jeux de Bretagne 2025 annulés pour raisons politiques

Les Jeux de Bretagne annulés à Nantes pour raisons politiques

de NHU Bretagne
Publié le Dernière mise à jour le

Une édition 2025 des Jeux de Bretagne brutalement annulée

Jeux de Bretagne annulés à Nantes / Naoned.
Tout était prêt. Le 20 juin devait marquer le lancement de la 4e édition des Jeux de Bretagne à Nantes / Naoned. Dix jours de fête populaire, gratuite et familiale. Mais la nouvelle est tombée : l’événement n’aura pas lieu. Les discussions avec la Ville de Nantes ont échoué. L’édition 2025, qui s’annonçait pourtant comme la plus réussie, est annulée.

Cette annulation n’est pas due à un problème financier, ni à un désistement organisationnel. Elle est politique. Le collectif organisateur, composé exclusivement de bénévoles, évoque des blocages incompréhensibles du côté de la municipalité nantaise. Pourtant, les précédentes éditions avaient été de véritables réussites, populaires et festives, à l’arrivée de l’été.

Un modèle unique dans l’Hexagone, basé sur le bénévolat

Les Jeux de Bretagne sont portés par une équipe 100 % bénévole. Chaque édition accueille en journée des centaines d’enfants issus des écoles et instituts médico-éducatifs. En soirée, ce sont des milliers de festivaliers qui viennent profiter d’une programmation gratuite, mêlant sport, culture et convivialité.

À notre connaissance, aucun autre événement dans l’Hexagone ne propose une telle formule : dix jours gratuits, sans publicité, avec une restauration locale et des buvettes associatives. Le tout grâce à la mobilisation de 400 bénévoles, prêts à œuvrer sans relâche.

Un accord de principe trouvé, puis remis en cause

Pour assurer la réussite de ces Jeux, un lieu visible et central est indispensable. En 2023 et 2024, la place Duchesse Anne, à deux pas du Château des Ducs de Bretagne, avait été mise à disposition. Pour 2025, cette place étant en travaux, les organisateurs ont proposé dès novembre 2024 une alternative sérieuse : le site Neptune-Feydeau, proche du terrain de Feydball.

Ce site, utilisé par d’autres grands événements nantais comme le Marché de Noël ou le Village Olympique, semblait idéal. Espaces verts, esplanades minéralisées, proximité du château : tous les critères étaient cochés.

Nantes est bretonne
Nantes est bretonne

Une fin de non-recevoir incompréhensible

Mais depuis novembre, c’est l’inertie. Trois mois d’attente pour obtenir un simple rendez-vous avec les services de la Ville. Lorsqu’enfin une réunion est organisée, c’est pour entendre que l’emplacement poserait « des enjeux de sécurisation« , tout en admettant qu’ »on peut toujours trouver des solutions« .

Au lieu de collaborer à la recherche de solutions, la municipalité a proposé un repli sur un site secondaire, bien moins adapté, loin du centre-ville et des flux piétons. Une réponse perçue comme un refus déguisé. Les bénévoles ont préféré ne pas brader leur projet et ont donc pris la difficile décision d’annuler l’édition 2025.

Une lourde déception, un message politique clair

Cette annulation envoie un message inquiétant. Dans une ville qui se veut capitale verte et engagée, on ferme la porte à un événement gratuit, populaire et profondément breton. À l’heure où l’identité bretonne est plus que jamais source de fierté et d’énergie collective, cette décision résonne comme un déni politique.

Les organisateurs espèrent néanmoins pouvoir rebondir. Peut-être ailleurs, peut-être autrement. Mais toujours avec la même envie : proposer à toutes et tous un grand moment de Bretagne, festif, inclusif et libre d’accès.

média-libre-johanna-rolland-réunification-Bretagne
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Une succession de revirements déroutants

Le déroulé des derniers jours est édifiant. Le 20 mai, soit à peine un mois avant le début prévu des Jeux, les organisateurs reçoivent enfin les conditions techniques pour le site Neptune-Feydeau. Bonne surprise : toutes sont jugées atteignables. La réponse positive est immédiatement transmise à la Ville de Nantes / Naoned.

Trois jours plus tard, le 23 mai, autre bonne nouvelle. Le cabinet de la Maire affirme qu’il ne reste plus qu’à “finaliser techniquement”. L’espoir renaît.

Mais le 26 mai à 19h30, nouveau coup de massue. Un mail du cabinet annonce que l’implantation n’est finalement pas envisageable, pour des “raisons techniques”. Le lendemain, 27 mai, la réponse est confirmée : il est “trop tard”, la Gloriette n’est plus une option. C’est l’impasse.

Une décision politique maquillée en contrainte technique ?

Les bénévoles dénoncent un double discours. D’un côté, des services techniques ouverts, avec qui un accord semblait possible. De l’autre, une fin de non-recevoir venue du cabinet de la Maire, au dernier moment. Ce décalage provoque une véritable incompréhension.

« Si d’insurmontables problèmes de sécurité nous avaient été présentés dès le départ, nous aurions compris », déclare Stéphane Briand, président du comité d’organisation. « Mais pourquoi ce site a-t-il pu accueillir d’autres événements majeurs comme la Ruée vers le Sport, le Marché de Noël, ou même des animations liées aux Jeux Olympiques, mais pas les Jeux de Bretagne ? »

L’hypothèse politique devient difficile à écarter. La municipalité ne semble pas vouloir donner trop de visibilité à un événement dont l’identité bretonne est de plus en plus affirmée. Une dynamique ascendante qui dérangerait ?

jeux de Bretagne
Jeux de Bretagne – C’hoarioù Breizh

700 enfants privés de fête

Au-delà du choc organisationnel, c’est une immense déception humaine. Cette édition 2025 devait accueillir près de 700 enfants bilingues, issus de toute l’agglomération nantaise. Des mois de préparation, des enseignants engagés, et une équipe bénévole mobilisée jour et nuit. Tout cela anéanti.

