émigration bretonne vers l'Armorique occidentale - Histoire de Bretagne

Émigration bretonne vers l’Armorique occidentale – Histoire de Bretagne

de NHU Bretagne
Publié le Dernière mise à jour le

Des îles du nord vers le continent

Émigration bretonne vers l’Armorique occidentale.
Au cours du Bas-Empire romain, entre le IIIe et le VIe siècle de notre ère, un vaste mouvement migratoire s’opère entre l’actuelle Grande-Bretagne insulaire et les régions littorales de l’actuelle Bretagne. Cette émigration bretonne progressive n’est pas un simple exil, mais un mouvement structurant dans l’Histoire de Bretagne.

Ces migrations massives sont principalement le fait des Britto-romains, c’est-à-dire des Bretons romanisés vivant sur l’île de Bretagne (actuel Royaume-Uni) sous domination romaine. Face à l’effondrement de l’ordre impérial et aux invasions germaniques, ils cherchent de nouveaux refuges à l’ouest, là où l’Empire se retire mais où subsistent des terres encore brittoniques.

D’où viennent ces Bretons ?

Les populations concernées sont principalement issues du sud-ouest de l’île de Bretagne : Cornouailles (Kernow), Devon et Pays de Galles (Cymru). Ces régions sont, encore aujourd’hui, les territoires où vivent les peuples les plus proches des Bretons d’Armorique, sur les plans culturel, linguistique et historique.

Au Ve siècle, la pression des Angles, Saxons et Jutes pousse les populations brittoniques vers les marges occidentales. Face à la violence des envahisseurs germaniques, des familles entières, des chefs tribaux, des soldats, mais aussi des moines prennent la mer. Leurs navires en cuir ou en bois accostent les côtes armoricaines :  Léon, Cornouaille, Bro Waroc’h, Bro Gwened…

Pourquoi l’Armorique occidentale ?

La partie occidentale de l’Armorique présente plusieurs avantages. Elle est proche géographiquement, peu densément peuplée, et surtout, elle reste en dehors des grandes routes militaires romaines et franques. L’influence romaine y fut réelle mais peu enracinée. On y parle des langues voisines, tout comme dans les Cornouailles et au Pays de Galles. De plus, ces régions sont encore largement païens, ce qui attire des missionnaires chrétiens parmi les migrants.

L’Armorique offre donc un espace de recolonisation naturelle pour ces populations brittoniques en quête de survie et de continuité.

Une émigration en plusieurs vagues

Il faut oublier l’image romantique d’un peuple tout entier débarquant en quelques mois. En réalité, l’émigration bretonne s’étale sur plusieurs générations. On distingue en général trois grandes vagues migratoires :

  • La première, dès le IIIe siècle, reste discrète, faite de groupes isolés.
  • La deuxième, plus massive, survient au Ve siècle avec la chute de Rome.
  • La dernière, au VIe siècle, est davantage religieuse, menée par des saints et des moines ( Patern, Tugdual, Samson, Malo, etc…) en mission d’évangélisation.

Chaque vague renforce la présence bretonne en Armorique et y ancre durablement une culture distincte.

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Émigration bretonne vers l’Armorique occidentale


La naissance d’une nouvelle Bretagne

Ces migrations donnent progressivement naissance à une nouvelle société. On assiste à la fusion des populations insulaires et armoricaines. Le terme même de Bretagne (du latin Britannia) s’impose alors pour désigner ce pays qui, jusque-là, portait le nom d’Armorique.

Les chefs militaires et religieux venus d’outre-Manche deviennent les fondateurs des futurs royaumes ou pagi bretons : Domnonée, Cornouaille, Bro Waroc’h… Ils imposent leurs langues, leurs lois et leurs structures politiques. Les monastères deviennent les foyers de la nouvelle culture bretonne.

C’est donc à cette époque que se constitue une Bretagne insulaire et une Bretagne continentale, soudées par les liens de sang, de langue et de foi.

Émigration bretonne vers l’Armorique occidentale

Langues brittoniques, racines communes

Avant la migration, les peuples de l’île de Bretagne parlaient des langues brittoniques. Après leur implantation en Armorique, ces langues continuent d’évoluer. Le breton parlé aujourd’hui en Bretagne occidentale est directement issu de ces langues insulaires, tout comme le cornique en Cornouailles ou le gallois au Pays de Galles.

