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5 rappeurs qui font vivre le breton dans le rap
Le rap en breton : énergie urbaine, racines profondes
En Bretagne, la langue bretonne ne se limite plus aux salles de classe ou aux festoù-noz. Elle se faufile désormais dans les beats des studios urbains, portée par une génération de rappeurs créatifs et engagés. Ce rap breton, à la croisée des cultures modernes et des racines celtiques, casse les codes. Il affirme une identité, explore des réalités sociales, et donne à entendre un breton vivant, puissant, contemporain.
Plutôt que d’imiter les français de Paris ou Marseille, ces rappeurs bretons innovent. Ils créent un rap d’ici, à leur image. Voici cinq noms à retenir. Ils manient le micro aussi bien que la langue bretonne, avec style, audace et sincérité.
Plouz&Foen : le duo phare de la trap bretonne
Le duo Plouz&Foen, composé de KValou et Toutz, s’impose comme une référence du rap en breton. Leur style ? Une fusion réussie entre trap, boom-bap et sonorités actuelles. Leur flow est incisif, leur diction claire, leur énergie communicative.
Leur titre phare « Nanani » a marqué l’année 2023. Clip stylisé, refrain entêtant, esthétique urbaine forte… Le morceau fait le buzz sur TikTok et Instagram, et séduit bien au-delà du cercle militant brittophone.
Plouz&Foen ne revendiquent pas seulement un style. Ils défendent une vision : celle d’une jeunesse bretonne fière, ancrée dans son territoire, mais pleinement connectée au monde. Ils utilisent le breton naturellement, sans folklore, comme langue de création. Leur EP M’Lampon’ prouve qu’il est possible d’allier qualité artistique et revendication culturelle.
Instagram : @plouzhafoen
Krismenn : l’alchimiste du beatbox et du kan ha diskan
Krismenn, de son vrai nom Christophe Le Menn, est une légende vivante du rap expérimental en breton. Originaire de Landerne, il mélange depuis plus de 15 ans kan ha diskan, beatbox, spoken word et looper. Le résultat ? Un son unique, brut, puissant.
Son album ‘N om gustumiñ deus an deñvalijenn (2017) est une œuvre forte, sombre, poétique. Il y explore les zones d’ombre de notre époque, en breton exclusivement, sans concession. Sur scène, Krismenn joue seul ou en duo avec le beatboxer AleM, créant des performances organiques, hypnotiques.
Il ne cherche pas la facilité. Son rap ne passe pas en radio, mais touche en profondeur. Il prouve que le breton est une langue de poésie urbaine, de création contemporaine, de quête sonore.
Krismenn est inclassable, et c’est ce qui fait sa force.
Instagram : @krismenn
Yenzah : entre introspection et trap mélodique
Yenzah, jeune rappeur originaire de Brest, fait partie de cette nouvelle génération qui bouscule les frontières musicales. Sur des prods trap mélodieuses, parfois teintées de cloud rap, il pose un flow calme, précis, souvent introspectif. Et en breton s’il vous plaît.
Ce qui marque chez lui, c’est la maîtrise du rythme, la sincérité du ton, et l’harmonie entre texte et musique. Son usage du breton est fluide, sans effet de style forcé. Il parle de ce qu’il vit, de ce qu’il ressent, dans une langue qu’il fait résonner avec modernité.
Yenzah est aussi très actif sur les réseaux. Il publie clips, freestyles, extraits de sessions studio. Il incarne une Bretagne créative et connectée, qui ne s’excuse pas d’être différente. Son talent, encore en pleine éclosion, mérite d’être suivi de très près.
Instagram : @yenzah_musik
Naon : un flow sombre et ancré
Derrière le pseudo Naon se cache un univers musical dense, mélancolique et rugueux. Originaire du pays de Lorient, il mêle rap, trap et influences électroniques, avec une esthétique sombre, parfois expérimentale. Et, là encore, une part importante de ses textes est en breton.
Naon revendique un art brut, loin des clichés du rap bling-bling. Il parle de solitude, de colère, d’identité. Le breton qu’il utilise n’est pas décoratif : il porte un vécu, une révolte, une émotion. Il ne fait pas semblant.
Très actif sur Instagram et YouTube, Naon diffuse une image forte : clips léchés, visuels stylés, direction artistique cohérente. Il représente cette génération d’artistes qui fait du breton une langue de combat, mais aussi de beauté.
Instagram : @mezo_naon
Goby&Jab : la force du collectif
Goby&Jab, c’est un duo… mais c’est aussi un collectif en ébullition. Composé de Goby, Jab et souvent entouré d’amis comme Telo Troadec, ils incarnent une scène rap bretonne jeune, audacieuse et libre. Leurs morceaux, largement diffusés sur TikTok et Insta, mélangent punchlines efficaces, prods actuelles et passages en breton.
Leur force ? L’énergie. Que ce soit en freestyle ou en clip, Goby&Jab balancent leur flow avec intensité. Pas de langue de bois, pas de filtre. Le breton surgit au détour d’un couplet, d’un refrain, comme une évidence. Ils l’utilisent avec naturel, dans un cadre ultra contemporain.
Ils plaisent parce qu’ils sont authentiques, drôles parfois, durs souvent, toujours justes. Et parce qu’ils parlent à une jeunesse bretonne qui a envie de s’exprimer autrement. Goby&Jab montrent que le rap en breton peut aussi être fun, street et percutant.
Instagram : @goby_off – @telo_troadec
Une langue vivante, une scène en mouvement
Ces cinq artistes ne se contentent pas de rapper. Ils redonnent souffle au breton, en le sortant des circuits traditionnels. Ils prouvent que la langue peut s’adapter aux codes urbains, aux sonorités modernes, et parler aux jeunes d’aujourd’hui.
Leur présence sur les réseaux, leur qualité musicale, leur sincérité créent une nouvelle scène bretonne, plurielle, mouvante, passionnante. Une scène qui mérite d’être écoutée, soutenue, et diffusée largement.