il faut maintenant, ou rembourser, ou retrouver les difficiles conditions de la vie économique non perfusée. La sélection naturelle devient alors impitoyable.
Problèmes de trésorerie et gestion
Les défaillances surviennent aussi lorsque des entreprises ont des difficultés à gérer leur trésorerie ou à s’adapter aux changements du marché. Pendant la pandémie, beaucoup d’individus se sont sentis des ailes d’entrepreneurs et ont créé dans leur salon, en télé-travail, leurs micro-entreprises dans les services, numériques en particulier. Dans la vraie vie d’aujourd’hui, c’en est fini.
Plus les conditions d’exercice de l’activité sont difficiles, et elles le sont globalement aujourd’hui, plus cette sélection naturelle condamne rapidement les plus fragiles en trésorerie et les moins capables de bien gérer.

Quels secteurs sont particulièrement vulnérables aux défaillances d’entreprises en Bretagne
L’agroalimentaire
Le secteur de l’agroalimentaire est tout particulièrement stratégique pour la Bretagne.
Il est touché par l’augmentation des coûts des matières premières, des marges réduites ou de la concurrence étrangère exacerbée.
Sans parler de l’agriculture bretonne, une des plus importantes d’Europe, qui assiste en ce moment à des ouvertures à la concurrence qui la mettent en péril imminent.
Nous pensons en particulier aux Mercosur.
Dans l’agriculture on ne parle pas de plans de licenciement mais les dégâts humains n’en sont pas pour autant importants.
Le bâtiment et les travaux publics
« Quand le bâtiment va, tout va« ; selon le dicton populaire.
Alors, plus rien ne va en Bretagne.
,Les difficultés d’approvisionnement en matériaux, la hausse des coûts de construction et les tensions dans le secteur de l’emploi (pénurie de main-d’œuvre qualifiée) affectent les entreprises bretonnes du bâtiment et les travaux publics. Les collectivités locales ont des finances de plus en plus exsangues (c’est Paris qui prend tout et ne donne rien) et doivent réduire leurs investissements.
Le secteur de la construction individuelle est lui aussi, soumis a d’importantes contraintes.
Le tourisme et les loisirs
La baisse générale du pouvoir d’achat des ménages restreint les possibilités de ces derniers à dépenser pour leurs loisirs et leurs vacances. Certes on voyage moins loin, même en low-cost, mais globalement, la Bretagne, pays très touristique en Europe, mais Tourisme Bretagne annonce une baisse de nuitées de -6% durant les mois de Juillet et Août 2024.
Les technologies et services numériques
Bien que l’innovation soit présente en Bretagne, certaines PME du secteur rencontrent des difficultés économiques liées à la compétitivité ou à la saturation du marché. Sur un marché de plus en plus ouvert à l’international, face à des concurrents payant trois à quatre fois moins de charges sociales, et ne subissant pas, ou beaucoup moins, ce carcan franco français qui étouffe les entreprises bretonnes, de l’innovation à la création, de la recherche au brevet; les entreprises de technologies et services numériques sont comme toutes les autres, vouées à souffrir.

Quelques plans de licenciements en Bretagne
- Axians Quimper / Kemper (1), Ploeren / Ploveren (2) et Pace / Pazieg (3)annonce le licenciement de 161 salariés.
Spécialiste en technologie de communication et de l’information, Axians fait partie du groupe Vinci Énergies Cegelec Telecom - Michelin, un des leaders mondiaux du pneumatique, vient d’annoncer le licenciement à Vannes / Gwened (4), des 299 salariés d’ici fin 2025
- General Electric Vernova a annoncé en septembre dernier un vaste plan de licenciement pour ses deux sites bretons de Nantes / Naoned (5) et Montoir de Bretagne / Mouster al Loc’h (6). Ainsi, 240 postes seraient supprimés dans la plus grande agglomération bretonne et 140 à Montoir de Bretagne / Mouster al Loc’h. Les carnets de commandes sont vides au-delà de fin 2025. L’éolien va globalement très mal et l’éolien offshore en particulier.
- L’équipementier automobile Forvia à Bains sur Oust / Baen Ballon (7) près de Redon annonce le licenciement de 66 salariés. Cette entreprise est très dépendante de l’activité du constructeur Stellantis, et ce dernier a un carnet de commandes en pointillés
- Chez Orange environ 200 postes concernés par « un plan de départs volontaires » sur l’ensemble de la Bretagne.
- Casino vient de fermer ses magasins de Brest (8), Saint Brieuc / Sant Brieg (9) , Malestroit / Malastred (10), ainsi que l’entrepôt de Gaël.
- Toujours dans le sud du pays, à Montoir de Bretagne / Mouster al Loc’h, Yara s’apprêterait à licencier quelques 134 salariés sur les actuels 171 que compte cette entreprise classée Seveso de production d’engrais chimiques.

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