Il est donc erroné de croire que le breton vient du gaulois. Il vient de l’actuelle Grande-Bretagne insulaire, comme les Bretons eux-mêmes. Cette origine linguistique partagée lie encore aujourd’hui les Bretons aux autres peuples celtiques. On y trouve des similarités de vocabulaire, de syntaxe et de phonétique.

Une émigration qui a façonné le pays

Les toponymes bretons sont un témoin fort de cette émigration.
Combien de loc-noms (Locmaria, Locronan, Locminé) renvoient à des fondations religieuses d’origine galloise ou cornique ? Combien de plou- (Plouha, Ploudalmézeau, Plougonven, Plougastell) rappellent les communautés paroissiales formées par ces migrants ?
Et combien de lann- comme Landeda, Landevenneg, Lanrivoare, Lanildut … ; de tre- Tregarvan, Trebeurden, Tregastel

Cette émigration a laissé une empreinte durable sur tout le pays, tant dans l’organisation du sol que dans la spiritualité, l’architecture et la culture.

Des liens toujours vivants

Les relations entre la Bretagne, le Pays de Galles et la Cornouailles ne se sont jamais totalement rompues. À travers les siècles, des échanges culturels et religieux ont perduré, malgré l’isolement progressif de la Bretagne. Au Moyen Âge, des pèlerins gallois visitaient encore les sanctuaires armoricains. Aujourd’hui, des jumelages, des festivals et des projets linguistiques réactivent ces liens millénaires.

Et ces racines communes ne sont pas qu’un héritage. Elles sont une force pour l’avenir, dans un monde où les identités nationales originelles reprennent sens.

Une émigration déterminante dans l’Histoire de Bretagne

Cette émigration bretonne est un des tournants majeurs de l’Histoire de Bretagne. Elle ne fut pas un exil subi mais un choix collectif de survie, de foi et d’ancrage. Elle explique pourquoi la Bretagne ne ressemble à aucun autre pays du continent européen.

En devenant terre d’accueil, l’Armorique a changé de nom, de langue, de culture.
Elle est devenue la Bretagne. Une Bretagne tournée à la fois vers la mer et vers ses frères d’outre-Channel.

Retrouvez les six épisodes précédents :

L’Histoire de Bretagne en 28 épisodes
La préhistoire de la Bretagne insulaire
Géographie humaine au néolithique, bronze et fer
Les 28 tribus bretonnes originelles
Domination romaine en Bretagne insulaire
Invasions germaniques et chute de Rome

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5 commentaires

Jean-Luc Laquittant 13 juillet 2025 - 20h34

Mis à part le titre « Migration bretonne vers l’ Armorique Occidentale » qui sous-entend bien qu’il y a donc une Armorique orientale, tout le reste est bien approximatif. Merci de me confirmer que les Britons ont débarqués dans le Vannetais , à quelle époque et à quels endroits ?

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nhu Bretagne nhu Brittany
NHU Bretagne 14 juillet 2025 - 11h22

Bonjour Jean Luc. C’est écrit où « que les Britons ont débarqués dans le Vannetais » ?
Résumer plusieurs siècles en un millier de mots peut être en effet considéré comme « approximatif ». Maintenant, pour être moins « approximatif », vous pouvez, au-delà d’un simple commentaire, rejoindre les plus de 200 rédacteurs bénévoles qui écrivent dans nos colonnes pour éclairer plus encore nos lecteurs.

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Jean-Luc Laquittant 14 juillet 2025 - 19h28

Le temps m’est trop compté !

Répondre
Glaz 15 juillet 2025 - 11h42

Bonjour.
Il serait utile à tous de fournir des références précises d’auteurs, historiens et archéologues dont les ouvrages éclaireraient le lecteur et éviter des résumés trop succincts.

Répondre
nhu Bretagne nhu Brittany
NHU Bretagne 15 juillet 2025 - 11h53

Un article à venir : 12 Historiens bretons libres.
Quant à votre remarque évoquant « des résumes trop succincts » : comment ne pas être « succincts » quand il s’agit d’écrire un article d’un millier de mots pour « résumer » quatre siècles de notre Histoire.

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