« Non, cette année, il n’y aura pas de Jeux de Bretagne. Ni pour les petits, ni pour les grands. Non pas pour des raisons techniques, mais pour des raisons politiques non assumées », conclut Stéphane Briand.

Une mobilisation qui ne faiblit pas

Malgré l’amertume, l’équipe des Jeux de Bretagne ne compte pas abandonner. L’annulation de l’édition 2025 n’est qu’un contretemps. Une pause imposée, certes, mais pas une fin. Le collectif réfléchit déjà aux suites à donner. Pourquoi pas une nouvelle édition dans une autre ville, plus ouverte, plus respectueuse de la diversité culturelle et linguistique ?

Cette annulation pourrait bien devenir un tournant. Elle met en lumière les tensions persistantes autour de l’identité bretonne en Loire-Atlantique, et surtout à Nantes / Naoned. Une ville qui se veut inclusive, mais qui bloque un événement gratuit, populaire et rassembleur, simplement parce qu’il est breton.

Une Bretagne trop visible à Nantes / Naoned ?

C’est bien là la question qui dérange. La visibilité croissante de la Bretagne à Nantes / Naoned semble faire peur à certains décideurs. Pourtant, il ne s’agit ni de communautarisme, ni d’exclusion. Les Jeux de Bretagne sont au contraire un formidable outil de lien social, d’ouverture, et de valorisation de la diversité.

Ils réunissent petits et grands, sportifs et artistes, francophones et brittophones. Ils font vivre l’espace public autrement, en sortant des logiques marchandes. Et cela fonctionne. Trop bien peut-être, aux yeux de certains.

Un message fort envoyé à la population

L’annulation des Jeux de Bretagne 2025 est un signal fort. Elle rappelle que la reconnaissance de la culture bretonne reste fragile. Que les expressions populaires, lorsqu’elles s’écartent des sentiers balisés, peuvent déranger.

Mais elle révèle aussi une chose : l’énergie, la créativité et l’engagement des Bretons ne faiblissent pas. Bien au contraire. Si cette année, les jeux n’ont pas lieu, ce n’est pas la fin de l’histoire. C’est le début d’un nouveau chapitre.

L’annulation en chiffres : un gâchis colossal

Pour mesurer l’impact de cette décision brutale, quelques chiffres suffisent. Ils disent tout du travail anéanti, des espoirs déçus, et de l’ampleur de la mobilisation balayée :

  • 3 stagiaires de l’enseignement supérieur laissés sans mission.
  • 700 enfants privés d’une journée festive, de chants et d’initiations sportives.
  • 32 enseignants impliqués pour rien.
  • 10 000 initiations sportives annulées.
  • 10 semaines de préparation inclusive avec des personnes en situation de handicap : perdues.
  • 32 animateurs sportifs désœuvrés.
  • 15 tournois supprimés.
  • Plus de 300 artistes pénalisés.
  • 2 000 heures de bénévolat du comité d’organisation… jetées à la poubelle.

Ces chiffres rappellent que les Jeux de Bretagne ne sont pas une simple kermesse locale, mais un événement structurant, qui mobilise massivement. Leur annulation n’est pas un détail : c’est un coup porté à toute une dynamique, à une énergie collective, à un rêve partagé

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3 commentaires

Burban 29 mai 2025 - 17h06

La culture et l’identité bretonne sont attaquées en tout lieu depuis plusieurs années et ce dans toute la Bretagne avec un acharnement parfois jamais vu , notamment en Loire -Atlantique mais pas que , les Côtes d’Armor s’illustrent dans ce domaine , l’Ille et Vilaine n’est pas en reste , ne rien faire ou si peu pour la langue bretonne ….

Les collectivités et les institutions sapent les initiatives , visent ce qui fait notre originalité , notre patrimoine , nient l’existence mm de cette particularité bretonne de sentir breton …

il faut résister , faire de nous mêmes autant qu’il est possible pour maintenir et développer nos spécificités …

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Émilie Le Berre 29 mai 2025 - 21h38

Les jeux de bretagne (100 000€ de subvention la première année) ont été créé pour torpiller une autre initiative bretonne moins encline à demander des subventions.
Dans leur sujétion les bretons ont choisi les subventions, résultat aujourd’hui plus rien sans la tutelle d’not bon maître.

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Anne Merrien 31 mai 2025 - 12h07

Difficile de s’y retrouver parmi le personnel politique de la Loire-Atlantique :
Il y a ceux pour qui le 44 n’est pas ou plus la Bretagne, y compris dans le cadre à venir du grand ouest. Parmi ceux-ci, certains veulent éradiquer tout ce qui pourrait rappeler la Bretagne. D’autres tolèrent l’expression de la culture bretonne, en sous-entendant qu’elle vient d’ailleurs et en l’englobant dans le concept de la diversité culturelle.
Des politiciens reconnaissent que le 44 est un département breton, mais cela ne les empêche pas de promouvoir le grand ouest, où cinq départements sur neuf seraient donc bretons. Il en est aussi qui attribuent au 44 une double identité bretonne et en même temps ligérienne : mélange d’influences poitevines et angevines ? comme si on disait que Rennes serait à la fois breton et mainiot…
Bref : rares sont les politiciens vraiment favorables à la réunification B5.

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